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Interdiction des chaudières fioul neuves : des brûleurs adaptés au biofioul F30

Publié le 13 juin 2022

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À compter du 1er juillet, les particuliers ne pourront plus installer de chaudières fioul neuves si le seuil d’émissions de gaz à effet de serre dépasse les 300 gr de CO2 équivalent/kWh PCI. Alexandre Witkowski, directeur général de Cuenod, estime que pour passer au biofioul F30 sans avoir à changer la chaudière entière, il suffira de passer à un brûleur compatible avec ce nouveau biocarburant. Explications.
Interdiction des chaudières fioul neuves : des brûleurs adaptés au biofioul F30 - Batiweb

Le 6 janvier dernier, un décret paru au Journal Officiel actait l’interdiction d’installer des chaudières fioul neuves dépassant le seuil d’émissions de gaz à effet de serre fixé à 300 gr de CO2 équivalent/kWh PCI, à compter du 1er juillet 2022.

À partir de cette date, les chaudières fonctionnant au fioul ne pouvant être réparées devront être changées par de nouvelles installations ne dépassant pas ce seuil.

Alexandre Witkowski, directeur général de Cuenod (groupe Ariston), fabricant de brûleurs gaz et fioul, regrette que de nombreuses fausses informations aient été diffusées ces derniers mois et dernières années concernant une interdiction totale du fioul domestique en 2022. 

 

Changer le brûleur plutôt que la chaudière entière ?

 

Le directeur général de Cuenod souligne que ce changement ne concernera finalement qu’un nombre minime de personnes parmi les 3,5 millions de Français se chauffant encore au fioul. Il précise que ces ménages pourront simplement changer le brûleur de leur chaudière par un nouveau brûleur compatible avec le biofioul F30. « C’est-à-dire qu’il y a en moyenne 30 % d’esther méthylique d’acide gras (EMAG) de colza dans ce carburant, donc 30 % d’huile de colza », explique-t-il. 

« Quand on va changer un brûleur sur une installation existante, on n’a pas besoin de passer en fonctionnement biofioul F30. Ce n’est pas une obligation légale. Et on n’a pas besoin de changer l’ensemble de l’installation pour pouvoir accéder à un fonctionnement biofioul, on peut changer uniquement le brûleur », insiste Alexandre Witkowski.

Consciente du développement à venir du biofioul, la marque Cuenod explique toutefois avoir adapté ses brûleurs pour qu’ils deviennent compatibles avec le biofioul. « Nous allons modifier l’ensemble de notre gamme jusqu’à 2 MW. D’ici la fin du mois de juillet, tous nos brûleurs fonctionneront au biofioul F30 », annonce ainsi le directeur général.

Un changement qui implique une nouvelle conception et des matériaux adaptés, car le biofioul se révèle plus décapant que le fioul conventionnel : « Il y a un certain nombre de matériaux qui ne peuvent pas être utilisés dans le cadre du biofioul, pour des raisons chimiques. II y a aussi des phénomènes d’oxydation qui peuvent avoir lieu », détaille Alexandre Witkowski.

De fait, la marque a changé la tête de combustion, la géométrie de la flamme, mais aussi les matériaux utilisés pour les flexibles et la tuyauterie interne afin d’éviter le cuivre, sujet à l’oxydation.

Reste désormais à former les installateurs, qui, selon le DG de Cuenod, seraient en forte demande d’informations pour eux et leurs clients, après les « fake news » diffusées sur l’interdiction du fioul domestique.

Dans ce contexte, le fabricant annonce proposer des réunions d’informations chez les distributeurs, et des formations d’une journée pour l’installation de ces nouveaux brûleurs compatibles au biofioul F30. Si la formation est payante, le DG de Cuenod assure que le coût reste inférieur au prix du brûleur qui est offert à l’installateur à la fin de la formation. « C’est une formation qualifiante puisque nous sommes un organisme officiel de formation », précise également Alexandre Witkowski.

 

Santé, écologie, économie… les multiples atouts du biofioul

 

Par ailleurs, la filière travaille déjà au développement d’un biofioul F50. « Nous sommes même en avance puisqu’aujourd’hui nous livrons, dans la principauté de Monaco, des brûleurs qui fonctionnent déjà en F100, donc 100 % biocarburants, et nos brûleurs fonctionnent très bien depuis plusieurs mois déjà », se félicite le DG.

Alexandre Witkowski vante également les avantages du biofioul d’un point de vue écologique, alors que le colza repousse chaque année en France, tandis que le bois des arbres met des années à pousser. Selon lui, « le colza fait aussi principalement travailler l’agriculture française, ce qui n’est pas forcément le cas du bois de chauffage, puisqu’aujourd’hui l’essentiel vient de l’étranger ».

Autre avantage d’un point de vue sanitaire, puisque ce type de biocarburant émettrait moins de polluants tels que les NOX et les poussières fines par rapport au chauffage bois.

Intérêt sanitaire et écologique donc, mais aussi peut-être bientôt économique, dans le contexte d’augmentation des prix des énergies fossiles, aggravé par la guerre entre la Russie et l’Ukraine.

« Au 1er juillet, le biofioul sera un peu plus cher que le fioul conventionnel, car le biofioul est aujourd’hui intégré dans la classe pétrolière du fioul normal, ce qui explique le niveau de taxation. Ce qui est annoncé, c’est qu’il y aura une nouvelle classe qui va être créée, ce qui permettra normalement de défiscaliser les 30 % d’huile de colza, ce qui devrait à terme amener le biofioul à des prix qui seront inférieurs au fioul conventionnel », prévoit le DG de Cuenod.

« Si le produit est défiscalisé sur les 30 % renouvelables dans les prochains mois, l’attrait va devenir très important. Il faut savoir aussi que ces 30 % qui sont intégrés sont liés à la production agricole française. Ils sont complètement hors de la notion de cours du pétrole de l’OPEP, qui parfois fluctue de façon très importante et difficilement compréhensible. On se retire un peu de ces effets de marché », ajoute-t-il.

Outre le prix, le biofioul, qui se stocke, serait préservé face aux difficultés d’approvisionnement : « Aujourd’hui ce sont également des produits énergétiques qui sont hors réseaux donc aujourd’hui le biofioul on peut le stocker, et on est un peu plus libérés par rapport à des difficultés d’approvisionnement qui pourraient exister dans les prochains mois au niveau du gaz ou de l’électricité », conclut Alexandre Witkowski.

 

Propos recueillis par Claire Lemonnier
Photo de une : Adobe Stock

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