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Une rénovation 100 % Bepos au coeur de Nantes

Publié le 07 juillet 2014

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A l'heure de la transition énergétique et face à la montée en puissance des exigences de la réglementation thermique, certains architectes se tournent vers la construction de Bepos, des bâtiments à énergie positive. Si dans la construction neuve le référentiel est déjà défini, il est plus difficile à mettre en place dans le cas d'une rénovation. C'est le défi auquel ont répondu les architectes de l'immeuble de bureaux MC2 à Nantes. Visite.
Une rénovation 100 % Bepos au coeur de Nantes - Batiweb

« Consommer le moins possible est la véritable prouesse dans ce bâtiment (…) Moins on consomme, moins on a besoin de produire ; et plus on auto-consomme, plus on est citoyen », a déclaré André Pouget, dirigeant du bureaux d'études de Pouget Consultants, maître d'ouvrage du projet de restructuration de cet ancien café-billard au coeur de l'Île de Nantes.

L'idée du Bepos, bâtiment à énergie positive germe très vite dans l'esprit du maître d'ouvrage et des architectes en charge de sa réalisation. « Détruire le bâtiment aurait été plus simple, mais il s'agit d'un jouet idéal pour nous permettre d'exprimer nos métiers », a justifié Rodrigue Goulard, architecte et co-fondateur de l'agence Magnum Architectes Urbaniste.

Résultat, cet édifice R+2 de 800 m2 est totalement atypique, à la fois dans son architecture et sa conception. Inscrit au Petit Patrimoine industriel nantais, le bâtiment devait être préservé, notamment sa façade en béton. « En Bepos, il faut d'abord travailler sur le bâti, bien l'isoler. Comme nous ne pouvions pas isoler par l'extérieur, nous avons traité le bâtiment depuis l'intérieur, telle une boîte dans la boîte », explique André Pouget, pour qui il était impensable de faire des concessions sur les déperditions et l'isolation.

Une isolation deux fois supérieure à la RT 2012

Pouget Consultants préconise l'utilisation de panneaux isolants sous vide (PIV), un produit déjà connu et utilisé par le bureau d'études sur d'autres chantiers depuis 2007. Il choisit alors Siniat qui vient de développer un nouveau produit, le SlimVac, et qui envisage désormais de monter une filière de plaquiste dédiée à ce produit.

Sur le papier, le SlimVac conjugue performance thermique (R = 5,71 m2/K/W) et gain de surface (40 mm d'épaisseur). Il permettrait une isolation deux fois supérieure à la RT 2012, et de diviser par 4 le niveau de consommation globale requis par la règlementation thermique des bâtiments existants. 68 m2 ont été prescrits au sol, sur un mur périphérique au premier étage, dans les embrasures d'une dizaine de fenêtres conservées en tunnel et en manchonnage des parois intérieures.
 

Des panneaux isolants sous vide ont été posés sur les murs et au plafond © Siniat/ © CT-Batiweb.com

Sur la partie plancher, au niveau du porche, il a été complété en sous face par une sous couche acoustique mince et du polystyrène pour parfaire le calepinage. Un calepinage réalisé systématiquement en amont, sur mesure, afin de réduire les déchets de chutes sur chantier.

Après la phase de gros oeuvre, une membrane (R'Filter) a été projetée mécaniquement par pulvérisation sur les murs périphériques afin de réduire les fuites d'air parasites des parties courantes maçonnées et d'optimiser l'étanchéité de l'enveloppe. Une attention particulière a enfin été portée sur la qualité de l'air intérieur avec la mise en oeuvre de plaques de plâtre (Pregynroc Air) qui absorbent et neutralisent jusqu'à 80 % de formaldéhydes.

Coût : 1400 euros/m2 de surface utile

Au final, le bâtiment ne consommerait que 33 kwH/m2. « Les usages thermiques deviennent secondaires car nous avons optimisé d'autres paramètres comme l'éclairage naturel. Nous avons également anticipé la réglementation thermique, acoustique, sismique et la qualité de l'air intérieur », précise Rodrigue Goulard. Un système de radier a notamment été mis en place pour stabiliser l'ensemble, une structure autoportante qui doit pouvoir vibrer de manière indépendante en cas de séisme.
 

Une membrane a été projetée mécaniquement par pulvérisation afin de réduire les fuites d'air © Siniat/ Les plaques Pregyroc Air participent à la bonne qualité de l'air intérieur © CT-Batiweb.com

« En termes de coûts, le bâtiment affiche 1400 euros/m2 de surface utile, ce qui est élevé pour du tertiaire. Nous avons 300 euros/m2 de surcharge financière que nous espérons retrouver dans l'exploitation du bâtiment », explique Rodrigue Goulard.

Des folies architecturales qui dialoguent

Rebaptisé MC2 en référence à la seconde vie du bâtiment Monte Cristo construit en 1952, le nouveau bâtiment est aussi un clin d'oeil au précepte d'Einstein E = MC2, le rapport à l'énergie. D'autre part, son parti pris architectural réside résolument dans l'amélioration et la conservation d'un bâtiment existant. 

« Toutes les pièces nobles, visibles, ont été conservées alors que les éléments secondaires comme les locaux techniques ont été placés à l'intérieur. Les deux surélévations posées au dessus du bâtiment ouvrent un dialogue avec la place et permettent de laisser entrer le soleil 
», détaille Rodrigue Goulard. L'une en bois accueillera les salles de réunion de Pouget Consultants, l'autre en béton abritera une tisanerie, un espace commun dédié à la détente.

A terme, les toits des extensions seront équipés de panneaux photovoltaïques, qui produiront l'énergie pour compenser la consommation du bâtiment, et l'énergie pour les véhicules électriques qui seront mis à disposition des salariés. Dès 2015, le projet sera également raccordé au réseau de chaleur de la ville qui fonctionne sur incinération des ordures ménagères et biomasse, lui permettant de réaliser plus de 80 % d'énergies renouvelables.
  

A terme, des panneaux photovoltaïques seront posés sur le toit des extensions © CT-Batiweb.com

Ce projet avait également été présenté dans le cadre du colloque national  « Vers 100 % BEPOS 2020 : réussir la généralisation du bâtiment à énergie positive », le 1er juillet dernier. « C'est une aventure qu'on ne regrette pas », avait alors souligné André Pouget. « C'est un projet pilote pour savoir comment définir à l'avenir le référentiel Bepos dans du non-résidentiel, du tertaire et de la rénovation ». Le bâtiment test de Nantes devrait, lui, être complètement finalisé fin juillet mais il accueille déjà les employés du bureau d'études Pouget Consultants.

Claire Thibault


© CT-Batiweb.com


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