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Amélioration du climat intérieur des logements : un marché au potentiel inexploité

Publié le 25 mars 2015

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D'après une étude du groupe Velux, la qualité de l'air intérieur et la luminosité dans les logements font partie des principales préoccupations des Européens en termes de santé. Or, ces critères sont encore peu pris en compte lors de la conception ou de la rénovation de logements. Le potentiel de ce marché serait pourtant « équivalent » à celui de la rénovation énergétique. Explications.
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La qualité du climat intérieur (aération, luminosité) de nos habitations serait-elle en passe de devenir un nouveau marché d'importance pour l'industrie du bâtiment ? Dans tous les cas, les acteurs de la construction réunis sous l'égide du groupe Velux mardi dernier à Bruxelles pour la Conférence pour des bâtiments sains, y croient.

En effet, « lorsqu'il s'agit d'améliorer l'hygiène de vie à l'intérieur des logements », le marché potentiel est « équivalent » à celui de la rénovation énergétique, porté depuis plusieurs années par des politiques européennes incitatives, révèle le groupe dans son Healthy Homes Barometer (Baromètre habitation et santé), une étude menée dans douze pays européens*.

Si la problématique du logement sain apparaît comme une préoccupation récente chez les acteurs de la construction, les Européens semblent déjà conscients des bénéfices d'un logement bien aéré et lumineux sur leur santé.

Sur les neuf critères proposés par l'étude de Velux, les sondés affirment miser davantage sur ces deux facteurs dans leur lieu de vie, pour leur santé, que sur une alimentation riche en fruits et légumes. L'air frais et la lumière naturelle serait même jugés « plus importants pour la santé que faire du sport ou éviter de fumer ». Au total, six européens sur dix craignent de respirer un air de mauvaise qualité à l'intérieur de leur logement.

Paradoxalement, cette prise de conscience de l'importance d'habiter un logement sain ne se traduit pas par des actions concrètes de la part des particuliers. En hiver, près du quart des Européens néglige d'aérer son logement. En France, cette proportion est de 19 %. Il reste donc encore un gros travail de pédagogie à entreprendre...

80 millions d'Européens vivent dans un habitat insalubre

Ainsi, 80 millions d'Européens vivent au quotidien dans des bâtiments humides, voire insalubres alors même qu'ils y passent près de 90 % de leur temps. Et les législations en la matière sont peu développées en Europe : le Royaume-Uni apparaissant comme le mauvais élève, à la différence de la République Tchèque.

« Le nombre de bâtiments insalubres (…) démontre qu'il est vraiment nécessaire d'accélérer l'effort de rénovation du parc immobilier existant. Ces informations sont d'autant plus importantes lorsqu'on sait que les capacités d'apprentissage d'un enfant peuvent augmenter de 15 % si le climat intérieur est amélioré. Quand à notre productivité au travail et à nos capacités intellectuelles au travail, elles suivent la même courbe », affirme Ulrich Bang, Directeur des affaires publiques et de la durabilité au sein du groupe Velux.

Si le résultat de cette étude en a surpris plus d'un, elle ouvre également de nombreuses perspectives pour les industriels du bâtiment, qui peuvent dès lors proposer des formules innovantes pour répondre à cette nouvelle demande.

Les solutions techniques existent déjà

« L'erreur serait de reconstruire comme avant, sans tenir compte des évolutions de nos modes de vie, explique Michel Langrand, président de Velux France. D'autant que « nous pouvons construire les habitations de demain avec les solutions techniques d'aujourd'hui », assure-t-il.

En 2009, le groupe lance l'expérience « Model Home 2020 » dans cinq pays européens, dont la France. Six maisons sont alors construites sur les principes de la « maison active », c'est-à-dire en fonction des normes énergétiques de l'UE telles qu'elles sont attendues pour 2020, et intégrant les paramètres de confort, d'énergie et d'environnement. Des familles sont également installées dans ces maisons expérimentales afin de mesurer leur satisfaction et d'apporter les témoignages de leur expérience.

Cinq ans plus tard, le bilan est positif à la fois pour les familles qui ont véritablement apprécié d'habiter dans ces logements, que pour les scientifiques et les concepteurs qui ont beaucoup appris de cette expérience. Les maisons ont en effet globalement apporter un bien-être et un confort non négligeable aux habitants et ont produit plus d'énergie qu'elles n'en ont consommé. « Nous avons prouvé que réconcilier climat intérieur et efficacité énergétique était possible », résume Michel Langrand, président de Velux France.

« La législation sur la rénovation ou la construction de bâtiment doit inclure des normes d'efficacité énergétique, mais jamais au détriment de la santé et du bien-être de ceux qui l'habitent, conclut Michael K. Rasmussen, directeur marketing du groupe Velux. Un climat intérieur sain, obtenu grâce à l'abondance d'air frais et de lumière naturelle, devrait toujours aller de pair avec une faible consommation énergétique ».

Une prochaine expérimentation sera menée sur des logements sociaux en Belgique. L'objectif est de prouver que le concept de « maison active » est reproductible en rénovation, à un prix raisonnable. De belles perspectives s'ouvrent aux acteurs de la construction...

* En octobre 2014, un questionnaire a été soumis à 12 000 personnes résidant dans les pays suivants : Allemagne, Autriche, Belgique, Danemark, France, Hongrie, Italie, Norvège, Pays-Bas, Pologne, République tchèque et Royaume-Uni.

Claire Thibault

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