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Appel à projets Réinventer Paris : la ville répond à ses détracteurs

Publié le 12 février 2016

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Début février, la mairie de Paris dévoilait les 22 projets d'architecture retenus dans le cadre de l'appel à projets Réinventer Paris. Les modalités de participation, souhaitées comme « innovantes » par la mairie, imposaient peu de contraintes, avec des cahiers des charges allégés voire inexistants. Une méthode que dénoncent aujourd'hui certains professionnels, la mairie leur répond.
Appel à projets Réinventer Paris : la ville répond à ses détracteurs - Batiweb

Ce type de processus, « inédit en 2016 », devait devenir « la norme » dans les années à venir, selon Jean-Louis Missika, adjoint à la Mairie en charge de l'urbanisme et de l'innovation. Mais depuis l'annonce des lauréats, des voix s'élèvent contre ce qui pourrait bien être une innovation mal venue, pour les professionnels de l'architecture et de la construction.

A commencer par la présidente du Conseil national de l'ordre des architectes, Catherine Jacquot.  D'ordinaire, dans le cadre d'un concours d'architecture, « les équipes finalistes sont payées à hauteur de 80% de la mission réalisée », rappelle-t-elle dans un entretien accordé à l'hebdomadaire Télérama.

Mais les 75 finalistes de "Réinventer Paris" ont produit « l'équivalent d'un avant-projet détaillé, sans aucune garantie de toucher quoi que ce soit ». Ceux qui n'ont pas été choisis « n'ont plus que leurs yeux pour pleurer ».

La ville aurait pu « imposer un cahier des charges qui crée des règles et prévoit au moins des défraiements », ou « indemniser elle-même tout ce travail, car elle fait quand même à l'arrivée une très bonne affaire, de l'ordre de 560 millions d'euros ! », souligne Catherine Jacquot.

Des équipes non payées

Or « la plupart des équipes, il faut le rappeler, n'ont pas été payées ! Des milliers de gens ont travaillé pour rien », s'émeut Catherine Jacquot. « Est-ce qu'on demanderait à des médecins, des avocats, des publicitaires de travailler ainsi gratuitement ? Au-delà de la désinvolture, j'y vois du cynisme pur et simple », accuse-t-elle.

Selon la présidente du Cnoa, la municipalité parisienne qui « mène depuis longtemps une vraie politique qualitative en matière architecturale et urbaine, donne l'impression soudaine d'oublier tous ses principes vertueux au profit d'une vaste opération de communication ».

La présidente du Cnoa redoute de voir d'autres grandes métropoles emboîter le pas à la capitale, alors qu'une nouvelle opération de ce type, "Réinventer la Seine", est déjà programmée, associant Paris, Rouen et Le Havre, pour réaménager les berges du fleuve. « Je le vois d'ici : des centaines d'équipes vont se précipiter dans l'arène et s'y épuiser », prédit-elle.

Des règles connues d'avance

Du côté de la Ville de Paris, on fait valoir que « les règles de Réinventer Paris, étaient connues de tous dès le départ et (qu')il est évident que les candidats se sont engagés en connaissance de cause ».

Dans ce nouveau format d'appel à projets qui a permis de « libérer les énergies », estime la municipalité, « les équipes se sont construites librement, les modalités de rémunération se sont organisées librement ».

« Les architectes ont eu la possibilité, dans le dialogue qu'ils ont eu avec les promoteurs, de définir avec eux les modalités de leur participation et de leur rémunération », a affirmé un porte-parole à l'AFP.

La Ville de Paris estime en outre avoir donné une « visibilité inédite » aux 358 projets qui ont concouru et sont exposés au pavillon de l'Arsenal jusqu'au 8 mai. Certains d'entre eux pourraient être réutilisés dans le cadre de "Réinventer la Seine" ou de la deuxième édition de "Réinventer Paris", en 2017, selon la municipalité. 

C.T (avec AFP)
© PCA – Philippe Chiambaretta Architecte

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