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Pleumeur-Bodou le symbole de la France hight tech des années 60

Publié le 17 juin 2002

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Le monde de la communication européenne est né en France le 10 juillet 1962. Les Européens ont ce jour-là découvert que sortait d’une immense bulle blanche une performance que nombreux croyaient impossible
Pleumeur-Bodou le symbole de la France hight tech des années 60 - Batiweb
Il fut construit dans une certaine indifférence voire, pour les habitants du voisinage, sous une certaine moquerie. Les Bretons de Pleumeur-Bodou, dubitatifs, ne voyaient pas à quoi, cette gigantesque boulle blanche, architecture sortie tout droit de l’esprit dérangé d’un de ces savants parisiens, pouvait servir. En 1962, au milieu des landes et des ajoncs jaunes des Côtes d’Armor, sous l’œil méfiant des vaches Pie-noire, la France préparait une nouvelle révolution, celle de la communication. Ce n’est en fait que le 10 juillet 1962, que le pays fit la découverte, sur les écrans de télévision, du radôme de Pleumeur-Bodou. Ce jour-là, pour la première fois, Le vieux continent recevait en direct, via l’un des premiers satellites, des images des USA. De l’autre coté de l’Atlantique, les Américains découvraient, tout aussi simultanément, la célèbre silhouette d'Yves Montant en train de chanter sur la scène d’un cabaret parisien. Ce premier échange intercontinental d’image devait ouvrir la voie d’une nouvelle ère. Celle d’un monde rythmé par une communication instantanée et permanente entre tous les points de la terre. En 1962, l’exploit technique était considérable. Pour le réaliser, les ingénieurs et les architectes avaient fait cause commune en Bretagne. Le radôme devait être le symbole d’une France leader de l’innovation. Un point d’orgue aux trente glorieuses françaises qui avaient hissé le pays dans le club fermé des nations avancées. Au coté de la révolution des images, la construction du radôme aussi était un exploit exemplaire. Le tissu synthétique de 1.5 mm d’épaisseur, qui habillait le dôme ne pesait pas moins de 80 tonnes. Son volume, une fois gonflé, pouvait contenir plus d’une fois l’arc de triomphe. Pour donner à la structure sa rondeur, une soufflerie électrique surdimensionnée assurait une alimentation permanente en corrigeant la pression du vent sur l’édifice. Sous l’immense ballon étaient déployés les 50 mètres de l’antenne Cornette. Celle-ci avait été réalisée exclusivement en alliage d’aluminium et en magnésium. Le tout pour un poids record de 340 tonnes. Cornette était alors la plus grosse et la plus puissante antenne du monde. Elle tournait sur un rail circulaire horizontal et suivait ainsi, durant une heure et demie par jour, au millimètre près et selon un axe oblique, la trajectoire du satellite Telstar. Le râdome eut rapidement quelques frères en Europe, dotés, à quelques détails près, de la même architecture. Ils furent 5 au total. Leur technologie assura durant 20 ans la transmission des actualités en image de toute la planète. Ils furent abandonnés et détruits dans les années 80, au profit des satellites géostationnaires. Aujourd’hui, le râdome de Pleumeur-Bodou est le dernier survivant de ces pionniers de la communication. Symbole majeur du génie novateur de la France, il est pieusement conservé par les Monuments historiques et constitue la pièce maîtresse du musée des télécommunications ouvert sur le site.

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