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Le désamiantage de la Tour Montparnasse interrompu jusqu'à nouvel ordre

Publié le 12 décembre 2013

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La préfecture d'Ile-de-France a indiqué que les travaux de désamiantage de la Tour Montparnasse étaient « interrompus jusqu'à nouvel ordre », après une note d'étape d'un expert qui montre que les gaines d'aération ont véhiculé la fibre cancérigène. Les copropriétaires du célèbre bâtiment avaient déjà suspendu les travaux dans l'attente du rapport définitif de l'expert prévu en janvier.
Le désamiantage de la Tour Montparnasse interrompu jusqu'à nouvel ordre - Batiweb

Les travaux de désamiantage du célèbre édifice parisien, où travaillent quelque 5000 personnes, ont démarré il y a sept ans et déjà coûté quelque 250 millions d'euros aux 283 copropriétaires. L'expert avait été mandaté à la suite d'un arrêté préfectoral pris au mois d'août après plusieurs dépassements des seuils de pollution autorisés (72 depuis 2009), pour en comprendre les causes.

Après ces dépassements, des salariés d'Amundi, filiale du Crédit agricole et de la Société générale avaient quitté la Tour. Ceux de CNP assurance avaient également brièvement quitté le site. Dans son rapport d'étape, avant ses conclusions définitives attendues en janvier, l'expert indique « qu'au regard des éléments étudiés sur les pollutions récentes et sur des pollutions plus anciennes affectant la Tour les gaines constituent selon leur nature une source d'émission et une cause des transferts de pollutions ».

Il précise que les gaines d'aération sont un « vecteur de transfert de fibres d'amiante vers des locaux situés dans d'autres niveaux, tandis que les gaines techniques (câbles électriques, téléphoniques...) sont à la fois source d'émission et vecteur de transfert » de particules d'amiante. Pour la préfecture d'Ile-de-France, « il ressort de cette note d?étape que les pollutions récentes sont liées à l'organisation de travaux de désamiantage ». En conséquence, écrit-elle dans un communiqué, les chantiers sont interrompus jusqu'à nouvel ordre.

Pas de raison d'évacuer la tour

Les conclusions préliminaires de l'expert ne signifient pas pour autant que de l'amiante circule de façon permanente dans la Tour, les incidents étant localisés et liés aux chantiers. Dans un communiqué, les copropriétaires de la Tour évoquent une note d'étape rassurante qui confirme l'absence de toute pollution par l'amiante. Ils reconnaissent que quelques gaines techniques « contiennent minoritairement de l'amiante sous contrôle en attendant de pouvoir être traitée, et soulignent que les mesures de surveillance ont été renforcées ».

Le président du syndicat de copropriété de la Tour, Jean-Marie Pierrel, a en outre souligné auprès de que le rapport d'étape « fait le lien entre des pollutions ponctuelles et les chantiers à proximité donc qu'il n'y a pas d'exposition généralisée et permanente ». Selon lui, la Tour subit ces incidents parce qu'elle a été trop bon élève, en multipliant les contrôles et en allant au-delà de ses obligations en matière de désamiantage. Pour M. Pierrel, les expertises permettront « par la compréhension des phénomènes, de revoir l'organisation des chantiers » et donc d'éviter de nouvelles pollutions.

Michel Parigot, responsable de l'Association des victimes de l'amiante (Andeva), estime pour sa part qu'avec ce rapport, la question posée est de savoir si « on peut raisonnablement désamianter une Tour de cette ampleur par petits morceaux. La réponse est non ». Les copropriétaires ont fait, dit-il du « bricolage pour faire des économies et éviter de déplacer les gens, les exposant du même coup à des niveaux de pollution qui demeurent faibles, mais non négligeables ». Pour Mr Parigot, le préfet a déjà tous les éléments pour « forcer les copropriétaires à procéder à un désamiantage global de la Tour » et donc à évacuer.

Dans son communiqué, la préfecture n'a de fait pas évoqué une telle hypothèse pour l'heure. Le dossier de l'amiante avait déjà terni à l'automne le 40e anniversaire de la Tour. Une information judiciaire a en outre été ouverte le 4 octobre par le parquet de Paris, notamment pour « mise en danger de la vie d'autrui », tandis que plusieurs dizaines de salariés ont déposé un dossier aux prud'hommes pour faire valoir un « préjudice d'anxiété ». Isolant utilisé dans le bâtiment, l'amiante, cancérigène, pourrait provoquer, selon les autorités sanitaires, quelque 100 000 décès d'ici à 2025.

B.P (avec AFP)

Image credit: razvanphoto / 123RF Banque d'images

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