ConnexionS'abonner
Fermer

Index BT/TP et ICPC : mode d’emploi

Publié le 31 août 2022

Partager : 

Les hausses de prix des matières premières continuent de sévir dans le BTP. Une tendance modifiant le cours des index BT/TP et de l’ICPC, deux types d’indicateurs utilisés pour refléter la variation des prix dans le secteur. Mais comment fonctionnent-ils ? Éclairage.
Index BT/TP et ICPC : mode d’emploi - Batiweb

On le sait : les hausses de prix des matières premières secouent le BTP, entre pénuries dues à la reprise au sortir de la pandémie et la guerre en Ukraine

À l’échelle de la France, des leviers ont été activés pour soutenir les entreprises du secteur, de la signature d’une charte de solidarité au raccourcissement des délais de publication des index de la construction

Ce dernier indicateur peut se confondre avec l’ICPC. Toutefois quelles sont les différences entre les deux ? Comment les calculer ?

Index et indice : quelle différence ? 

 

La différence entre ICPC et index BT/TP réside dans leur usage. 

L’indice des coûts de production dans la construction (ICPC) sert pour les analyses macroéconomiques et conjoncturelles de la construction à l’échelle nationale. Il peut être également appliqué dans le cadre de comparaisons internationales et dans l’élaboration d’agrégats au niveau européen. 

L’ICPC couvre tous les champs de la construction (bâtiments résidentiels, non résidentiels, génie civil...). Les comptables nationaux les utilisent comme déflateurs, c’est-à-dire comme moyen de mesure de l’inflation, en complément des indices des prix de la construction neuve, usage d’habitation, et des indices de prix d'entretien et amélioration des bâtiments.

La diffusion de l’ICPC est trimestrielle. Plus précisément, les données sont publiées au cours du troisième mois du trimestre sur le site insee.fr. Les informations sont révisables et s’accompagnent de commentaires fournis sous la forme d’informations rapides, également disponible sur le site de l’Insee. 

Les index, quant à eux, s’adressent aux entreprises, comme base pour établir les prix des contrats de chantiers. Leur objectif est de refléter l’évolution des coûts (hors marges, donc) subis par les entreprises de BTP. 

Les données sont publiées tous les mois, avec un délai de 80 jours après le mois considéré (M + 80), sans révisions. En raison des pénuries et de l’imprévisibilité de l’inflation côté matières premières, le décalage a été récemment revu à 45 jours (M + 45). Une réduction permettant de refléter plus rapidement les variations de prix. 

On distingue deux grandes catégories d’index :

  • Les index Bâtiment (BT), comptant 37 catégories associées à différents types de travaux. Deux index BT sont plus généralistes et s’avèrent moins appropriés à l’indexation des prix des marchés : le BT 01 – renvoyant aux travaux du neuf (tous corps d’état), et le BT 50 - travaux de rénovation.
  • Les index Travaux Publics (TP), où se côtoient 23 catégories. Seul l’index TP 01 (général tous travaux) se veut purement statistique et ne vise pas à indexer les contrats pour les travaux publics.

Comment sont calculés l’ICPC et les index BT/TP ?

 

Le mode de calcul entre l’ICPC et les index BT/TP sont à peu près similaires. 

Comme le rappelle la FNTP sur une fiche méthodologique dédiée, l’indice des coûts de production mesure la variation relative de la valeur entre la période de base et la période courante. Il s’obtient avec la méthode de comptabilité analytique « K,L,E,M,S,T,D », élaborée par les économistes de la productivité, expliquée dans une autre fiche de l'Insee.

Dans le détail, chaque lettre renvoie à différents postes de coûts de production, chacun nourri par deux sources. D’un côté le dispositif d’élaboration des statistiques annuelles d’entreprise (Esane), et les remontées comptables des chantiers des entreprises collectées par des fédérations comme la FFB ou la FNTP.

Ainsi, on relève : 

  • K = capital pour « matériel » (dotations aux amortissements sur immobilisation, crédit-bail mobilier, locations/charges locatives et de copropriété) ;
  • L = labour pour « travail » (salaires et traitements, charges sociales, sous-traitance). L’indice du travail de la construction est disponible chaque trimestre entre T+75 et T+80j, ce qui explique le délai de publication trimestrielle de ces indices ;
  • E = energy pour « énergie » (produits énergétiques utilisés comme combustibles). La composition change selon si elle s’applique dans le bâtiment qui utilise les camions (gazole routier), ou dans les travaux publics qui font appel à des sociétés de transports de marchandise (gazole routier et fioul lourd) ;
  • M = materials pour « matériaux » (achats de matières premières et autres approvisionnements, variations de stocks) ;
  • S = services pour « frais divers » ;
  • T = transport pour « transport » ;
  • D = détritus pour « déchets ».

Tableau explicatif de la méthode KLEMSTD de calcul de l'ICPC

Tableau explicatif de la méthode KLEMSTD de calcul de l'ICPC

Une fois l'ensemble de ces indices réunis, on compare à une base 100 par rapport à telle ou telle période. 

L’Insee rapporte : « Sur la période 1998 à 2015, l’agrégation est réalisée en utilisant des pondérations calculées sur l’année 2012. À partir de 2016, elle s’appuie sur des pondérations calculées sur l’année 2015. La série entière est ensuite obtenue par chaînage (calcul d’un coefficient de raccordement sur décembre 2015) des sous-séries. Cette évolution répond à une demande d’Eurostat destinée à améliorer la robustesse des indicateurs sur longue période ».

L'indice des coûts de construction : des exigences à l’échelle de l’UE

 

Selon l’annexe « B- construction » du règlement européen (CE) sur les statistiques conjoncturelles n° 1165/98 - modifié n° 1158/2005 -, les États-Membres doivent fournir des variables des coûts de la construction. 

Ces dernières doivent distinguer coûts des matériaux et coûts salariaux. Ils doivent correspondre la construction de bâtiments résidentiels neufs. C’est ce qui permet d’établir des comparaisons internationales et des agrégats à l’échelle européenne, comme évoqué plus haut.


Les index BT/TP, de leur côté, reposent sur la base 100 – 2010. Le calcul de tous les index BT s’appuie sur l’agrégation de six premiers grands postes de la méthode « K,L,E,M,S,T,D » : matériel, salaire et charges, énergie, matériaux, frais divers et transports. Les index TP, de leur côté, incluent le septième poste : déchets.

Où consulter l’ICPC et les index BT/TP ?

 

L’ICPC comme les index BT/TP sont calculés et diffusés par l’Insee. 

Les indices des coûts de construction sont disponibles sur le site de l’institut, aux onglets « Informations Rapides » et « Base de séries chronologiques »

Les index BT/TP sont quant à eux publiés dans la rubrique « Statistiques et études ». Des tableaux individuels mis à jour sont consacrés au BT 01, au TP 01 comme à tout autre domaine du bâtiment et des travaux publics. 


Virginie Kroun

Photo de Une : Adobe Stock 

Sur le même sujet

bloqueur de pub détecté sur votre navigateur

Les articles et les contenus de Batiweb sont rédigés par des journalistes et rédacteurs spécialisés. La publicité est une source de revenus essentielle pour nous permettre de vous proposer du contenu de qualité et accessible gratuitement. Merci pour votre compréhension.