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Quand la construction d'une zone d'activités mène à la Grande Guerre...

Publié le 22 octobre 2014

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Réalisées en amont de la construction d’une zone d’activités par la Chambre de Commerce et d’Industrie de Reims-Epernay, des recherches mises en œuvre pour l’étude de vestiges de l’âge du Fer et de la période gallo-romaine ont conduit à la découverte d’un camp de soldats allemands à l'arrière du front. Si à ce jour peu de camps de seconde ligne ont été fouillés, ils révèlent pourtant un quotidien différent de celui des premières lignes.
Quand la construction d'une zone d'activités mène à la Grande Guerre... - Batiweb

Une découverte peut en cacher une autre. C'est ce que nous enseigne une fouille actuellement menée par une équipe d’archéologues de l’Inrap sur 4,5 hectares, près de Reims. Prescrites par la Drac de Champagne-Ardenne en amont de la construction d’une zone d’activités par la Chambre de Commerce et d’Industrie de Reims-Epernay, les recherches de ces derniers, initialement mises en oeuvre pour l’étude de vestiges de l’âge du Fer et de la période gallo-romaine, ont également conduit à la découverte de vestiges de la Première Guerre mondiale. A savoir, un camp de soldats allemands à l'arrière du front.

S’ils documentent un quotidien différent de celui des premières lignes, rares sont les camps de seconde ligne à avoir été fouillés à ce jour.

Un territoire occupé par les Allemands

Ce camp est implanté sur un territoire occupé par les Allemands durant toute la guerre, à proximité d’un ancien noeud ferroviaire qui alimentait le front en vivres et en armes. Sur le front, chaque compagnie avait la garde d’une portion de tranchée. Elles en étaient relevées environ toutes les trois semaines, les soldats se reposant alors dans un camp à l’image de celui d’Isles-sur-Suippe, avant de remonter au front. Parmi elles, la huitième compagnie de pionniers réservistes est mentionnée sur une plaque de four en fonte.

Dans ces camps de seconde ligne, était assurée l’activité militaire habituelle caractérisée par la formation des recrues, les entraînements physiques et militaires, les corvées de ravitaillement, de terrassement et de fortification des lignes arrières.

Des trouvailles témoins de «l’artisanat de tranchées»

Bouteilles de vin, d’eau gazeuse, flacons pharmaceutiques, fioles en verre, boites de conserves, assiettes bavaroises et vaisselle française... sur le terrain, les archéologues exhument un riche mobilier révélant le quotidien des soldats. En outre, de nombreux ossements animaux, portant des traces de découpe, reflètent l’alimentation des soldats. La quinzaine de fosses fouillées livre également des restes d’équipements militaires tels que des filtres de masques à gaz, des pointes de casque ou encore des semelles mais aussi quantité d’objets liés à l’hygiène. En effet, en seconde ligne, les soldats avaient le temps et les moyens de s’y consacrer.

Parmi les découvertes plus étonnantes, figurent notamment un cendrier réalisé dans une douille d’obus, témoin de « l’artisanat de tranchées ». Enfin, l’une des fosses contient un mobilier insolite, sous un cheval, un crâne d’ours et ses griffes taxidermisés, probable trophée de chasse, une statuette de dogue allemand, de la vaisselle fine… Cet ensemble appartenait peut-être à un officier.

© INRAP

Quatres baraquements découverts

La fouille a par ailleurs révélé la présence de quatre cabanes de 13 m de long regroupées dans une portion du site. L'étude de la première d’entre elles, dévoilant un plancher et un escalier en bois, conduit les archéologues à penser qu'il pourrait s’agir de cabanes de soldats, pouvant accueillir 24 hommes environ ou de soutes à munitions. En effet, quelques cartouches françaises de première génération et datées de 1916 ont été retrouvées dans ce bâtiment. Ces munitions récupérées servaient à défendre les secondes lignes, l’usage des armes récentes les plus performantes étant réservées au front.
 

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A. LG
© jozefculak (FOTOLIA)

 

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