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« Le métier d’électricien requiert avant tout de la réflexion », Marie-Noëlle Letouze

Publié le 08 mars 2016

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JOURNÉE DE LA FEMME - A 44 ans, Marie-Noëlle Letouze vit pleinement de son métier d’électricienne. Mère de deux enfants, elle a d’abord évolué en tant que visiteuse médicale avant de se tourner vers le bâtiment, un secteur qui l’attire depuis toujours. En cette journée dédiée aux femmes du monde entier, nous avons décidé de vous raconter le parcours de cette grande passionnée installée à Pérols dans l'Hérault.
« Le métier d’électricien requiert avant tout de la réflexion », Marie-Noëlle Letouze  - Batiweb
Marie-Noëlle Letouze n’est pas arrivée par hasard dans le monde du bâtiment, bien au contraire. Petite, elle rêvait de devenir Compagnon du Devoir, institution à l’époque interdite aux femmes.

Après avoir obtenu son baccalauréat économique, elle a longtemps voyagé et multiplié les emplois à l’étranger. Elle reprend ensuite ses études pour devenir visiteuse médicale, une activité qu’elle exercera durant 7 ans.

Puis, à 40 ans, elle décide de se tourner vers un tout autre métier : celui d’électricienne. « Je cherchais à me reconvertir, à trouver un travail qui colle à ma personnalité » nous explique-t-elle. « Le bâtiment m’a toujours attiré. Bricoler, travailler de mes mains, créer… ».

Elle se lance alors dans un CAP d’électricien, une formation qu’elle redoutait un peu. « J’étais la seule femme donc au début j’avais quelques appréhensions. Je ne savais pas comment j’allais être reçue. Il y a un grand mélange de professions dans le bâtiment. Je me posais donc également des questions par rapport aux différents corps de métier ». Finalement, « ça s’est très bien passé et ça se passe toujours très bien » nous confie-t-elle.

De jeune diplômée à auto-entrepreneuse

Le diplôme en poche, Marie-Noëlle cherche à se faire connaître dans son village en distribuant notamment des cartes de visite. « Je pensais commencer par de l’interim pour pratiquer. Mais un jour, j’ai reçu une demande de devis pour rénover une maison et contre toute attente, il a été accepté ».

C’est donc sans structure, « juste en tant qu’auto-entrepreneuse » qu’elle débute son activité d’électricienne et avoue avoir été « un peu prise au dépourvu ».

1,1% de femmes électriciennes en France

En France, la part des femmes dans le secteur du bâtiment ne dépasse pas les 11,7 % tandis qu’elles ne représentent que 1,1 % de l’ensemble des électriciens. Pourtant, Marie-Noëlle l’assure : « c’est un métier accessible aussi bien aux hommes qu’aux femmes ».

En intégrant le secteur du bâtiment, elle souhaitait évoluer dans un milieu où « la création est omniprésente, où il y a une vraie réflexion pour faire fonctionner et réparer quelque chose ».

Et cette réflexion justement, elle est donnée à tous. « Le domaine de l’électricité évolue et il est davantage associé à la décoration, à l’esthétique, à la finition, au travail bien fait, à la conception, à la réalisation de l’éclairage, et le côté pratique est de plus en plus souligné et important » estime-t-elle.

Elle ajoute : « En arrivant pour un dépannage, on ne connaît pas l’installation ; c’est donc un métier qui demande de la réflexion et cette réflexion n’est pas qu’accessible aux hommes » s’amuse-t-elle à dire.

Dernièrement, Marie-Noëlle a observé une certaine évolution dans le secteur du bâtiment : « Il y a de plus en plus de femmes peintres » déclare-t-elle. « Avant on ne trouvait pas du tout de femmes dans le bâtiment. Aujourd’hui il y en a et cela prouve que les mœurs évoluent. Il y a de moins en moins de tabous et de barrières, et cela va continuer à se développer ».

Encourager les femmes à se lancer dans le bâtiment

Marie-Noëlle intervient dans différents domaines : dépannage, rénovation, système vidéo, alarme, relamping, etc. Depuis un an et demi, elle fait partie du réseau HomeServe, une société de services pour la maison qui réalise des interventions d’installation, réparation, assistance et dépannage, notamment dans le secteur de l’électricité.

Lorsque la société dépêche un des professionnels du réseau pour effectuer une intervention, les clients ne sont pas prévenus du profil du dépanneur. Ainsi, lorsqu’elle arrive sur le terrain, Marie-Noëlle surprend toujours. « Les femmes ne sont pas tellement surprises mais en général les hommes le sont, et ils ne me laissent pas toujours porter mon matériel ».

Sur les chantiers, les hommes lui prêtent également une attention particulière mais pas tellement dans la réalisation des travaux et l’aide qu’ils peuvent lui apporter. « L’attitude des hommes changent en ma présence, ils font plus attention à leur vocabulaire. C’est assez rigolo ».

© Marie-Noëlle Letouze

Et pour ce qui est des interventions à proprement parler, Marie-Noëlle nous explique que les femmes et les hommes sont très complémentaires. « C’est un travail physique et intellectuel. Quand ça devient difficile, on peut faire appel à des collègues. On s’entraide énormément. Il y a une vraie complémentarité aussi car les femmes ont souvent une vision et une approche différentes. Mes collègues sont toujours ravis de me voir arriver sur les chantiers ».

Pour ce qui est des clients, Marie-Noëlle reconnaît qu’ils n’ont pas toujours le réflexe de faire appel aux femmes. C’est pourquoi il est important « de promouvoir le travail des femmes, d’en parler », dit-elle.

L’existence « de structures comme HomeServe est également essentielle. Je tire d’ailleurs mon chapeau à cette société. Elle fait confiance aux femmes, les envoie chez les clients et leur permet de se lancer ».

L’électricienne insiste également sur le besoin d’expliquer le métier et ses opportunités. « Etre électricien n’est pas un métier rébarbatif, on apprend de nouvelles choses chaque jour. On prend vraiment du plaisir dans ce métier », avance-t-elle avec passion.

« Quand j’ai annoncé mon projet à mes proches, je m’attendais à ce qu’ils fassent la grimace, mais ça n’a pas été le cas. Mon entourage est fière de moi », ajoute-t-elle.

A travers son activité, Marie-Noëlle espère aussi changer l’image que l’on a parfois du bâtiment. « Travailler dans le bâtiment n’est pas synonyme d’avoir les pantalons troués, d’être mal présenté… ou de ne pas avoir fait d’études. C’est un travail physique certes mais c’est également beaucoup d’intellect et de patience ».

« J'ai beaucoup de respect pour l’ensemble des métiers du bâtiment et il faudrait les valoriser bien plus », conclut-elle.

Rose Colombel

Les Femmes et le bâtiment

A l'occasion de la Journée de la femme, la Fédération Française du Bâtiment a fait le point sur la part des femmes dans le secteur du BTP.

Le document révèle que les femmes représentent 11,7 % des effectifs salariés en France : 
- 46,7 % parmi les employés et techniciens
- 17,4 % parmi les cadres
- 1,5 % parmi les ouvriers.

En qui concerne l'entrepreneuriat, la FFB indique que :
- une entreprise sur deux est dirigée ou co-dirigée par des femmes
- 4 % des indépendants et des dirigeants salariés de la construction sont des femmes
- le pourcentage de femmes à l'Ecole Supérieure des Jeunes Dirigeants du Bâtiment (ESJDB) atteint les 25 %. 

Par ailleurs, 10 % des mandataires de la FFB sont des femmes et 3 000 femmes sont membres des 94 groupes Femmes dirigeantes du bâtiment FFB.

Sylvie Berland, présidente des groupes Femmes Dirigeantes de la FFB, constate : « Tous les parcours sont variés et uniques. Mais toutes les dirigeantes, outre leur plaisir de développer leur entreprise de Bâtiment, insistent sur un point capital : qu’elles aient ou non une formation technique, les femmes ont toutes leur place dans le Bâtiment ! » 

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