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(Diaporama) Jean Prouvé, avant-gardiste ignoré de son temps

Publié le 09 novembre 2010

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Jean Prouvé est connu pour avoir tenté une industrialisation de l'habitat, dans une période marquée par l'urgence de reconstruire. Inventeur de structures standardisées et modulables, il fut peu compris de son temps. L'une de ses réalisations pour l'école provisoire à Villejuif, était visible récemment à la Monnaie de Paris.
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Jean Prouvé (1901 – 1984) a grandi entouré de l'énergie créative du collectif artistique de son père Victor, l'École de Nancy. Cette école voulait rendre l'art accessible à tous, forger une relation entre l'art et l'industrie, et articuler des liens entre art et conscience sociale.

Jean Prouvé fait son apprentissage auprès du forgeron Émile Robert puis à l'atelier de Paul Szabo, ferronnier d'art. Il ouvre son propre atelier à Nancy en 1923, à tout juste 22 ans. Il produit alors des lampes en fer, des chandeliers, et se met à dessiner des meubles. À partir de 1931 il collabore avec les architectes Eugène Beaudouin et Marcel Lods sur des projets comme la
Maison du Peuple à Clichy ou le club-house Roland-Garros de l'aérodrome de Buc (Yvelines). Il a également travaillé avec Charlotte Perriand et Pierre Jeanneret (cousin du Corbusier) sur une série de meubles.

Reconstruction

Pendant la guerre (39-45), les Ateliers Jean Prouvé fabriquent des bicyclettes et un poêle à fioul baptisé "Pyrobal". L'ingénieur-constructeur a aussi été actif politiquement pendant cette période, en tant que membre de la Résistance, ce qui lui a valu le titre de maire de Nancy en 1944. Après la guerre, les Ateliers furent commissionnés par le Ministère de la Reconstruction pour produire en masse des maisons de réfugiés.

Jean Prouvé fait construire en 1947 l'
usine de Maxéville, où sont fabriqués des meubles et où il entreprend des recherches poussées sur l'utilisation de l'aluminium. Ces recherches mènent à la construction de bâtiments industriels en aluminium ; mais aussi à celle de baraquements d'urgence. En conflit avec les actionnaires de son usine, il en démissionne et récupère ce qu'il peut dans les ateliers pour construire sa maison sur les collines dominant Nancy. Comme le reste de son œuvre, celle-ci est fonctionnelle, rationnelle : sa forme découle précisément de ses besoins, et non l'inverse.

Avant-gardiste

Après Maxéville, il lance les Constructions Jean Prouvé dont les principales réalisations sont un café à Evian, le
pavillon du Centenaire de l'aluminium et la maison de l'Abbé Pierre. En 1957 il construit la Faculté de médecine de Rotterdam (Pays-Bas), le Palais des expositions de Grenoble et les façades du Terminal d'Orly-Sud. Cette même année il construit trois structures nomades pour une école provisoire à Villejuif, dont l'une abritait récemment l'exposition "Le Corbusier / Pierre Jeanneret : l'aventure indienne" à la Monnaie de Paris. Cette structure, standardisée et modulable, repose sur un principe constructif novateur : la béquille asymétrique.

Jean Prouvé voulait construire de grands ensembles et rêvait d'usiner les maisons comme les automobiles. Selon lui, l'industrialisation de l'habitat aurait pu permettre d'en améliorer la qualité et d'en réduire les coûts. C'était sans compter les réticences des pouvoirs publics, des organismes de contrôle technique du bâtiment, et de certains architectes. La réalité financière l'a vite rattrapé, et le manque de confiance des investisseurs en ses idées n'a pas permis de concrétiser celles-ci, pourtant avant-gardistes sur de nombreux points (standardisation, modularité, préfabrication, démontabilité).

Laurent Perrin

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