On attend quoi ? C’est la question que se pose la Fondation Abbé Pierre dans une campagne lancée ce lundi pour lutter contre le mal-logement.

L’initiative vise à faire émerger des solutions et inscrire le sujet dans le débat public, à huit mois de l’élection présidentielle. En effet, la Fondation compte « donner au logement une place prioritaire dans les débats et inciter les candidats à faire de vrais choix politiques en matière de lutte contre les inégalités sociales, en regardant la France telle qu'elle est aujourd'hui, dans sa diversité et sa richesse », précise un communiqué.

Une plateforme virtuelle et interactive

La campagne s’appuie sur la plateforme virtuelle et interactive www.onattendquoi.fr créée pour l’occasion. La Fondation y présente une multitude de témoignages, de reportages photographiques ou vidéos, d’analyses qui sont « autant de solutions, d’actions innovants, de bonnes pratiques, de propositions » qui montrent qu’une société « plus solidaire et plus fraternelle est possible ».

La Fondation rappelle que la France compte 3,8 millions de personnes mal-logées ou sans domicile et 12 millions d’autres touchées à des degrés divers par la crise du logement. Pourtant, le pays est la 6e puissance mondiale et compte entre autres trois des meilleures entreprises de construction au monde.

« On attend quoi pour bâtir les 500 000 logements dont on a besoin ? » se demande ainsi l’association.

Pas résigné face à cette misère persistante, Christophe Robert, délégué général de la fondation Abbé Pierre, est fatigué d'entendre des responsables politiques « mille et une raisons qui justifient de ne pas agir ».

« Tout doit être fait pour ne laisser personne au bord de la route », a-t-il affirmé à la presse, même si « bien sûr, il est plus facile de faire l'autruche que de chercher des solutions... ».

Un ouvrage pour recenser des solutions innovantes

Soutenue par des personnalités comme l’humoriste Jamel Debbouze, la chanteuse Nolwenn Leroy, ou l'intellectuel Marek Halter, la Fondation espère ainsi faire entendre « la voix des sans-voix, celle de ceux et celles qu’on n’entend pas ou pas assez ». Elle souhaite créer une communauté autour « du faire et du vivre ensemble, redonner un élan à tous et de l’espoir à chacun ».

Outre la plateforme interactive, la Fondation a publié mi-septembre « Sortir du mal-logement, c'est possible ! 20 initiatives à démultiplier ». L’ouvrage, paru et vendu aux Editions de l’Atelier ainsi qu’en librairie, recense des initiatives innovantes en France ou à l'étranger.

Parallèlement, les portraits de mal-logés, pris dans le squat, le taudis, ou encore la voiture qui leur sert de domicile sont exposés sur les murs de l'Hôtel de ville de Paris jusqu'au 2 octobre.

Enfin, en cette année d’élections, la Fondation recevra les principaux candidats à la Présidentielle lors de la présentation de son 22e rapport sur l’état du mal-logement en France. L’événement aura lieu le 31 janvier 2017 à la Grande Arche de la Fraternité, à la Défense.

« On va faire monter la pression pour dire qu'on veut faire autrement », explique Christophe Robert. Même s'il s'attend à ce que ces initiatives suscitent des réticences, comme ce fut le cas lors du débat sur l'encadrement des loyers, finalement expérimenté à Paris, le délégué général de la fondation dit avoir « espoir » et rester « déterminé ». « On ne baisse pas les bras parce qu'on pense qu'on n'a pas tout essayé ».

R.C
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