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Le vitrail contemporain s'expose à la Cité de l’architecture et du patrimoine

Publié le 20 juillet 2015

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La France possède le premier patrimoine de vitraux du monde. Cet art du vitrail dont nous avons tous apprécié la richesse est en fait mal connu. La presse en parle peu et le public l’associe à l’art religieux. Or la création contemporaine a bouleversé l’image traditionnelle de l’image pieuse sous l’impulsion d’artistes comme Soulages, Raynaud, Benzaken et bien d’autres… C’est pourquoi, jusqu’au 21 septembre, la Cité de l’architecture et du patrimoine nous invite à découvrir cet univers unique en proposant à Paris une exposition passionnante sur l’art du vitrail de 1945 à nos jours.
Le vitrail contemporain s'expose à la Cité de l’architecture et du patrimoine - Batiweb
Intransportables, les œuvres réalisées en vitrail ne profitent pas de grandes expositions. Elles restent dépendantes de leur environnement architectural. La Cité de l’architecture et du patrimoine a cependant réussi à créer un événement consacré à l’art du vitrail qui permet de montrer au visiteur des réalisations à hauteur des yeux. Plus de 50 œuvres – panneaux d’essais et répliques - sont présentées comme des tableaux. Mieux, elles sont accompagnées d’itinéraires de création : dessins, cartons à l’échelle 1… C’est un véritable voyage en sept étapes qui se déroule tout au long d’un fil chronologique où l’on retrouve de grands artistes associés à de grands maîtres verriers.

Parier sur le génie sans la foi

Tout commence quand la Seconde Guerre mondiale laisse un énorme patrimoine dévasté à reconstruire. Cet immense chantier bouleverse par son importance les traditions séculaires. Des artistes non chrétiens sont sollicités et les premiers vitraux non figuratifs apparaissent. Le père Couturier, un dominicain cofondateur de la revue « L’Art sacré » illustre bien par ses propos le renouveau de l’époque : « Il vaut mieux parier sur le génie sans la foi, dit-il, que sur un croyant sans talent. » L’art sacré du vitrail rejoint l’expression du profane. Le Corbusier travaille sur la chapelle de Ronchamp, Matisse sur celle de Vence. Nous sommes dans les années 50 et la modernité gagne aussi la technique. C’est l’âge d’or de la dalle de verre, ces pièces de verre moulées, épaisses, translucides et maintenues dans du ciment armé. Les artistes Bazaine et Léger donnent ses lettres de noblesse à cette technique née dans les années trente qui contribue, par la simplification des formes, à la diffusion de l’abstraction dans l’art sacré.


La Cité de l’architecture et du patrimoine nous fait ensuite revivre des moments charnières de l’histoire du vitrail. En 1955, la cathédrale de Metz est le premier édifice classé au titre des Monuments historiques à recevoir des vitraux d’avant-gardes – par Bissière, Villon et Chagall. A Nevers, il s’agit de remplacer les dégâts causés par les bombardements sur la cathédrale Saint-Cyr-et-Sainte-Julitte. Avec 1052 mètres carrés, c’est le plus grand chantier de vitraux contemporains d’Europe. Cinq artistes majeurs – Ubac, Alberola, Viallat, Rouan, Honegger – vont travailler sur ce chantier exceptionnel et vont poser les questions que soulève la relation entre l’art contemporain et le sacré.

De l’abstraction à la figuration revisitée

L’exposition nous invite enfin à entrer dans l’univers de nouvelles générations d’artistes qui proposent un langage esthétique inconnu jusqu’alors dans l’art de la lumière, de la couleur et du verre. De vastes champs d’expérimentation font naître des œuvres inattendues et ouvertes au monde tel qu’il est souvent exprimé pour les amateurs de peinture. L’artiste et le peintre verrier osent le vitrail monochrome, les jeux de matières, la lumière insolite, la figuration revisitée... Aurélie Nemours et les ateliers Duchemin travaillent des verres d’une seule teinte pour le prieuré de Salagon dans les Alpes-de-Haute-Provence. Après plusieurs centaines d’essais, Pierre Soulages et Jean-Dominique Fleury mettent au point ce verre si particulier - à la lumière changeante - dans l’architecture silencieuse de l’église abbatiale de Conques. Carole Benzaken retravaille pour le vitrail le motif de la tulipe que ses peintures lui ont inspiré.

Alors, quel avenir pour le vitrail ? L’architecture sacrée ne serait-elle plus un domaine exclusif ? C’est ce que montre une petite partie de l’exposition qui est consacrée à l’actualité du vitrail de nos jours. Avec la raréfaction de la commande, les artistes de la lumière et du verre s’expriment désormais dans les monuments publics et les édifices privés. Le visiteur découvre par exemple des témoignages qu’il n’attendrait pas dans l’architecture d’un parking municipal, d’un gymnase ou d’un immeuble d’habitations à loyers modérés. Et les commissaires de l’exposition, Véronique David et Laurence de Finance, de conclure : « Les ressources et les combinaisons offertes sont infinies et cet art monumental n’a pas dit son dernier mot. »


T.C.


Informations pratiques :


« Chagall, Soulages, Benzaken…Le vitrail contemporain », exposition jusqu’au 21 septembre 2015. Cité de l’architecture et du patrimoine, 1 place du Trocadéro, Paris 16e. Ouvert tous les jours, sauf le mardi, de 11h00 à 19h00 (le jeudi jusqu’à 21h00). Plein tarif : 5€ - TR : 3€

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