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Interview de Didier Ridoret, président de la FFB

Publié le 02 juin 2009

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La deuxième édition des 24 heures du Bâtiment aura lieu les 11 et 12 juin au Palais Omnisports de Paris Bercy. On sait l'énorme succès qu'a rencontré la première édition. A cette occasion nous avons interviewé le Président de la FFB, Didier RIDORET.
Interview de Didier Ridoret, président de la FFB - Batiweb
Batiweb : après le succès qu'a connu la 1ère édition des 24 h du Bâtiment, pouvez-vous nous détailler le concept et le positionnement de cette nouvelle édition qui aura lieu les 11 et 12 juin ?

Didier Ridoret : « cette année nous souhaitons faire passer des messages forts. Nous traversons une période difficile et il est très important que les entrepreneurs du secteur soient solidaires entre eux, se serrent les coudes. Il faut que l'on rappelle également à nos gouvernants, l'importance que représente notre secteur. Les entrepreneurs doivent éviter une éventuelle sensation de solitude et ont tout intérêt à se regrouper à l'occasion des 24 heures du Bâtiment ; ils vont rencontrer des confrères, échanger des expériences, créer une émulation. Ce sont des gens motivés, qui en veulent, ils sont combattifs et déterminés. Ils ont besoin d'être rassurés, ils cherchent des solutions et nous sommes là pour leur en donner, notamment dans les nombreux ateliers et colloques que nous animerons aux 24 heures du Bâtiment. »

B : depuis le Grenelle de l'Environnement, le développement durable occupe une place incontournable dans la construction. Quels sont les moyens que vous mettez à disposition des entrepreneurs, notamment en matière de formation pour qu'ils se familiarisent avec les nouvelles normes, les matériaux innovants, les nouvelles techniques de pose ?

D.R : dans le domaine des économies d'énergie, les fournisseurs d'énergie sont confrontés depuis plusieurs années à une obligation de résultat afin d'éviter une pénalité conséquente (600 M €). La FFB a été l'initiatrice de la mise en place de la formation Feebat (Formation aux économies d'énergie des entreprises et artisans du bâtiment). C'est un outil de formation en trois modules : les deux premiers sont « initiatiques » et introduisent la problématique de l'approche globale et de l'évaluation de la performance énergétique ; le troisième entre vraiment dans le vif du sujet d'un point de vue « métier ». Car ce qui manque aujourd'hui, c'est un interlocuteur pour le particulier qui connaisse la question énergétique dans son ensemble.


" L'éco-ptz, un projet attractif mais une mise en route lente "


B : l'éco-prêt à taux zéro est en vigueur depuis le 1er avril 2009. Les banques généralistes ne sont toujours pas équipées du logiciel adéquat et ne le seront pas avant courant juin pour la plupart. Les entrepreneurs vous font-ils part de cette lente mise en application ? Ressentent-ils cela comme un frein au démarrage de certains chantiers ?

D.R : il faut reconnaître que les banques généralistes ont du mal à mobiliser leurs équipes, car cela prend du temps de former les commerciaux sur ce nouveau prêt. Mais certaines banques spécialisées n'ont pas ce type de problème et sont tout à fait au point.
La communication générale sur cet Eco-ptz a été bien menée et la FFB a également beaucoup communiqué auprès de ses adhérents grâce à un guide pratique. Il y a environ 10 000 dossiers d'Eco-ptz qui ont déjà été retirés en un mois ! Les particuliers, quant à eux, sont dans l'attente pour concrétiser leurs projets. Ce genre de lourdeur freine la mise en œuvre des chantiers, et il est certain que le bâtiment a bien besoin que cette mesure soit fonctionnelle très rapidement, car cela pénalise tout le monde, aussi bien les particuliers que les entrepreneurs. Mais c'est un beau projet, car intéressant financièrement. L'offre d'un taux zéro n'est pas neutre, il y a une demande. Ajoutez à cela qu'il n'y a pas d'obligation de résultats imposée une fois les travaux réalisés. Ce qui a pour effet de rendre le projet de cet Eco-ptz plus dynamique.


" Les jeunes et les femmes de plus en plus attirés par le bâtiment "


B : les jeunes et la formation : le bâtiment est un secteur des plus innovants. Quels moyens met en place la FFB pour attirer les jeunes, leur faire découvrir les nombreux métiers de la construction et surtout toutes les possibilités d'avenir qu'on y trouve ?

D.R : pour les jeunes qui apprennent un métier, il y a toujours un véritable engouement pour notre secteur car ils savent qu'il y a de vrais débouchés par rapport à l'industrie peu florissante en ce moment. Il semble que les métiers à forte technicité, comme les électriciens, les plombiers-chauffagistes par exemple, bénéficient d'une aura auprès des jeunes. Les CFA (centres de formation des apprentis) sont remplis et refusent même des candidatures. » Mais actuellement, nous faisons face à un constat : les jeunes patrons motivés mais qui ignorent, à cause de leur jeune âge, ce qu'est une période de crise. Nous sortons d'une période faste qui a duré 10 à 11 ans au cours de laquelle la moitié de nos chefs d'entreprise a été renouvelée. Et ces derniers n'ont jamais connu la crise et peuvent être tentés de baisser les prix de manière importante. Nous sommes là pour les conseiller face à cette période délicate.

B : En France, les femmes sont également de plus en plus attirées par le bâtiment. Comment susciter un engouement plus affirmé ?

D.R : dans notre secteur, à peu près 10 % des effectifs globaux sont féminins, tous types de postes confondus. Sur les chantiers et dans les ateliers, 1% seulement des femmes sont présentes, avec une concentration particulière en second œuvre comme la peinture et le carrelage. Parallèlement, il y a les femmes conjointes collaboratrices qui ne sont pas comptabilisées. Elles ont un rôle très important dans les petites entreprises.
La FFB a toujours cette volonté d'accueillir les femmes car elles nous apportent beaucoup d'avantages. Elles sont souvent plus minutieuses, plus précises.


" Nos entreprises souffrent d'un manque de structure financière "


B : à votre avis quel est le point faible des entreprises ?

D.R : indéniablement le manque de structure financière. Il y a un vrai problème de manque de capitaux propres dans les entreprises, malgré les belles années que l'on vient de vivre. Les entreprises sont sous capitalisées, soit pour des raisons de comportements des dirigeants, soit par une mauvaise stratégie de croissance. On ne gagne pas assez d'argent. La rentabilité est de 3 à 4% en général. Il faudrait augmenter les prix et diminuer les dépenses. Autre point faible, la co-activité : il est très difficile de faire travailler ensemble des corps de métiers différents. Cela génère des pertes de temps, des malentendus, une mauvaise organisation. Nous avons des progrès à faire dans ce sens.

B : la dématérialisation des appels d'offres étant rendue obligatoire à partir du 1er janvier 2010, on constate actuellement que très peu d'entreprises y répondent en utilisant Internet. Quelle stratégie mettez-vous en place pour mettre en œuvre cette dématérialisation.

D.R : la FFB travaille depuis plusieurs années en ce sens en relation avec des Conseils Régionaux par exemple ou bien encore en mettant en place des formations dans les départements. De plus, la FFB a l'autorité nécessaire pour distribuer des certificats numériques de classe 3 +.

Propos recueillis par Claire MARTIN, le 28 Mai 2009

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