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Grenoble ne financera pas le projet de LGV Lyon-Turin

Publié le 19 avril 2016

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La municipalité EELV de Grenoble a voté, lundi 18 avril, le retrait financier de la ville dans le projet de nouvelle liaison ferroviaire à grande vitesse Lyon-Turin, qui représente un coût estimé à 26 milliards d’euros. Paraphé en 2007 durant le dernier mandat de l’ancien maire socialiste Michel Destot, le protocole d’intention engageait Grenoble et ses partenaires à une participation financière de 130 millions d’euros.
Grenoble ne financera pas le projet de LGV Lyon-Turin - Batiweb
Grenoble ne financera pas le projet de liaison ferroviaire à grande vitesse (LGV) Lyon-Turin. La décision a été prise lundi 18 avril lors du conseil municipal.

Pour rappel, c’est en 2002 que la ville adoptait le protocole d’intention daté de la même année, relatif à la LGV Lyon-Sillon alpin et au tunnel ferroviaire de Chartreuse, des projets d’infrastructures indispensables à la réalisation du tunnel international entre la France et l’Italie dans le cadre d’une nouvelle liaison transalpine entre Lyon et Turin.

En 2007, Michel Destot, alors maire de Grenoble, signait à la préfecture de la Région Rhône-Alpes un deuxième protocole d’intention, annulant et remplaçant le précédent. La ville s’engageait ainsi à financer une partie du projet de LGV Lyon-Turin.

Mais alors qu’en 2002, Grenoble et ses partenaires devaient participer au projet à hauteur de 53 millions d’euros, ce montant atteignait 130 millions d’euros en 2007.

Un financement contesté 

Dans un communiqué, le Rassemblement citoyen de la gauche et des écologistes (RCGE) de Grenoble révèle que le coût du projet pour la seule partie française a lui aussi fortement augmenté passant de 2,75 milliards d’euros en 2002 à 11 milliards d’euros en 2012, pour un coût global de 26 milliards d’euros.

Comment expliquer un tel accroissement des coûts ? Tout simplement par le fait que le projet de liaison ferroviaire à grande vitesse (LGV) Lyon-Turin a été pensé « il y a 25 ans pour répondre à des projections » qui aujourd’hui sont totalement « erronées », souligne le RGCE.

En effet, le groupe d’élus explique qu’en 1991 « les projections prévoyaient une fréquentation de 19 millions de passagers par an sur la ligne », contre « 4 millions en 2012, soit presque cinq fois moins ».

Interrogé par l’AFP, le maire EELV de Grenoble, Eric Piolle, a lui précisé que le projet avait été conçu « sur des hypothèses de développement de transport de marchandises délirantes, puisqu’elles sont en baisse depuis 20 ans ».

Investir dans des projets « plus utiles »

Grenoble est devenue la première collectivité à se désengager du projet parmi les 13 collectivités signataires du protocole d’accord de financement, dont le montant s’établit à un milliard d’euros.

« En se rétractant (…) la Ville de Grenoble affirme son soutien au développement d’alternatives moins coûteuses et plus efficaces », se réjouit le RCGE.

Jérôme Cucarollo, porte-parole d’EELV Rhône-Alpes s’est lui aussi exprimé sur le sujet en déclarant : « Ce projet d’un autre temps, dont les coûts ne cessent de déraper alors que le chantier n’en est qu’au commencement, est déjà un gouffre financier qui n’a jamais su démontrer son utilité ».

EELV Rhône-Alpes rappelle dans un communiqué « qu’une ligne de ferroutage de grande capacité existe déjà par le tunnel de Mont-Cenis. Récemment mise aux normes internationales pour 900 millions d’euros », les capacités de cette ligne ne sont mobilisées qu’à 18%.

Le parti écologiste exige que « la priorité soit donnée à l’exploitation du réseau existant, tant pour le transport de marchandises que pour les trains de voyageurs », une position également défendue par Eric Piolle qui se dit « favorable à la modernisation des réseaux ferrés existants, où circulent les trains du quotidien, pour permettre une sécurisation des temps de parcours, fragiles aujourd'hui ».

La délibération présentée hier suggérait en effet aux élus « d'affirmer [leur] soutien aux politiques de développement des transports en commun locaux et régionaux, ainsi qu'aux politiques de report modal immédiat de la route vers le rail en utilisant, modernisant et adaptant les infrastructures ferroviaires existantes ».

Un retrait financier critiqué

Dans un communiqué, l'Association pour le développement des transports en commun, voies cyclables et piétonnes de la région grenobloise (ADTC) a estimé qu'en se retirant, « la ville de Grenoble va à l'encontre des besoins des usagers ».

« Cette ligne permettrait de dé-saturer la ligne Lyon-Grenoble & Chambéry, [...] réduire les temps de parcours et trouver une solution au développement du trafic périurbain autour de Lyon », a-t-elle ajouté.

Elle rappelle enfin que le protocole d’intention « concerne la ligne d'accès au tunnel de base Lyon-Turin, et non le tunnel lui-même, qui est financé par l'Europe et les États français et italiens ».

R.C (Avec AFP)
Photo de une : ©Fotolia

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