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Comment entreprendre la rénovation énergétique des bâtiments historiques sans les dénaturer ?

Publié le 12 février 2015

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Les bâtiments historiques sont eux aussi concernés par les objectifs de la loi sur la transition énergétique portant notamment sur l'amélioration de l'enveloppe thermique du bâti. Cependant, les mettre en conformité avec la réglementation, tout en conservant leur âme et leur esthétique, posent certaines questions, notamment sur le choix des solutions techniques, ainsi qu'en termes d'innovation. Explications.
Comment entreprendre la rénovation énergétique des bâtiments historiques sans les dénaturer ? - Batiweb

L'impact de la loi sur la transition énergétique sur le patrimoine architectural de France cristallise les craintes. En octobre dernier, l'Association pour la sauvegarde de la maison alsacienne s'inquiétait de l'obligation d'isoler les façades au détriment de l'esthétique des maisons à colombage, typiques de la région. En décembre, la commission de la culture du Sénat s'était à son tour emparée de la question, craignant que cette obligation nuise au cadre de vie des Français et à la préservation du patrimoine.

Véritable préoccupation à la fois pour les architectes et les instances de préservations du patrimoine, ce sujet a fait l'objet d'un débat ce jeudi à Paris à l'occasion d'une rencontre organisée par Green Soluce, avec Laurence Magnus, architecte des Bâtiments de France, et Denis Thélot, architecte en sécurité en Chef de la préfecture de Police de Paris.

« Aujourd'hui, nous devons prendre en compte plusieurs exigences dans la façon de faire évoluer un bâtiment, explique Nicolas Régnier, ingénieur et président-fondateur de Green Soluce, un cabinet de conseil et d'ingénierie spécialisé dans l'immobilier et le développement durable. Les exigences économiques, autant sur le secteur public que privé, des exigences sociétales portant sur la sécurité des personnes, la mobilité etc., et des exigences environnementales, correspondant à la réalité des changements climatiques. Ces exigences justifient les évolutions des différentes réglementations mais tout l'enjeu est de ne pas assimiler tous les bâtiments dans la même règlementation », précise-t-il.

Pour rappel, un bâtiment historique est un « monument ou un objet qui a reçu par arrêté préfectoral un statut juridique destiné à transmettre un savoir faire, du fait de son intérêt historique », définit Laurence Magnus, architecte des Bâtiments de France. Il peut être aussi un bâtiment non protégé, faisant l'objet d'un dossier de la Fondation du Patrimoine ou bien repéré dans le PLU Patrimoine, ou encore un bâtiment qui serait situé en abord d'un quartier protégé. Mais alors, est-il vraiment possible d'appliquer une même règlementation à des bâtiments parfois très différents les uns des autres ?

L'innovation, levier fondamental

« Le problème de ces réglementations, c'est qu'elles ne sont pas dans une obligation de résultats mais de moyen. On ne nous demande d'être intelligent sur le bâti mais d'appliquer à la lettre la réglementation », s'indigne Denis Thélot. « Nous sommes souvent bloqués dans notre envie de faire évoluer les choses car à chaque fois que nous utiliserons une solution innovante sur un bâtiment historique, il nous faudra formuler une demande de dérogation, sous peine de voir notre permis de construire bloqué par les juges ».

Pourtant, l'innovation serait un « levier fondamental » selon Nicolas Régnier. Mais, « pour agir efficacement, il faut savoir où sont les vraies déperditions : dans le défaut de l'enveloppe, le sol, la toiture et avoir une approche sur-mesure pour chaque bâtiment ».

« Il faut parvenir à quantifier véritablement la performance d'un bâtiment ancien et refuser l'utilisation systématique de l'isolation thermique par l'extérieur, car souvent les plus grandes déperditions de chaleur ne viennent pas de la façade mais des baies ou de la couverture », ajoute pour sa part Laurence Magnus, architecte des Bâtiments de France. 

« Notre rôle est avant tout d'assurer la transmission d'un savoir faire et du patrimoine pour les générations futures tout en les valorisant et en les faisant évoluer. Préserver la sécurité des hommes, c'est bien mais il faut aussi protéger nos biens », conclut Denis Thélot.

Claire Thibault
© Fotolia

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