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La Philharmonie de Paris, un bâtiment minéral à la pointe

Publié le 13 janvier 2015

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Le nouveau bâtiment de la Philharmonie de Paris, imaginé par l'architecte Jean Nouvel, ouvre ses portes au public ce mercredi 14 janvier. Ce projet au profil minéral et aux formes novatrices a été plusieurs fois retardé et fait toujours l'objet de débat. Retour sur les éléments architecturaux clés de ce programme imaginé pour offrir un nouveau modèle de création et de transmission musicale.
La Philharmonie de Paris, un bâtiment minéral à la pointe - Batiweb

« On a souvent entendu dire au sujet de la Philharmonie de Paris : avait-on besoin d’une salle de plus ? Aujourd’hui, enfin réunis dans le bâtiment conçu par Jean Nouvel, nous pouvons collectivement objecter : il ne s’agit pas d’une salle de plus. », écrit Laurent Bayle, président de la Philharmonie de Paris en préambule de la présentation du bâtiment qui ouvre ses portes au public ce mercredi 14 janvier après avoir accumulé des retards.

Intégré au parc de la Villette, le bâtiment minéral aux allures de butte offre des formes novatrices aux promeneurs avec son enveloppe générale mate, aux angles élégants. Conçu comme un équipement visant à « introduire un nouveau modèle de création et de transmission musicales », il combine plusieurs espaces.

Il accueille à la fois des fonctions éducatives orientées vers la pratique collective pour tous, des usages ludiques allant de la salle d’exposition à la brasserie et au restaurant et des besoins professionnels avec pas moins de cinq salles de répétition ouvertes également au public.

Une salle enveloppante et modulable

Mais il renferme surtout en son coeur une salle symphonique, la Grande Salle, qui se veut innovante par son design, ainsi qu'un orgue majestueux de 15 mètres de haut et 20 mètres de large, fabriqué par la manufacture Rieger et destiné tout particulièrement au répertoire symphonique. 

« Cette salle évocatrice des nappes immatérielles de musique et de lumière suspend des auditeurs-spectateurs dans l’espace sur de longs balcons qui offrent des sièges plus larges et plus profonds pour un confort exceptionnel », explique Jean Nouvel qui s'est associé à l'architecte Brigitte Métra et à l’agence Ducks, spécialisée dans la scénographie des salles de concert. « Cette suspension crée l’impression d’être entouré, immergé dans la musique et la lumière ».
 

 Grande salle © Beaucardet – Détails de la scène © D'Herouville

En effet, le spectateur le plus éloigné ne se trouve en effet qu’à 32 mètres du chef d’orchestre (contre 40 à 50 mètres dans la plupart des grandes salles symphoniques) et les gradins arrière et les fauteuils du parterre sont escamotables. Cette modularité permet notamment de faire passer la jauge de 2 400 à 3 650 places pour des concerts, notamment amplifiés, nécessitant des configurations spéciales ou pour s'adapter à différents types musicaux.

Enfin, les formes organiques de la salle, associées à la chaleur du bois, concourent à la mise en condition du spectateur. 

Une acoustique de premier plan

Afin d'assurer le meilleur confort visuel et acoustique possible, l'architecte Jean Nouvel s’est entouré de deux acousticiens de premier plan, le Néo-Zélandais Sir Harold Marshall et le Japonais Yasuhisa Toyota.

Le son se développe ainsi harmonieusement dans un vaste volume acoustique (30 500 m3) grâce à des matériaux choisis et traités afin de multiplier réflexions et renvois mais aussi grâce à un système de balcons en porte-à-faux et de nuages. L’enveloppe « cyclorama volumétrique » reçoit également des éclairages choisis en fonction du répertoire.

De temps à autre des fenêtres sur le parc et la banlieue peuvent être ouvertes. Le bâtiment offre ainsi des façades et des entrées multiples. Le promeneur est même invité à monter sur le toit de la Philharmonie situé à 37 mètres de haut pour profiter d'une vue panoramique où ville et banlieue se confondent.

Des critiques acerbes

Mais derrière cette apparence d'unité, le projet suscite toujours des réactions partagées et des critiques parfois acerbes après huit ans d'une gestation mouvementée, dépassant le budget de construction initial.« C'est fait pour que les gros machins subventionnés déjà très forts aient une chance de s'en sortir, et les petites structures les plus audacieuses et les plus courageuses risquent d'aller au casse-pipe », craint Laurent Petitgirard, directeur artistique de l'orchestre Colonne, interviewé par l'AFP.

L'orchestre, qui trouvait un écrin adapté avec les 1 900 places de la salle Pleyel, se retrouve sans solution de remplacement en janvier avec la fermeture de celle-ci, qui va être dédiée au « jazz, à la comédie, au chant et à la danse » sous la houlette du groupe Fimalac. Le cahier des charges stipule en effet que la salle ne donnera plus de concerts classiques, mais de la « musique populaire de qualité ».

« C'est la culture aux forceps : on dit au public d'aller à la Philharmonie et on lui interdit Pleyel », lance-t-il, convaincu « qu'une partie n'ira pas à la Philharmonie, tout simplement pour des questions d'accessibilité ». 

Une vision bien loin du symbole que voulait donner l'architecte Jean Nouvel, qui a finalement boudé la cérémonie d'inauguration. Il a conçu une vaste structure ulminant à 52 mètres qui surplombe le toit comme un appel, une main tendue vers la Seine-Saint-Denis, affirmant la vocation d’ouverture à de nouveaux publics de la Philharmonie.

La Philharmonie en chiffres

23 000 m2 de surface au sol
93 000 m2 de surface totale
340 000 oiseaux d’aluminium de 7 formes et 4 teintes différentes recouvrent le bâtiment
60 000 m3 de béton
5 000 tonnes d’armatures acier
4 500 tonnes de charpentes métalliques
Un groupement de 16 entreprises réunies par Bouygues Bâtiment Île-de-France

C.T
© Mignot

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