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Un marché plombé

Publié le 12 avril 2004

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La chasse aux peintures au plomb est ouverte depuis 1998, pourtant rares sont les entreprises candidates au traitement. En effet, ces chantiers s’avèrent souvent difficiles à mettre en œuvre au regard de mesures de sécurité draconiennes imposées.
Un marché plombé - Batiweb
Dans une peinture au plomb, le principal danger est l’hydroxycarbonate de plomb, également appelé céruse. Ce composant, apprécié pour sa bonne tenue à l’humidité, a été interdit dans la formulation de peintures depuis 1948. Toute réhabilitation d’un immeuble datant de cette époque devrait donc commencer par un « diagnostic plomb », commandé par le maître d’ouvrage. Ce diagnostic est « positif » si la concentration de plomb est supérieure ou égale à 1mg/cm2. Mais la présence de plomb n’entraîne pas systématiquement son isolation. C’est cependant le cas s’il est accessible et s’il représente un danger immédiat pour les habitants de l’immeuble. Même dans ce cas, malgré les préconisations légales, l’éradication complète du plomb est une solution rarement envisagée, car jugée trop lourde et trop chère. Le plus souvent, on s’efforce de recouvrir les zones à risque à l’aide de plaques de plâtre, entoilage, lambris. Une solution de pis aller qui condamne à un éternel recommencement.

Ces travaux « palliatifs » peuvent cependant eux aussi s’avérer dangereux dès lors qu’on doit procéder à des perçages ou à des démolitions. Car le vrai danger, autant pour les habitants que pour les ouvriers, c’est la poussière de plomb, véritable poison volant. En l’absence d’un cadre réglementaire strict, chaque entreprise doit donc définir son mode d’intervention au cas par cas. Quelques règles sont néanmoins immuables. En premier lieu, l’accès aux zones contaminées doit être strictement réglementé. Les zones de travail sont compartimentées par l’installation de « rideaux » en plastique. Les sols sont couverts de feuilles polyane et chaque ouverture doit être calfeutrée. Le nettoyage des zones de travail doit en outre être impérativement effectué chaque jour avec un aspirateur à filtre absolu. Ensuite, afin de minimiser les disséminations, un « « déprimogène » avec filtre à très haute efficacité permet de rabattre les poussières vers le sol. Tous les déchets sont ensuite conditionnés en sacs étanches et stockés dans un local spécifiquement dédié à cet usage.

A cause du caractère potentiellement dangereux de ce type de travaux, ceux-ci sont réservés à un personnel formé, âgé de 18 ans minimum et surveillé médicalement. En matière de protection personnelle, les ouvriers doivent disposer au moins d’un appareil respiratoire de type P3, adapté au niveau de risque et à la durée de l’exposition. Ils doivent aussi avoir des gants en matière imperméable aux produits manipulés, des combinaisons jetables avec capuche et des bottes ou chaussures de sécurité.

Dernier casse-tête pour les entreprises, l’élimination des déchets contenant du plomb suppose un tri sélectif et l’établissement de « bordereaux de déchets » . Les sacs étanches, doivent présenter des mentions telles que l’origine, le maître d’ouvrage et la nature des déchets. Le traitement et le stockage se fait en fonction de leur teneur en plomb : pour moins de 50 mg/kg l’élimination en centre d’enfouissement technique (CET) de classe 2 peut s’avérer suffisant ; entre 50 et 100 mg/kg les déchets doivent être stabilisés avant d’être envoyés en CET de classe 1 ; pour les déchets dépassant les 100 mg/kg un traitement spécifique en centre agrée est nécessaire avant leur stockage en CET de classe 1.

Quoi qu’il en soit, la remise en état de locaux avec de la peinture au plomb est une tâche ingrate, compliquée et, faut-il le rappeler, dangereuse. Pour aider les professionnels, l’OPPBTP, la FFB et le CEBTP ont réalisé conjointement le guide « Peintures au plomb », tandis qu’un guide méthodologique pour la réalisation de l’état des risques d’accessibilité au plomb est en ligne sur le site du Ministère du Logement. En attendant une réglementation officielle, il faudra se contenter de ces indications. En attendant, même si l’approche de ce marché reste techniquement difficile, il présente un réel intérêt. D’abord parce qu’il est porté par une obligation légale à laquelle les maîtres d’ouvrage devront un jour ou l’autre satisfaire, ensuite parce que sa sophistication induit une plus value non négligeable. Si on y ajoute le manque de candidat, il peu donc devenir, en particulier lors des creux du carnet de commande, une opportunité très intéressante pour les entreprises de peinture ou les généralistes.

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