« Y aura-t-il encore demain dans nos villes et dans nos paysages une création architecturale qui respecte et enrichisse notre patrimoine et qui soit à la hauteur de l’ambition et des droits à partager par tous ? Y aura-t-il encore demain des architectes pour la concevoir ? », s'est interrogée Marie-Françoise Manière, présidente de l'Union des architectes, à l'occasion du Congrès de Saint-Etienne qui s'est tenu du 23 au 25 octobre.

Depuis quelques mois, la profession est en effet la cible de plusieurs réformes, vécues comme des attaques à la création architecturale. « Rappelons ici la concurrence déloyale des Sociétés Publiques Locales d'Ingénierie, et demain celle des Sociétés Publiques de Performances Energétiques pour la rénovation, la loi MOP dévoyée et bafouée au profit des conceptions-réalisations, des PPP et demain des "partenariats d'innovation", les contrats privés de plus en plus restreints au simple dépôt du Permis de construire, l'exclusion des architectes des marchés de rénovation dans le projet de Loi sur la transition énergétique et le dumping des honoraires, le choix de l'architecte sur le critère du prix le plus bas, » a énuméré la présidente de l'Unsfa.

Fleur Pellerin, grande absente des débats

Face à la virulence des critiques envers la profession d'architecte, Marie-Françoise Manière a interpellé la ministre de la Culture, Fleur Pellerin, dont elle a regretté « encore une fois » l'absence au Congrès.

« Nos ministres auraient-ils peur des architectes ? Oublient-ils les les 70 000 personnes qui travaillent dans notre secteur ? Il est certainement plus facile de remettre des prix prestigieux d'architecture, d'assister à des colloques ou de tweeter des félicitations que de venir rencontrer ces professionnels et d'affronter leur quotidien. Mais nous ne pouvons nous en satisfaire », a-t-elle fustigé.

L'unsfa a donc demandé à la Ministre « la prise en considération de notre profession, dont elle assure la tutelle, et pas seulement la starisation de l'architecture » et de tenir la promesse de François Hollande. Dans un courrier de 2012, adressé à l'Unsfa, le président de la République avait affirmé : « Ce qu'il faut défendre avec vigueur, c'est la valeur de l'architecture pour notre société et celle de ceux qui la conçoivent et la produisent.»

Plus d'architectes

En interne, l'Unsfa souhaite mobiliser ses troupes sur le thème « Plus d'architectes pour plus d'architecture » avec :
- plus de professionnels compétents dans les agences pour répondre à l'étendue et aux spécificités des missions
- plus d'architectes praticiens enseignant dans les écoles et une vraie mise en situation professionnelle des jeunes diplômés
- plus d'architectes dans la maîtrise d'ouvrage
- plus de bâtiments réalisés sous l’égide de la profession, y compris pour les petits projets.

« L’architecte doit être replacé au centre de la construction du quotidien », a souligné la présidente, citant ainsi le rapport Bloche sur la création architecturale, en créant « un désir d'architecture ».

C.T
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