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Au bon temps de l'air comprimé…

Publié le 21 janvier 2002

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Voici plus d'un siècle maintenant, Paris vivait à l'heure de l'air comprimé. Rare témoin de ces temps prestigieux, la petite usine de la Sudac dans le XIIIème arrondissement
Au bon temps de l'air comprimé… - Batiweb
Il fut un temps, pas si lointain, où le progrès était une véritable religion. Les grands prêtres en étaient Auguste Comte, Charles Fourier et autre Gustave Eiffel. Mais leur univers n'était pas fait que d'utopies. Certains de leurs rêves se sont réalisés. Dans l'ordre des croyances, il fut une énergie à laquelle on prédisait un univers radieux : l'air comprimé. Pas l'électricité, dont les Soviétiques feront une fée, pas le gaz, non, l'air comprimé. Autre témérité de ces temps, on ne rêve pas encore de la ville à la campagne mais bien des usines dans la ville, comme ce fut, et demeure, le cas à Lyon. Il en était de même à Paris. C'est ainsi qu'entre la gare d'Austerlitz et de Lyon, se trouvait une vaste zone industrielle dont on retrouve toute la rude poésie dans les polars "parisiens" de Léo Malet, notamment "Brouillard au pont de Tolbiac". Dans ce Sud-Est parisien, le long des quais, s'élevaient, majestueux, les entrepôts frigorifiques, les Grands Moulins de Paris et surtout l'usine de la Sudac. La Sudac, cela ne nous dit plus grand chose aujourd'hui. Et pourtant, cette usine fournissait la capitale en air comprimé. Et c'est fou ce qui fonctionnait à l'air comprimé à l'époque : non seulement tout le réseau souterrain des pneumatiques de La Poste (et ce jusqu'en 1970), mais aussi toutes les horloges parisiennes, notamment toutes celles des Chemins de fer, les ascenseurs, les petites entreprises artisanales. De cette industrie promise à un bel avenir, il ne reste plus aujourd'hui qu'un petit bâtiment qui hurle sa misère d'être l'un des derniers représentants, intra muros, de cette magnifique architecture industrielle. Coincé entre un pavillon et un hideux bâtiment "moderne", il ne doit sa survie qu'à sa classification à l'inventaire supplémentaire des Monuments historiques. Apothéose de l'architecture métallique, la Sudac, édifié en 1891 par l'ingénieur Joseph Leclaire, était composé à l'origine de quatre nefs métalliques, trois petites et une grande, accolées les unes aux autres, surmontées par les deux cheminées des machines à vapeur. Fer, brique vernissée polychrome et verre étaient les seuls et uniques matériaux. La structure, quant à elle, est consolidée par d'énormes poutrelles à treillis métalliques en forme de croix de Saint André. Aujourd'hui, ultime témoignage, il ne reste qu'une seule halle métallique qui détone dans le paysage. Voilà belle lurette qu'on a mis à bas sa sœur jumelle, en béton, ainsi que les logements et bureaux qui complétaient l'ensemble. Alors que faire de la Sudac dans ce quartier désormais dévasté et entièrement rénové de la Grande Bibliothèque, où même le pont de Tolbiac a été démonté ? Personne aujourd’hui ne statue sur l’avenir de la Sudac. Avec un peu de chance son nom, comme son voisin, le quartier de Bercy, deviendra celui d’un quartier ou l’air, pour le compte, aura le petit goût d’une drôle d’histoire…

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