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Le «bricolage» souvent privilégié au désamiantage du bâtiment entier (Andeva)

Publié le 13 octobre 2014

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Plusieurs centaines de personnes ont formé une chaîne humaine autour de la Tour Montparnasse à Paris pour demander le désamiantage des bâtiments et une meilleure prise en charge des victimes. La manifestation qui a suivi, organisée chaque année à l'initiative l'association nationale de défense des victimes de l'amiante (Andeva), a été l'occasion rappeler l'état des lieux et toutes les difficultés rencontrées par les victimes.
Le «bricolage» souvent privilégié au désamiantage du bâtiment entier (Andeva) - Batiweb
Pas moins de 3 000 décès dus à l'amiante sont recensés chaque année, a rappelé, samedi, l'association nationale de défense des victimes de l'amiante (Andeva), qui organisait sa manifestation annuelle à Paris. Isolant utilisé dans le bâtiment, l'amiante, cancérigène pourrait provoquer, selon les autorités sanitaires entre 68 000 et 100 000 décès d'ici à 2050.

En amont de la manifestation, plusieurs centaines de personnes ont formé une chaîne humaine autour de la Tour Montparnasse ponctuellement polluée à l'amiante. Brandissant les portraits de victimes décédées sous le slogan « plus jamais ça », les participants entendaient réclamer plus de prévention, une réglementation et des contrôles renforcés.

« Des calculs de boutiquiers »

Considéré comme « un lieu symbolique », l'édifice parisien est « l'exemple de ce qu'il ne faut pas faire » de l'avis de l'Andeva. « Au lieu de désamianter tout le bâtiment, les copropriétaires ont fait des calculs de boutiquiers et du bricolage, en procédant morceau par morceau. Dans ces conditions, il est très difficile de protéger les salariés », explique Michel Parigot, vice-président de l'association.

De la bouche des manifestants, raisonnaient des témoignages similaires. « Je n'étais qu'un matricule, l'entreprise nous a utilisés, raconte ainsi Michel, la cinquantaine, qui travaillait dans les systèmes de freinage industriel dans le Centre. La direction savait que nous étions exposés à l'amiante, j'avais le nez dedans, mais elle ne nous a jamais rien dit. »

Pour Patrick, retraité en Gironde, ses deux années d'apprentissage dans un atelier de la SNCF ont suffi à le contaminer. Il est affecté par une maladie pulmonaire très fréquente chez les personnes exposées à l'amiante, détectée pour lui 30 ans après l'exposition. « Je vis désormais avec une épée de Damoclès au dessus de la tête », dit-il évoquant « l'agonie pendant des mois» de ceux à qui on a diagnostiqué un cancer de l'amiante.

Meilleur traitement des malades

« Nous allons demander le désamiantage des bâtiments et des HLM et que l’État prenne ses responsabilités pour la Tour Montparnasse pour obliger les copropriétaires à prendre les leurs. Nous demanderons aussi un meilleur traitement des malades : cela fait partie des responsabilités de l’État, puisqu'on a exposé des gens alors que c'était évitable, on doit les prendre en charge », poursuit le vice-président de l'Andeva.

La Tour Montparnasse où travaillent environ 5 000 personnes s'était retrouvée dans la tourmente à l'été 2013 après une série de dépassements des seuils de pollution, qui avait poussé des entreprises et la région Ile-de-France à évacuer par précaution.

Dépassement du seuil réglementaire

Une nouvelle pollution à l'amiante a été repérée dans la nuit du 7 au 8 octobre dans un local de service au sixième sous-sol, dans le cadre de la surveillance obligatoire sur l'ensemble du site à la demande de la préfecture de Paris. Le niveau d'empoussièrement mesuré a atteint 15 fibres par litre, alors qu'il ne doit pas dépasser 5 fibres par litre.

Dans un communiqué, les copropriétaires ont reconnu « un dépassement d'amiante dans un local de service au sous-sol de la tour ». Ils soulignent que « les nouvelles mesures réalisées dans la nuit du 9 au 10 octobre n'indiquent plus de dépassement de seuil ».

Le local concerné « a été immédiatement isolé et les procédures d'information auprès du personnel, des copropriétaires, des utilisateurs et des services de l'Etat ont été immédiatement mises en place, conformément aux instructions du décret préfectoral qui régit la surveillance de la tour », précisent-ils.

Selon la préfecture, l'inspection du travail s'est rendue sur place pour déterminer les causes de la pollution. Elle a d'ores et déjà conclu qu'il n'y avait pas lieu d'évacuer le bâtiment, l'épisode de pollution étant achevé.

A. LG
© Philetdom

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