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Le pont qui ne voulait pas mourir

Publié le 04 mars 2002

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Depuis sa construction au début de la guerre de 14, Français et Allemands n’ont pas cessé d’essayer, au cours des conflits successifs, de démolir le pont de Ludendorff.
Le pont qui ne voulait pas mourir - Batiweb
A l’origine, ce pont portait le nom de la ville où il fut construit : Remagen. Cette localité présente l’avantage géographique d’être un passage essentiel entre l’Allemagne et l’ouest de l’Europe et plus particulièrement la Belgique. En temps de paix, ce n’est jamais qu’un pont comme un autre. En temps de guerre, cela devient une position stratégique. L’édification de ce pont fut décidée par le général Ludendorff, alors commandant en chef des armées allemandes. Il devait faciliter le passage des troupes et du matériel vers l’ouest lors de la Première Guerre mondiale. Il n’eut guère le temps de servir, au moins militairement, puisqu’il ne fut achevé qu’en 1918. Véritable promoteur d’édifices militaires, le général Ludendorff confia la construction de ce pont métallique à l’agence Grün und Bilfinger qui, à défaut d’esthétique, dessina un pont qui devait se révéler d’une redoutable solidité. À l’allemande en somme. C’est un pont de chemin de fer à deux voies et portée centrale en arcs d’acier prolongée par deux travées en treillis. À chaque extrémité on trouve deux tours fortifiées avec des ouvertures pour les canons et un espace réservé aux hommes et au stockage d’approvisionnements divers. Un vrai pont de militaire. Il est long de 326 mètres et sur l’une des berges, il débouche sur un tunnel creusé dans une falaise de basalte haute de 183 mètres. Autant dire une situation idéale. En bon militaire, le général Ludendorff avait dès l’origine prévu sa destruction, juste au cas où il tomberait dans les mains ennemies. Mais la fin de la guerre le prit de vitesse.

Le pont désormais dénommé Ludendorff ne fut miné qu’en 1938… par les troupes belges, et sans succès ! Le système était pourtant réputé infaillible et l’allumage des détonateurs était régulièrement testé. Malgré les bombardements alliés en tout genre qui ne manquèrent pas d’intervenir en 1943-1944, ce pont était toujours debout en 1945. Il fut l’un des ouvrages les plus bombardés par tous les belligérants durant la guerre. Ce n’est que le 7 mars 1945, alors que les “ carottes étaient cuites ” pour l’Allemagne nazie que les Allemands décidèrent une fois pour toute de faire sauter le pont. L’ordre arriva, l’artificier appuya sur le détonateur et… rien ne se produisit ! Le pont était toujours debout. Un volontaire, pas forcément très volontaire, fut désigné pour allumer les charges manuellement. Ce qu’il fit. Les charges sautèrent, le tablier du pont se souleva de plusieurs mètres et… retomba intact au même endroit sur les piliers. Le volontaire fut jugé responsable et exécuté. La 9ème division américaine arriva sur ces entrefaites et s’empara du pont. Les officiers allemands responsables de sa perte furent à leur tour exécutés ! Dans le même temps, après quelques réparations d’usage, les troupes alliées passèrent en Allemagne car, comme nous le disions plus haut, ce pont était véritablement stratégique. Il demeurait l’un des rares points de passage sur le Rhin. Les Allemands n’ayant pas prévu initialement, semble-t-il, que l’invasion pouvait se faire dans l’autre sens. Mais les ils ne désarmèrent pas pour autant et dix jours plus tard, les charges explosives et les bombardements de la Luftwaffe eurent enfin raison de ce pont qui s’enfonça lentement dans le Rhin. Voué dès sa naissance à être détruit, le pont de Ludendorff ne fut jamais reconstruit. Ses vestiges encombrent encore aujourd’hui le fond du fleuve.

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