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Réglementation Environnementale 2020 (RE2020),  tout ce qu’il faut savoir

Publié le 04 mai 2021

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La RE2020 est le projet du gouvernement pour une nouvelle réglementation environnementale des bâtiments neufs, qui viendra remplacer l'actuelle RT2012. Le but de cette nouvelle réglementation est de diminuer l'empreinte carbone des bâtiments et d’en améliorer leurs performances thermiques. Un projet qui a connu, et connaît encore, de nombreuses évolutions.
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Genèse de la réglementation

 

La Réglementation Environnementale 2020 (RE2020), est la nouvelle réglementation qui remplacera l'actuelle Réglementation Thermique 2012 (RT2012). D’abord appelée RT2020, elle se voit vite renommée RBR2020, pour Réglementation Bâtiment Responsable 2020, car elle va au-delà des simples critères thermiques. Sont ajoutés des critères qui s'appliquent à toute la vie du bâtiment, comme la réduction des gaz à effet de serre, la gestion générale de l’énergie et l’usage de matériaux sains et biosourcés. 

Les étés caniculaires de ces dernières années, ainsi que les problèmes de pollution et de qualité de l’air ont encore fait évoluer le projet, qui s'appelle aujourd’hui, Réglementation Environnementale 2020 ou RE2020.

 

Prévue initialement pour une application au 1er janvier 2020, la crise sanitaire, les polémiques avec les acteurs du secteur et les évolutions importantes du projet ont retardé sa mise en application. La nouvelle réglementation est maintenant prévue pour janvier 2022 pour les logements, les bureaux et l’enseignement. Les permis de construire déposés après l’été 2021 devront prendre en compte la nouvelle réglementation. Les bâtiments du tertiaire quant à eux feront l’objet d’un volet ultérieur de la réglementation.

 

Une expérimentation nommée E+C- avait été mise en place à partir de 2016 afin de tester en réel les différentes hypothèses à prendre en compte dans le cadre de la future RE 2020.

 

Ambitions et objectifs de la RE2020

 

La Réglementation Environnementale 2020 s’appliquera aux bâtiments neufs et doit contribuer à la lutte contre le changement climatique, en apportant des solutions pour s’y adapter. Cette réglementation se veut plus ambitieuse que les précédentes, afin respecter les engagements pris par le gouvernement dans sa loi Énergie Climat et plus généralement à l’occasion de la COP 21

En effet, la France s’est engagée à atteindre la neutralité carbone d’ici 2050.

Pour ce faire, le gouvernement a décidé d’agir sur les émissions des bâtiments du secteur résidentiel et du tertiaire qui représentent “un quart des émissions nationales de gaz à effet de serre”.

 

Trois grands axes composent cette nouvelle réglementation :

 

  • “Diminuer l’impact sur le climat des bâtiments neufs”, pour inciter les acteurs du secteur à utiliser “des modes constructifs qui émettent peu de gaz à effet de serre ou qui permettent d’en stocker, tels que le recours aux matériaux biosourcés”. Mais aussi de favoriser la consommation de sources d’énergie décarbonées, comme la chaleur renouvelable.

 

  • “Poursuivre l’amélioration de la performance énergétique et la baisse des consommations des bâtiments neufs.” La nouvelle réglementation veut aller encore plus loin que celle en place, particulièrement sur la performance de l’isolation et ce, quel que soit le mode de chauffage installé. Cela passe par “le renforcement de l’indicateur de besoin bioclimatique dit Bbio”.

 

  • “Garantir aux habitants que leur logement sera adapté aux conditions climatiques futures, en introduisant un objectif de confort en été.” Avec des épisodes caniculaires de plus en plus fréquents et intenses du fait du changement climatique, les bâtiments devront y être mieux préparés. 

 

Évolutions et nouveautés apportées par la RE2020

 

La nouvelle réglementation apportera son lot d’évolutions par rapport à la RT2012, mais aussi des nouveautés. Le but étant, comme nous l’avons vu, de réduire l’impact écologique des constructions neuves. De nouvelles règles qui vont demander une forte capacité d’adaptation de la part des professionnels du bâtiment. 

 

  • Les logements individuels ne devront pas dépasser un plafond d'émission de dioxyde de carbone pour la consommation d'énergie, de 4 kilos de CO2 par mètre carré et par an.
  • La consommation de chauffage devra être inférieure à 12 kWhep/m2.
  • La consommation totale d’énergie devra être inférieure à 100 kWh/m², soit deux fois moins que dans la RT2012.
  • Les logements neufs devront adopter un bilan énergétique passif. Signifiant qu’une maison devra produire autant d'énergie qu’elle n’en consomme. 
  • Limitation des émissions de CO2 liées à la phase de construction du bâtiment. Utilisation de matériaux biosourcés et renouvelables, y compris dans le gros œuvre. 

 

Des changements importants pour la filière. Les nouveaux plafonds de CO2 auront pour conséquence à terme, la fin du chauffage au gaz, pour laisser place aux pompes à chaleur, aux chauffages à granulés de bois et surtout à l’électrique. (À noter que suite à des négociations, le gaz sera encore autorisé jusqu’à la fin 2023.)

 

Le bilan énergétique passif imposera sûrement aux constructeurs la pose systématique de panneaux solaires et de ballons thermodynamiques pour présenter un bilan passif, voire positif.  

Quant au choix de privilégier les matériaux biosourcés et renouvelables, il aura pour impact de faire la part belle aux bâtiments en bois (ossature bois ou autres solutions) aux dépens du béton et de l’acier. Les laines minérales, elles, devront être remplacées par des matériaux plus vertueux comme le chanvre, le bois ou la ouate de cellulose. Des choix forts, qui ont beaucoup fait réagir.

 

 

Réactions des professionnels du BTP

 

La Réglementation Environnementale 2020 a fait beaucoup réagir tous les acteurs du secteur. Certains se retrouvant perdant et d’autres gagnants.

 

Les choix faits par la RE2020 avantageront tout d’abord la filière de l'électrique. Panneaux solaires, pompes à chaleurs, le gouvernement fait le choix du “tout électrique". Choix qui annonce donc à terme, la fin du chauffage au fioul et au gaz dans les bâtiments neufs. 

Les professionnels du secteur du gaz sont donc en colère, accusant le gouvernement d’incohérences. La RT2012 a pendant des années insisté sur l’utilisation de chaudières à gaz alors que la RE2020 les rend tout simplement impossibles.

Même si comme nous l’avons vu, suite à des négociations, le gaz sera encore autorisé jusqu’à la fin 2023. 

 

Certains spécialistes de l’efficacité énergétique ont également signé une pétition, estimant que le “tout électrique” est une régression et que les calculs du gouvernement quant au coefficient de conversion CO2 de l’électricité, ne sont pas les bons. À noter cependant que tous les experts ne semblent pas être d’accord sur ce point.

 

Une chose est sûre, depuis son annonce, la grande majorité du secteur s’est opposée à la RE2020. La filière béton en tête, qui représente le gros de la construction neuve et qui est la plus impactée, au profit des ossatures bois entre autres. Elle reproche au gouvernement de donner une trop grande importance aux matériaux biosourcés. Argumentant que même si écologique, le bois devra alors être sourcé aux quatre coins du monde pour répondre à la demande. Son bilan écologique sera alors bien plus lourd. 

 

Toute la filière partage un sentiment commun : le gouvernement en demande trop et trop vite. Des négociations sont en cours entre la Fédération Française des Constructeurs de Maisons, la Fédération Française du Bâtiment et le gouvernement. Gouvernement qui semble enclin à donner plus de temps aux professionnels pour se préparer. 

 

Les matériaux biosourcés seront les matériaux de demain, mais vers quelles solutions se tourner ?

 

Les matériaux biosourcés vont jouer un rôle important dans la nouvelle réglementation et deviendront la nouvelle norme pour les professionnels du bâtiment. Pour être considérés comme biosourcés, ils doivent être produits avec de la matière organique renouvelable d’origine végétale ou animale. Ils ne doivent donc pas provenir de l’industrie pétrochimique, mais “du vivant”. Cela ne signifie pas pour autant qu’ils sont 100% naturels ou écologiques. Certains produits nécessitent l’ajout d’additifs chimiques ou même d’être transportés sur de longues distances. Il sera donc préférable d’utiliser des matériaux biosourcés locaux si possible.

 

Des solutions existent cependant déjà pour répondre à la future réglementation. Prenons l’exemple du bois. La laine de bois est un isolant aux performances à peu près équivalentes aux produits traditionnels, comme la laine de roche ou la laine de verre. Elle aura cependant l’avantage d’apporter des qualités de déphasage et d'isolation thermique important sur le confort d’été. Elle favorise également l'évacuation de l'humidité et réduit les problèmes liés à la condensation et à la moisissure. Le bois pourra aussi être utilisé pour les structures porteuses, le bardage, les menuiseries et les panneaux

de bois. Le liège, la paille et le chanvre sont également d’autres alternatives disponibles. 

 

Pour la construction, il sera possible d’utiliser du béton de chanvre, présenté sous forme de blocs, qui pourra se monter à sec, sur une structure poteau-poutre. Ou encore des blocs de bois ou de miscanthus, une plante vivace produite localement.

Rappelons également que les maisons utilisant ossature, panneaux ou poteaux-poutres en bois sont biosourcées.

 

Les matériaux biosourcés restent cependant, et pour le moment, plus chers. La filière devra donc s’organiser pour devenir aussi compétitive que les matériaux dits traditionnels. 

 

La nouvelle RE2020 va être, à n’en pas douter, un tournant dans l’industrie du bâtiment, même si elle est aujourd'hui un sujet de discorde entre les différents acteurs. Les professionnels devront s’organiser et s’adapter à ses nouvelles contraintes, ce qui aura pour effet de redistribuer les cartes. Des discussions sont encore en cours entre le gouvernement et les acteurs de la filière. Discussions qui devraient encore faire évoluer la réglementation dans les prochains mois.

 
Elsa Bourdot
Images D.R. CAPEB

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