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Architectes face à la crise : un optimisme mesuré

Publié le 04 novembre 2010

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Fortement impactée par la crise, la profession d'architecte voit son activité se stabiliser. L'optimisme face à l'avenir est toutefois très mesuré, au sein d'une profession inquiète dont seulement un tiers des professionnels prévoit une sortie de crise en 2011, indique un observatoire Ifop.
Architectes face à la crise : un optimisme mesuré - Batiweb

"La profession face à la crise" est l'intitulé d'un observatoire que réalise l'Ifop tous les trois ans, en partenariat avec l'Ordre national des architectes. Un questionnaire principalement porté sur la dimension économique, et lancé en 2005, suivi d'une seconde vague en 2008, la prochaine étant naturellement attendue pour 2011. Mais déjà des sondages intermédiaires permettent de prendre la température en cette fin d'année 2010 (sondage réalisé du 20 au 24 septembre sur un échantillon de 802 architectes inscrits à l'ordre).

Parmi les questions traitées, celle du nombre de commandes fermes. Celles-ci sont passées en moyenne de 16,8 en 2008 à 11,4 aujourd'hui (septembre 2010). "Ce sont surtout les agences à gros chiffre d'affaire qui ont réduit leur nombre de commandes. Ainsi, les agences dont le CA est supérieur à 500.000€ ont vu leurs commandes passer de 21 à 18 entre mars et septembre 2010", explique Damien Philippot, directeur de clientèle à l'Ifop.

Le chiffre d'affaire moyen au cours des trois dernières années est quant à lui passé de de 278.480€ en 2008 à 306.178€ aujourd'hui. Explications du spécialiste : "les agences avec un tout petit CA sont beaucoup moins nombreuses qu'en mars 2010". Ont-elles disparues ? La question mérite d'être posée, mais la réponse n'est pas encore connue... "La crise a fortement impacté le secteur mais les chantiers ne se sont pas arrêtés net. On peut penser que la tendance est à la stabilisation. Le nombre moyen de commandes aurait tendance à diminuer mais au profit de plus grosses commandes. Et puis, il y a toujours un décalage dû aux paiements d'honoraires", précise Dominique Gendre, architecte et conseiller national de l'Ordre, qui a participé à l'analyse des résultats du sondage.

Au sujet des honoraires justement, il s'agit selon l'étude du premier "sacrifice" que les architectes sont prêts à faire pour affronter la crise. Viennent ensuite l'élargissement de la zone d'activité, l'ouverture à des activités annexes et l'augmentation du contenu de la mission pour le même prix (ce qui revient au même que la baisse des honoraires).

Commandes publiques

On constate par ailleurs que de plus en plus d'agences se tournent vers les concours publics (63% contre 55% en 2008), et pour certains plus encore qu'avant la crise (27% contre 38% en 2009). La commande publique qui, au plus fort de la crise, avait permis de soutenir l'activité, a également permis aux grosses agences de moins souffrir de la crise. Ce qui n'empêche pas la commande privée de reprendre une part de plus en plus importante ces derniers mois.

Conclusions de M. Gendre : "On a eu très peur. Heureusement l'amélioration se stabilise, mais certains indicateurs restent inquiétants, comme par exemple la diminution du nombre de commandes publiques. L'optimisme face à l'avenir reste très mesuré, et la profession est toujours inquiète face à la crise. A cela se rajoute d'autres phénomènes comme les PPP (partenariats publique-privé) et le CPE (contrat de performance énergétique), qui font que quantités de marchés risquent d'être confisqués aux architectes. La profession se redresse donc, mais ce n'est pas encore triomphal".

On en saura plus au printemps 2011 avec les résultats de l'enquête complète, qui comportera un volet "crise" et, peut-on espérer, une approche qualitative pour une lecture plus fine de ces éléments déjà très instructifs.

Laurent Perrin

 

 

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