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SIMI : présentation officielle du label BBCA rénovation

Publié le 06 décembre 2017

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L’Association BBCA a choisi le Salon de l’Immobilier d'entreprise (SIMI) pour présenter officiellement son label pour la rénovation des bâtiments. Le nouveau référentiel, qui doit être lancé au premier semestre 2018, vise à encourager les démarches bas carbone et à mettre en lumière les bonnes pratiques. L’enjeu, réduire les émissions de CO2 tout au long du cycle de vie des bâtiments. Il fait également la part belle au réemploi des matériaux.
SIMI : présentation officielle du label BBCA rénovation - Batiweb
Après s’être intéressés à l’empreinte carbone des bâtiments neufs, l’association BBCA et ses partenaires se sont lancés dans l’élaboration d’un nouveau référentiel pour la rénovation des bâtiments existants. Il faut dire que le secteur du logement représente à lui seul 27% de l’empreinte carbone de la France et que le parc ne se renouvelle que d’1% par an. « L’enjeu est donc de traiter le parc existant », souligne Stanislas Pottier, président de l’association BBCA.

Pour élaborer ce nouveau référentiel, BBCA s’est entouré de trois bureaux techniques à savoir Sintéo, Pouget Consultants et Artelia, ainsi que de son partenaire de longue date Bouygues Bâtiment Ile-de-France.

« Nous avons travaillé toute l’année sur une démarche qui anticipe la RBR 2020 et la future taxe carbone », précise Thierry Auriault, Directeur Général de Bouygues Bâtiment Ile-de-France. « L’enjeu est de raisonner sur l’ensemble du cycle de vie d’un bâtiment et d’introduire cette notion de carbone ».

Le cycle de vie du bâtiment est très largement évoqué dans le référentiel. Aujourd’hui « on ne tient pas toujours compte du fait que la ville se construit sur elle-même. On considère qu’au bout de 50 ans, tous les bâtiments sont détruits, alors même que des produits, notamment biosourcés, ont un cycle de vie plus important », souligne Hélène Génin, déléguée générale – BBCA. La notion de « fin de vie du bâtiment » a ainsi été revue pour intégrer pleinement la notion de déconstruction et de réemploi des matériaux.

Diviser par deux les émissions de CO2

L’objectif premier de ce nouveau référentiel reste bien sûr de proposer une méthodologie d’évaluation du carbone pour les bâtiments existants. Il s’agit aussi « d’encourager les démarches bas carbone, de diviser par deux les émissions de CO2 et de mettre en lumière, grâce aux opérations pilotes, les pratiques exemplaires », explique Mathieu Tamaillon, directeur général de Sintéo.

L’étude de 40 bâtiments a en effet permis de dresser des constats et d’identifier les bonnes pratiques. Il a été démontré qu’aujourd'hui, 1m2 de bâtiment construit émet 1,5 tonne de CO2, un chiffre qui s’élève à 3 tonnes en ce qui concerne le parc des années 60. Le nouveau référentiel vise à baisser de 500 kilos ces émissions pour arriver à une tonne.

Trois types de rénovation définis

La commission technique BBCA a identifié trois types de rénovation. « La rénovation lourde avec curage complet du second œuvre et avec le maintien, si possible, d’une part importante des infrastructures et des superstructures, et le changement des systèmes énergétiques » ; La rénovation thermique qui consiste en la rénovation des équipements et des matériaux de l’enveloppe « concourant à la performance énergétique du bâtiment » ; Et enfin la rénovation légère qui concerne énormément de projets et où sont rénovés un ou deux lots (techniques et architecturaux).

A son lancement, le label BBCA Rénovation ne concernera que les opérations de rénovation lourde et thermique. « La méthodologie sera tout à fait applicable aux opérations de rénovation légère mais compte tenu des coûts d’étude que ce genre d’opération peut susciter, il semblait difficile de proposer un label », précise M. Tamaillon.

Les immeubles de bureaux et les immeubles résidentiels collectifs pourront faire des demandes de labellisation. Sont concernées les opérations faisant l’objet de travaux de rénovation et qui entrent dans le champ de la réglementation existante avec un périmètre qui est le bâtiment et sa parcelle. « L’unité de retenu est le kilogramme d’équivalent CO2 par m2 de surface plancher sur une durée de vie théorique de 50 ans, qui est la durée de vie sur laquelle nous menons des ACV », poursuit Mathieu Tamaillon.

Les quatre indicateurs restent les mêmes que celles du BBCA pour les bâtiments neufs avec « des outils qui ont fait leurs preuves » : une construction raisonnée qui s’appuie sur une analyse du cycle de vie adapté à la rénovation, une exploitation maîtrisée qui utilise la RT existante, un stockage du carbone et un réemploi des matériaux (économie circulaire).

Des énergies plus vertes

Ce nouveau référentiel n’est pas « un label en plus dans tout un panel de labels », précise André Pouget. C’est plutôt une simplification de ce qui est déjà disponible. « Il faut tout faire pour s’attaquer au parc existant », dit-il. Il estime que l’adoption du référentiel sur le terrain devrait aller vite : « cette démarche s’applique, se base, s’appuie sur les résultats de l’étude de la réglementation thermique existante ».

« Quand on est sobre en énergie, on réduit les émissions de CO2, c’est corrélé », rappelle-t-il. Il estime que pour réussir le défi de la transition énergétique, il faut mettre en œuvre des solutions techniques innovantes « comme la PAC avec appoint gaz, des solutions hybrides, des réseaux de chaleur urbain » ou encore « des combustibles biosourcés ». Il est également nécessaire d’avoir de plus en plus recours aux énergies renouvelables sur site et à celles contenues dans les flux entrants.

Valoriser les matériaux existants

Concernant la construction raisonnée, trois axes définissent la démarche bas carbone : maximiser la conservation des matériaux existants, favoriser l’économie circulaire sur les matériaux déposés et privilégier le bas carbone pour les matériaux ajoutés. Pour éviter les approximations, réduire les coûts d’études et « minimiser la rénovation trop rapide des actifs », la commission technique BBCA a décidé de considérer l’empreinte carbone des matériaux conservés comme égale à zéro, explique Charlotte Miriel de Sintéo.

« Pour compenser cette hypothèse simplificatrice, on a ajouté un autre indicateur ». Le non-amortissement des matériaux évacués sera en effet pris en compte. « On a une bien meilleure connaissance de leur quantité » grâce notamment au diagnostic déchets réalisés par les constructeurs. « Cela permettra de récompenser les opérations qui n’encouragent pas la rénovation prématurée des actifs », précise-t-elle. Les matériaux dangereux sont pour le moment exclus de la démarche pour ne pas pénaliser les opérations qui en contiennent.

L’empreinte carbone des matériaux déposés et réutilisés sera également considérée comme étant égale à zéro et ce pour « encourager les démarches d’économie circulaire et les plateformes de réemploi de matériaux ». Concernant les matériaux ajoutés, « on s’aligne sur ce qui est déjà fait sur le neuf. On pratiques un ACV classique des matériaux qu’on ajoute et on leur confère un coefficient d’émission ».

Aurélie Blottière, ingénieur chez Artelia, explique enfin que le label BBCA Rénovation encourage les innovations à travers des points d’innovation climat. Sera notamment imposé un prérequis de moyens qui consiste en la réalisation d’un diagnostic ressource préalablement aux travaux. Il s’agit de traiter les matériaux non pas comme des déchets mais comme des ressources. Seront en outre valorisées les pratiques de réemploi, de mutualisation potentielle et d’autoconsommation de l’énergie.

Le référentiel BBCA Rénovation est ainsi attendu pour le premier semestre 2018. L’association a également annoncé qu’en février 2018, une troisième version du label BBCA pour les bâtiments neufs sera lancée. Un label pour les quartiers bas carbone devrait aussi voir le jour.

Rose Colombel

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