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Photovoltaïque : « les acteurs savaient pour la bulle spéculative »

Publié le 21 décembre 2011

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Yves Hamel, Responsable du Développement France et Bénélux de Canadian Solar, revient sur l'après-moratoire et l'énorme coup de frein qu'a connu cette année la profession. Et avance des éléments de réponse à la question : quel avenir pour la filière photovoltaïque française ?
Photovoltaïque : « les acteurs savaient pour la bulle spéculative » - Batiweb
Batiweb : Présentez-nous vos nouveaux modules ELPS

Yves Hamel : ELPS signifie Efficient Long-term Photovoltaic Solutions. C'est un système complet recourant à des cellules haute-efficacité et à la technologie MWT (Metal Wrap Through). Le principe est que les contacts liés aux lignes de connexion sont ramenés sur la face arrière, ce qui offre plus de surface active donc une meilleure efficacité de la cellule. En effet, en diminuant la métallisation en face avant, on augmente la productivité du panneau. Il n'y a en outre plus de soudure puisque la cellule est posée sur un « backsheet » conducteur, à l'image d'un circuit imprimé avec ses composants.

Parlez-nous de vos derniers appels d'offres remportés

Nous avons récemment remporté un grand nombre d'appels d'offre pour des projets supérieurs à 250 KW. Parmi les critères figure le prix mais ce n'est pas le seul. Ce sont des projets d'installations pour des institutionnels, des sociétés privées, des sociétés étrangères... Je pense notamment à deux projets menés conjointement avec Eosol, l'un à Villeneuve-de-Marsan dans les Landes pour 35.000 panneaux (10 MW), et l'autre à Saint-Léger en Charente pour 8 MW. Ce sont des centrales au sol, pour lesquelles ils avaient obtenu l'autorisation avant le moratoire.

« Les acteurs savaient qu'en 2010 une bulle spéculative s'était créée »

Justement rappelez-nous ce qui a suivi le moratoire

Après le moratoire de trois mois entre décembre 2010 et février 2011, tous les projets ont été suspendus. Il en est ressorti un décret finalisé en septembre dernier instaurant l'obligation d'émettre un appel d'offre pour les projets dont la puissance est supérieure à 250 KW. Le décret instaure aussi quelques critères nouveaux, notamment techniques et liés au bilan carbone, en plus du prix, du paiement, de la livraison et du respect des normes ISO 9001 et 14001. Pour les projets compris entre 100 et 250 KW il existe une autre procédure, mais elle reste peu utilisée car elle est compliquée et peu rentable. En dessous de 100 KW il existe une autorisation ErDF simplifiée.

Quel a été l'effet sur le marché de cette profonde refonte ?

Cela a été un coup de frein important pour la filière. A posteriori tous les acteurs étaient au courant qu'en 2010 une bulle spéculative s'était créée et qu'il fallait assainir le marché. Mais l'arrêt a été trop brutal et beaucoup d'acteurs ont été mis au tapis. Pour le particulier, la confiance a été entamée, c'est en effet le marché le plus touché par des effets d'annonce négatifs. Les centrales au sol ont été très touchées également. Mais l'année 2011 ne devrait pas être si mauvaise du fait de reliquats de PTF (proposition technique et financière). On devrait percevoir les effets de ce ralentissement début 2012.

« La machine s'est emballée et il y a eu un coup de frein brutal »

Comment expliquer ce revirement du gouvernement français ?

Ce revirement est surtout budgétaire. Le gouvernement n'a pas réalisé l'impact spéculatif de ses annonces. L'Allemagne et l'Espagne, qui ont une forte expérience en la matière, ont investi dans le marché français du photovoltaïque, avec des moyens importants. La machine s'est emballée et il y a eu un coup de frein brutal. En France, on estime que 5000 emplois ont été perdus en 2011.

Et ailleurs, en Europe, comment se comportent les marchés ?

Les tarifs d'achat de l'électricité ont globalement diminué un peu partout. C'est le cas notamment en Italie, en Allemagne, en Grande-Bretagne et en Belgique. Mais n'oublions pas que dans ces pays l'énergie est plus chère pour le consommateur. En France ce sera plus long d'obtenir la parité réseau. Au Danemark, la pratique assez répandue de l'auto-consommation permet de réduire sa facture. Il s'agit souvent d'un mix photovoltaïque + éolien. La Belgique est plus flexible et laisse le choix au consommateur d'auto-consommer ou de réinjecter sa production au réseau. En France, nous avons l'électricité la moins chère d'Europe. Quand la maintenance des centrales nucléaires sera intégrée aux tarifs de l'électricité, le photovoltaïque pourra peut-être se développer plus rapidement.

Propos recueillis par Laurent Perrin

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