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Les entreprises artisanales du BTP forment encore trop peu à la sécurité

Publié le 24 février 2016

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Les formations à la sécurité ne représentent que 23 % des actions de prévention, réalisées dans les entreprises artisanales du BTP, selon l'étude nationale dévoilée conjointement ce mercredi, par la Capeb, la CNATP, IRIS-ST et l'OPPBTP. Dans un contexte de course à la compétitivité, ces entreprises privilégient en effet les formations métier. Explications.
Les entreprises artisanales du BTP forment encore trop peu à la sécurité - Batiweb

La place réservée aux formations « sécurité » dans les entreprises artisanales françaises est à la traîne, selon la dernière étude nationale* consacrée aux formations à la prévention dans les entreprises artisanales du BTP.

Sur les deux dernières années, 77 % des chefs d’entreprise questionnés déclarent avoir participé à au moins une action de formation. Cependant, les formations à la sécurité (23 %) remportent bien moins de succès que les formations à l’efficacité énergétique (72 %) ou aux métiers (46 %).

De plus, les chefs d'entreprises préfèrent envoyer leur salariés en formation « sécurité », plutôt qu'eux mêmes. Ainsi, 60 % des salariés des répondants ont, en effet, participé au cours des deux dernières années à au moins une action de formation, dont 50 % sur les questions de « sécurité ».

L'utilité de la formation, en question

Certains entrepreneurs pointent du doigt de nombreux « obstacles à l'organisation ». En tête, la charge de travail de l'entreprise (69 %), le coût de la formation (49 %) ou encore l'incompatibilité des dates de formations avec l'activité de l'entreprise (30 %).

D'autres ne trouvent tous simplement pas l'utilité de se former. 30% des artisans répondants déclarent n’avoir aucun besoin en formation à ce jour. Ils estiment avoir les compétences nécessaires en interne ou ne pas avoir de besoin « immédiat ».

« Ce chiffre peut traduire un manque de connaissances et de compétences en interne pour définir un plan de formation sur la durée », estime l'étude. Pire encore, en raison du nombre croissant de stage sécurité, 58 % des artisans déclarent ne pas connaître celles qui sont pourtant obligatoires pour leur métier.

« La compétitivité des entreprises artisanales du Bâtiment ne doit pas se faire au péril de la sécurité des artisans et de leurs salariés. Nous devons créer les conditions favorables pour ne plus avoir à arbitrer entre compétences et sécurité ou entre activité et sécurité ! », a réagi Patrick Liébus président de la Capeb et de l'IRIS-ST.

Une contrainte réglementaire

Globalement, ces formations « sécurité » sont perçues comme une « figure imposée » (68 % des répondants), notamment en raison du nombre croissant de formation obligatoire ces dernières années, et par la responsabilité qui pèse sur le chef d’entreprise vis-à-vis de la formation de ses salariés.

Mais elles sont aussi un « investissement stratégique pour l'entreprise », pour maintenir et développer ses compétences. Elles deviennent notamment nécessaires pour faire face aux évolutions techniques et aux normes (63% des répondants), ou encore accroître ou maintenir la compétitivité des entreprises (39 %).

« Agir en prévention contribue à l’amélioration de la productivité et de la compétitivité des entreprises. Agir en prévention requiert expérience et compétence. La formation, tant initiale que continue, est donc un levier déterminant pour relever les défis économiques et sociétaux liés à la sécurité et à la santé au travail », rappelle Paul Duphil, Secrétaire Général de l’OPPBTP.

Des formations de qualité

Les retours d'expérience sont d'ailleurs très positifs pour ceux qui ont déjà bénéficié de cette formation sécurité. Selon les artisans interrogés, elles sont en effet « adaptées à leur niveau » (93 %), « en phase avec leur activité » (87 %), « en lien avec leurs situations de travail » et « concrète et opérationnelle ».

Prévenir le risque d’accident du travail (ou de maladie professionnelle) est la raison la plus invoquée par les entreprises artisanales (73 %) pour expliquer qu’elles forment à la sécurité.

Suite à cette étude, la Capeb, la CNATP, IRIS-ST et l'OPPBTP ont fait par de leur souhait d'optimiser la prévention et la sécurité, notamment pour « mieux accompagner les entreprises artisanales dans leur stratégie de formation », et « promouvoir la prévention comme un levier de performance pour l’entreprise ».

Ils proposent trois axes d'action : intégrer systématiquement la prévention comme une compétence métier, améliorer la connaissance des artisans en matière de formations obligatoires à la sécurité et adapter le contenu des formations prévention aux besoins et contraintes des entreprises artisanales du BTP.

 « Pour gagner en efficacité et en sécurité, il est également essentiel de renforcer la présence de la prévention dans la formation des plus jeunes dans le cadre des formations initiales », conclut l'étude.

 * Etude réalisée conjointement entre la Confédération de l’artisanat et des petites entreprises du Bâtiment (CAPEB), la Chambre nationale de l'artisanat, des travaux publics et paysagistes (CNATP), l’Institut de recherche et d’innovation sur la santé et la sécurité au travail (IRIS-ST) et l’Organisme professionnel de prévention du bâtiment et des travaux publics (OPPBTP).

C.T
© Fotolia

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