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Le plus grand stade du monde miné par... l’urine

Publié le 17 juin 2002

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En voulant restaurer le stade Macarana, le plus grand du monde, les architectes brésiliens ont découvert qu’il était aussi devenu le plus grand urinoir du monde. Miné dans ses fondations, il est aujourd’hui à vendre
Le plus grand stade du monde miné par... l’urine - Batiweb
Construit en 1950, à l’occasion de la Coupe du monde, le stade brésilien Maracana, le plus grand du monde (200 000 places) se destinait, à l’instar des théâtres antiques, à une vie millénaire. En 1947, alors que le monde sortait exsangue de la Seconde Guerre Mondiale, seul le Brésil était candidat à la Coupe du monde. Pour cet événement, la ville de Rio confia à 5 architectes brésiliens, Galvao, Paulo, Bastos, Azevedo et Antonio Dias Carneiro le soin de bâtir un stade ou "la victoire serait plus belle et la défaite plus terrible". Ceux-ci, forts d'une seule consigne, celle de loger dans le stade le plus de spectateurs possible, vont donner naissance à une structure de béton gigantesque dont la capacité n'a jamais été égalée à ce jour. Cette structure ovale de 317 mètres sur 279, culmine à 32 mètres de hauteur. Les places assises, réparties entre les tribunes hautes et basses sont distantes du centre du terrain de 126 mètres maximum. Personne n’en a jamais su le nombre exact. Ce dernier est cependant estimé à 180 000 places minimums, même si, en certaines occasions, plus de 200 000 spectateurs ont pris place dans l’enceinte. Ce fut le cas le 16 juillet 1950 (Brésil contre Uruguay). Ce jour-là, alors que les entrées payantes atteignaient 172 772, la foule renversa les grilles, et plus de 40 000 personnes entrèrent sans billet. Dans l’arène, les gradins sont séparés du terrain par une fosse de 3 mètres de large traversée de quatre tunnels. Pour protéger les spectateurs, les tribunes sont partiellement abritées par une couverture d'acier, d'aluminium et de verre. Une toiture qui certains jours rend la chaleur difficilement supportable. En fait, la seule prouesse technique des architectes fut le gigantisme de la structure. Sa construction à mobilisée pendant 3 ans 3500 ouvriers tandis que 40 000 camions de matériaux et 650 000 m3 de bois furent nécessaires. Le stade occupe à lui seul 86 000 m2 dans un complexe sportif de plus de 200 000 m2. Bien qu'inauguré le 16 juin 1950, il ne fut en fait réellement terminé que 15 ans plus tard. A cette époque, on ne reprocha pas aux architectes la médiocrité des installations intérieures comme la quasi-inexistence des sanitaires qui pourtant, 50 ans plus tard, allait coûter fort chère à la ville de Rio. Durant ces 50 ans, le stade Macarana fut en effet un lieu de culte, dont les bâtisseurs furent les premiers héros.

Un géant victime d’urémie
Mais la céleste arène a mal vécu l'outrage du temps et plus mal encore la fréquentation démesurée des spectateurs. À la fin des années 90, après l'apparition de vibrations suspectes et la mort de 3 personnes dans l'effondrement d'un grillage, les autorités décidèrent la remise aux normes internationales du stade, en prévision de son cinquantième anniversaire. Cette rénovation, envisagée au départ comme un simple lifting, devait cependant révéler une surprise de taille. Les soubassements de l’édifice, piliers, murets, embases et jusqu’aux rampes d’accès aux gradins étaient rongés. Le béton, dégradé à cœur, était prêt à entraîner dans son effondrement toute la structure. Un mal dont l’origine fut vite analysé. Depuis 50 ans, faute de sanitaires, les supporters brésiliens se soulageaient contre le bâtiment. Cette " manie " entraînait régulièrement le déversement de centaines de milliers de litres d’ammoniaque chaque semaine, sur des soubassements peu préparés à ce type de maintenance. Sous les yeux dubitatifs des techniciens, le plus grand stade du monde etait aussi devenu le plus grand urinoir du monde. Il fallut, pour sauver l’édifice, doubler l’investissement et reprendre en profondeur toutes les structures. Des travaux titanesques qui n’ont pas pour autant sauvé ce temple du sport. En effet, le stade Macarama, est aujourd’hui hors des normes actuelles. Dans une époque où les stades sont de petits ensembles confortables, couverts et sécurisants, propres à soigner une clientèle de téléspectateurs plutôt que d’amateurs, son concept dépassé ne lui permet même plus de répondre aux exigences des grandes rencontres internationales. La ville de Rio, après y avoir englouti en 2000 plus de 30 millions de dollars, ne sait plus quoi faire de ce géant fatigué, vieillissant et coûteux. Pour éviter d’en payer l’ultime démolition elle lui cherche aujourd’hui un acheteur…

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