ConnexionS'abonner
Fermer

Les biosourcés, des matériaux encore confrontés aux clichés

Publié le 06 mai 2022

Partager : 

Le grand dossier des Rendez-vous du Mondial du Bâtiment portait ce vendredi 6 mai sur les matériaux biosourcés et géosourcés. Des filières locales qui devraient être boostées par l’entrée en vigueur de la Réglementation Environnementale (RE2020), mais qui pâtissent encore de nombreux clichés.
Les biosourcés, des matériaux encore confrontés aux clichés - Batiweb

RE2020 : vers une accélération des matériaux biosourcés et géosourcés

 

Les filières des matériaux biosourcés et géosourcés devraient profiter de l’impulsion liée à l’entrée en vigueur de la Réglementation Environnementale (RE2020).

« La RE2020 ouvre une porte pour ces matériaux. C’est comme une révolution sur plein de sujets, ne serait-ce que sur l’aspect stockage du carbone. Aujourd’hui je pense qu’on a compris que c’était important de stocker du carbone le plus longtemps possible », estime Bernard Boyeux, directeur de Bio Build Concept, prenant l’exemple de la charpente en bois de Notre-Dame de Paris, qui, avant de brûler, stockait du carbone depuis 8 siècles.

Bernard Boyeux rappelle également la définition des biosourcés : des matériaux issus de végétaux, qui poussent grâce à l’énergie solaire et à la captation du CO2 avec la photosynthèse, mais aussi la différence avec les matériaux géosourcés (terre, argile, pierre...), qui ne sont quant à eux pas renouvelables à l’infini.

 

Les biosourcés se heurtent à l’imaginaire collectif

 

Pour Benoît Rougelot, architecte et co-président du Réseau Français Construction Paille (RFCP), et Marion Rabier, ingénieure au sein du bureau d’études AKTIV, les biosourcés pâtissent encore trop souvent de l’imaginaire collectif, notamment autour du conte des Trois petits cochons, et de la maison en paille et en bois, face à la maison en brique - la plus résistante - ou encore de l’association entre l’habitat en terre et paille à la campagne profonde.

Pour Julien Pemezec, président du directoire de Woodeum, il s’agit surtout désormais de convaincre les assureurs.

 

Une production française

 

Rappelons également que ces biosourcés sont produits localement partout en France, et permettent d’éviter de dépendre d’autres matériaux importés, qui font en ce moment face à des pénuries et hausses de prix importantes.

Marion Rabier précise en effet que le chanvre peut se cultiver partout en France sans engrais, et que la filière se développe même en Île-de-France, où une chanvrière s’est ouverte en Seine-et-Marne (77) et où une seconde devrait s’ouvrir dans l’Essonne (91).

S’inspirant de la philosophie des « loca-vores », l’ingénieure propose de « loca-construire » : « On peut essayer de choisir des matériaux qui sont produits à proximité, ou en tout cas le moins loin possible », estime-t-elle.

Benoît Rougelot souligne par ailleurs que la filière paille offre un complément de revenus intéressant pour les agriculteurs. En tout, 26 millions de tonnes de paille sont produites et repoussent chaque année, soit l’équivalent de 300 kg par Français. Or, le co-président du RFCP précise qu’en prélevant seulement 10 % de cette production, 500 000 logements pourraient être isolés tous les ans.

Seul regret pour Bernard Boyeux : le manque d’anticipation concernant la montée en puissance de ces filières biosourcées et géosourcées, parfois confrontées à un manque d’offre face à la demande. 

 

Claire Lemonnier
Photo de une : Adobe Stock

Sur le même sujet

bloqueur de pub détecté sur votre navigateur

Les articles et les contenus de Batiweb sont rédigés par des journalistes et rédacteurs spécialisés. La publicité est une source de revenus essentielle pour nous permettre de vous proposer du contenu de qualité et accessible gratuitement. Merci pour votre compréhension.