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La filière Méry ... Pour le procès des HLM de Paris

Publié le 26 janvier 2006

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"Mégalomaniaque indéniable", racketteur d'entreprises "notoire": le fantôme de Jean-Claude Méry a surgi dès le début du procès des HLM de Paris où le "consultant", mort en 1999, est présenté comme la cheville ouvrière de cette affaire de pots-de-vin qui auraient servi à financer le RPR.
"C'est un dossier où l'on risque de vouloir faire parler les morts", avait prévenu le président de la 11e chambre du tribunal correctionnel de Paris, Olivier Leurent, alors que de nombreux personnages-clefs de cette affaire vieille d'une quinzaine d'années sont décédés.

Parmi eux, Jean-Claude Méry est, selon les enquêteurs, l'homme qui a facturé des commissions bidon à 25 entreprises contre son aide pour décrocher des marchés auprès de l'Office des HLM de Paris (OPAC), détournant 38 millions de francs.

Durant ses 17 interrogatoires, Méry s'est défendu de tout trafic illégal, et s'il a avoué le contraire dans une cassette vidéo posthume, le tribunal ne peut en tenir compte en raison d'un vice de forme. De l'homme lui-même, on dira peu de chose à l'audience. Ses projets "pharaoniques" comme la construction d'un port dans le sud-ouest, son compte en Suisse, ses tableaux ou la location d'avions en feront pour le président un personnage "à la mégalomanie indéniable et au train de vie non négigeable".

Mais pour les dirigeants d'entreprise qui se succèdent à la barre, nettoyeur, chauffagiste, constructeur etc, c'était l'homme incontournable pour accéder aux juteux marchés de l'OPAC. "Même au niveau des personnels de chantier, on connaissait son existence", dit l'un d'entre eux. "Il fallait passer par lui", renchérit un autre.

Tous racontent avoir signé avec Méry des "conventions" vagues, le chargeant d'une "mission de prospection et d'assistance commerciale" et de prendre "tout contact utile". En échange, ils lui reversaient 3 à 5% des marchés décrochés auprès de l'OPAC. Ensuite, tous les trois mois, la facture Méry tombait.

Interrogés sur cette approche peu éthique, ils se récrient : "le code des marchés publics en 90, on n'y était pas très sensibilisé", dit l'un. "La notion d'abus de biens sociaux, c'est apparu vers 87-88. Avant on n'en entendait pas parler", explique un autre. Quant à l'influence précise que Méry déployait à l'OPAC. "Il m'a simplement dit qu'il allait faire le nécessaire", répond l'un. Un autre "ne cherchait pas à comprendre". Le tribunal a beaucoup plus de mal à établir si Méry reversait bien des fonds au RPR.

Philippe Tasimovicz, de la société Aner, explique que l'idée lui est "venue" quand Méry lui a demandé de faire des dons au Centre d'art contemporain de Meymac, dont le maire RPR n'était autre que le directeur général de l'OPAC, Georges Perol. "J'ai pensé Corrèze, RPR...", lâche-t-il en faisant allusion au fief chiraquien.

Henri Antona, ex-Pdg de Tecni, ancienne filiale de la Générale des Eaux, admet avoir rencontré Méry à un comité central du RPR. C'est d'ailleurs en raison de ce "compagnonnage" qu'il dit avoir accepté de faire payer la secrétaire personnelle de Méry par sa société. Mais, explique-t-il, c'est parce qu'il croyait qu'elle allait travailler pour le RPR.

Dans sa cassette, Méry assure que Charles Pasqua a fait pression pour que Tecni travaille avec l'OPAC : "du pipeau...un galimatia posthume qui cherche à régler des comptes avec les Corses et Pasqua", dit Henri Antona.

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