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L'ingénierie privée phagocytée par une ingénierie publique grandissante ?

Publié le 14 avril 2015

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L’ingénierie publique a connu une croissance exponentielle de ses effectifs de près de 79% en 10 ans dévoile une étude réalisée par le cabinet KYU pour l’Observatoire Paritaire des Métiers du Numérique, de l’Ingénierie, des Etudes et du Conseil et des métiers de l’événement (OPIIEC). Le phénomène a pour conséquence directe un manque à gagner évaluée à 7 milliards d’euros par an entre 2011 et 2017 qui impacte très majoritairement les TPE-PME de l’ingénierie privée.
L'ingénierie privée phagocytée par une ingénierie publique grandissante ? - Batiweb

Depuis la suppression de l'ingénierie publique de l’État au niveau des DDE, de nombreux départements créent des entités d'ingénierie publique sous diverses formes (Agences, associations...) au service des collectivités locales, notamment des plus petites. De nombreuses structures publiques ou parapubliques (SPL, agences départementales, CEREMA, etc.) voient le jour et remplissent des missions qui sont traditionnellement assumées par les prestataires privés. Un développement de l’ingénierie publique et parapublique qui menace aujourd’hui l’ingénierie privée indépendante.

Un manque à gagner de 7 milliards par an

Après avoir servi d’amortisseur à la crise, l’investissement public devrait fortement s’infléchir pour répondre aux exigences de redressement des finances publiques. Un récent rapport sénatorial anticipe une baisse des investissements du « bloc communal » en 2014 /2015 : sachant que les collectivités territoriales représentent 60% des investissements publics, la baisse de ces investissements pourra atteindre 45% pour les communes et 30% en moyenne pour l’ensemble des collectivités. Une baisse d’investissement public qui pourrait avoir des conséquences territoriales et sectorielles révèlent l'étude.

Forte de 135 000 agents, entre 2009 et 2014, les ingénieries (para)publiques ont étendu leur périmètre fonctionnel d’intervention (diagnostic, définition de projets, maîtrise d’œuvre...) et souhaitent encore l’élargir. Les TPE-PME de proximité qui souffrent déjà d’une mauvaise conjoncture sont tout particulièrement concernées par cette nouvelle concurrence des ingénieries publiques ou parapubliques.

Si l’ingénierie (para)publique quittait le champ concurrentiel, on estime le marché potentiel à 7 milliards par an pour l’ingénierie privée. En parallèle, la diminution du chiffre d’affaires issu de la commande publique de l’ingénierie privée du secteur de la construction entre 2011 et 2017 correspondrait à une destruction de plus de 6000 emplois, soit 14% des effectifs de ce secteur.

Redéfinir les relations Public/Privée

Cette baisse d’activité conduit à une « hyper-concurrence » qui accroît la pression sur les taux et qui fragilisent de nombreuses petites structures. « A moyen terme, cette course aux prix bas sera contre-productive car elle aura porté atteinte à la qualité et détruit des expertises » a réagi la fédération des syndicats des métiers de la prestation intellectuelle du Conseil, de l'Ingénierie et du Numérique (Cinov). « Malgré l’intérêt évident d’une complémentarité entre les ingénieries publique et privée, très peu de départements ont instauré un dialogue constructif avec l’ingénierie privée qui pourrait déboucher sur des solutions pertinentes de répartition des rôles » précise la fédération qui dénonce depuis plus de deux ans ce phénomène.

Il apparaît donc urgent de réagir et de redéfinir les relations entre la maîtrise d'œuvre et les donneurs d'ordres publics afin d'éviter le sentiment de mainmise du marché ou de concurrence déloyale par les structures publiques et parapubliques envers le privée.

B.P

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