Comment diviser par quatre d'ici à 2050 les émissions de gaz à effet de serre émises par les bâtiments ?
Rappelons qu'en France, selon l'Agence pour l'environnement et la maîtrise de l'énergie (Ademe), le bâtiment, qui consomme 43% de l'énergie disponible, est à l'origine d'au moins 21% des émissions de CO2 nationales. Dans ce secteur, d'une consommation moyenne de 400 kWh/m²/an, il faudrait parvenir d'ici à 2050 à une consommation de 100 kWh/m²/an. Par rapport à ses voisins d'Europe du Nord, à l'Allemagne ou à la Suisse, l'Hexagone commence tout juste à se saisir du problème.
Formation des professionnels du bâtiment
Pourquoi ce retard ? L'un des freins majeurs tient à la structure même du secteur qui compte un très grand nombre d'acteurs. « En France, l'habitat écolo ne fait pas encore parti du patrimoine culturel et les lobbies du BTP n'y ont aucun intérêt », explique ainsi un professionnel du bâtiment. « En France, seules 4% des maisons sont construites en bois alors qu'en Europe du Nord et outre-Atlantique, c'est la majorité de l'habitat individuel ». Le bois, la pierre, la terre, mais aussi la paille et le chanvre sont des matériaux encore peu considérés par les constructeurs français. L'intégration des énergies renouvelables, comme le photovoltaïque, reste encore marginale.
Coûts de construction ou de rénovation en hausse, complexification du process de fabrication : dans un secteur où l'on privilégie souvent le coût le plus bas, les entreprises n'y voient pas leur intérêt. D'autant plus qu'il n'existe pas encore en France de réelle norme d'éco-construction dont puissent se prévaloir les entreprises. Concept apparu dans les années 90, la démarche HQE (Haute Qualité Environnementale) reste une démarche volontaire de certification proposée aux maîtres d'ouvrage et aux maîtres d'oeuvre. D'où la nécessité de mieux former les professionnels de la construction et de sensibiliser les donneurs d'ordre.
En prévision du Grenelle de l'environnement, plusieurs propositions ont d'ores et déjà été avancées. Parmi elles : mettre en place un plan massif de formation des professionnels et labelliser les démarches de construction durable. Mais l'action principale à mener concerne l'isolation des 30 millions de logements existants et plus particulièrement ceux du parc privé qui représente à lui seul 84% du parc total. Le niveau d'efficacité énergétique à atteindre divise et la question du financement s'avère difficile à mettre en place. Selon l'Ademe, la rénovation énergétique des bâtiments existants, à raison de 400 000 logements par an, représenterait pourtant une création de 100 000 emplois en France.