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Stade Pierre-Mauroy à Lille : nouveau recours en justice d'une association écologiste

Publié le 16 avril 2014

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L'association Nord-Ecologie conseil (NEC), présidée par Alfred Leclercq, a déposé un nouveau recours début avril contre Eiffage, constructeur et exploitant du grand stade Pierre-Mauroy à Lille. L'association accuse le groupe de ne pas avoir eu certaines autorisations pour le comblement des carrières, sous le stade. L'association craint une pollution de la nappe phréatique.
Stade Pierre-Mauroy à Lille : nouveau recours en justice d'une association écologiste - Batiweb

L'indignation est encore palpable dans la voix d'Alfred Leclercq, président de l'association Nord-Ecologie Conseil, dénonçant « un black out » de la part d'Eiffage, de la préfecture et de la communauté urbaine lilloise (LMCU). Ce militant écologiste s'est en effet heurté à un mur lorsqu'il a demandé des comptes à la société Eiffage et à la préfecture sur le comblement des carrières par injection de coulis, effectué avant la construction du grand stade Pierre Mauroy de Lille inauguré en août 2012.

Depuis plus de quatre ans, l'association tente en vain de comprendre les choix qui ont été faits et déplore les risques pris pour l'environnement. « Dans le projet initial, les galeries devaient être creusée puis comblées avec du calcaire, provenant du site initial. Une chape de béton devait ensuite être apposée par dessus, ce qui ne comportait aucun risque pour la nappe phréatique située en dessous. Puis, l'entreprise a décidé de changer de techniques sans se justifier », explique Alfred Leclercq.

Elisa, filiale d'Eiffage, utilise à l'époque la technique de l'injection de coulis de béton pour combler les cavités. Un hydrogéologue agréé rend un avis favorable à l'utilisation de deux coulis, l'un est un mélange de limons-Sidmix et l'autre un mélange de cendres volantes-ROC-AS. « Notre première inquiétude portait sur ces cendres qui ont concentré les composants du charbon, dans lesquels on retrouve des éléments radioactifs comme le polonium ou l'uranium. Si ces cendres arrivent au contact de l'eau, les substances seront libérées et pollueront la nappe phréatique. Pourquoi prendre un tel risque ? », s'interroge le président de cette association écologiste, dont la plainte pour « pollution de la nappe phréatique » déposée en juillet 2012 a été rejetée.

Des autorisations manquent à l'appel

Puis, l'association s'aperçoit qu'il existe d'autres irrégularités dans l'utilisation de cette technique. « Il n'y a pas eu deux coulis utilisés, comme prévu dans l'autorisation d'exploitation, et validés par l'hydrogéologue, mais bien trois », affirme Alfred Leclercq, « Où sont les études pour ce troisième coulis et où est l'autorisation ? ». De plus, « l'autorisation d'exploitation prévoyait une centrale à béton et un stockage de déblais issus du site, alors que finalement il y a eu deux centrales à coulis et un stockage de cendres radioactives à l'air libre, ce n'est tout de même pas la même chose. Tout cela aurait dû faire l'objet d'autorisations, dont on ne trouve pas traces. C'est une faute, répréhensible par la loi. Mais au final, l'entreprise a fait ce qu'elle voulait et les autorités n'ont fait que soutenir ses choix », s'emporte-t-il.

Malgré un avis favorable de la Commission d'accès aux documents administratifs (CADA), l'association n'a pas obtenue de copie de ces autorisations « qui n'existent probablement pas », avance Alfred Leclercq.

Par l'intermédiaire de son conseil, Me rancourt, l'association a donc décidé de demander au « tribunal administratif d'enjoindre la préfecture à nous communiquer les documents ».

« Nous attendons qu'il y ait une reconnaissance sur le fait que la préfecture n'a pas fait respecter ses propres textes et qu'elle n'a pas défendu l'intérêt public. Ensuite, nous souhaitons qu'un protocole de suivi des coulis soit mis en place pour évaluer leur évolution dans le temps et réagir au plus vite s'ils montrent des signes de défaillances, » détaille l'écologiste. Contacté par la rédaction, le groupe Eiffage n'a pas répondu à nos sollicitations d'interview.

« Finalement, quand on voit tous les problèmes générés par la construction de ce grand stade, on se demande s'il était nécessaire d'engager la communauté sur 30 ans pour une équipe de foot », conclut quelque peu écoeuré Alfred Leclercq.

Claire Thibault

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