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Expoprotection : « Il faut intégrer la gestion des risques en amont » (J.F Sol Dourdin)

Publié le 03 novembre 2008

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Le salon Expoprotection se tiendra du 4 au 7 novembre à Paris-Nord Villepinte (hall 5). Entretien avec son commissaire Jean-François Sol Dourdin qui revient avec nous sur la situation globale de la gestion des risques en entreprise. Et notamment l'état actuel de la législation sur les accidents de travail et la sécurité urbaine.
Expoprotection : « Il faut intégrer la gestion des risques en amont » (J.F Sol Dourdin) - Batiweb
Batiweb : Quels sont les grands thèmes de cette édition ?

Jean-François Sol Dourdin : Le premier point important pour nous est d'amener de nouveaux secteurs dans la gestion globale des risques. Je pense notamment aux risques industriels et à la sécurité sur le lieu de travail dans laquelle de nouveaux segments sont apparus. Ces nouveaux enjeux drainent un nombre plus important d'exposants, de l'ordre de 10% supplémentaires pour cette édition (soit près de 1.000 exposants, ndlr).

Quelles sont les nouveautés cette année ?

Sur la question de la sécurité au travail, nous avons un village sur l'ergonomie au travail, sur les contrôles, la formation... dans le but de développer les prestations à l'accompagnement. Cela devrait rendre l'offre plus pertinente pour le visiteur. Nous nous sommes aperçus qu'il fallait concentrer l'effort sur le client final : les organisations, les entreprises, les collectivités. Nous avons donc choisi d'enrichir le volet contenu avec un forum de la gestion des risques. Une trentaine de conférences de haut niveau sont organisées, ce qui est inédit sur le salon. Mais aussi une centaine d'ateliers, d'échanges riches avec des experts...

Y a-t-il des personnalités parmi ces experts ?

En effet, nous avons invité de grands experts, des références du secteur de la protection, des dirigeants de grandes organisations comme l'Inrets, l'Institut national de recherche sur les transports et leur sécurité. Il y aura aussi Corinne Lepage (vice présidente du Modem, ndlr) et Jacques Attali, qui pourra apporter son point de vue extérieur. L'idée est de prendre du recul et de se projeter, réfléchir aux enjeux de la mise en place de la gestion des risques. Le but est que cette problématique soit intégrée en amont de la gestion de l'entreprise.

Où en sont les entreprises dans leur prise de conscience ?

Les entreprises ne fonctionnent pas à la même vitesse. Il y a forcément de grandes différences entre une multinationale et une PME. Toutefois, on remarque que les entreprises sont dans un mouvement imprimé par l'opinion publique. Celle-ci a une meilleure conscience du risque et refuse désormais la prise de risque en entreprise. Les gens attendent qu'on prenne des mesures et il y a une réelle pression sociale. Dans un monde globalisé la compétition entre les hommes est accrue. Et la gestion du risque a son rôle à jouer dans cette configuration. D'une part, nous avons les politiques et les législateurs qui impriment un certain nombre de direction que l'on retrouve dans la réglementation. D'autre part, les entreprises doivent intégrer ces mesures et même aller au delà, anticiper.

« Le BTP est un des secteurs les plus à risque.
Mais on observe des initiatives intéressantes dans
l'ensemble des structures décentralisées qui le composent. »

Jean-François Sol Dourdin – Commissaire du salon Expoprotection

Quid de la reconnaissance des accidents de travail ?

De nombreuses discussions sont en cours à ce sujet, entre les différents représentants du gouvernement, du patronat, des salariés... L'Union Européenne a initié un mouvement afin d'améliorer les conditions de travail. Le gouvernement français en a pris le relais et a demandé aux différents représentants de réfléchir à des solutions concrètes. L'idée est de mieux corréler les cotisations d'assurances aux risques propres à chaque secteurs pour inciter les entreprises à mieux gérer les risques. On constate une baisse du nombre d'accidents de travail. Mais un phénomène inquiétant est l'augmentation de la part d'accidents mortels. Ceci s'explique entre autre par la tendance croissante des entreprises à recourir à l'intérim et à la sous-traitance. Ce qui constitue un facteur aggravant car il s'agit d'employés moins bien préparés, d'où un risque plus important d'accidents, en particulier les accidents graves.

Quels sont les secteurs les plus exposés au risque ?

Ce sont surtout les métiers dits "industriels", le secteur chimique notamment. Clairement, le BTP est un des secteurs les plus à risque. Mais on observe des initiatives intéressantes tout au long de l'année, dans l'ensemble des structures décentralisées qui le composent. L'OPPBTP notamment met régulièrement en place des actions pour toucher en profondeur les salariés : journées de sensibilisation, campagnes d'action. Ces structures travaillent étroitement avec les fabricants de solutions de sécurité pour développer des "packages". C'est un travail long et compliqué mais on avance...

Quel est l'état de la sécurité urbaine dans notre pays ?

La vidéosurveillance en France a la cote ! Notamment parce que les actes de vandalisme récents ont marqué les esprits. Le gouvernement a fait preuve de volontarisme en proposant de multiplier par trois sa capacité de vidéosurveillance. Ce qui ne signifie pas multiplier par trois le nombre de caméras. Il faut surtout améliorer la communication des systèmes déjà en place. Apparemment, la question du financement n'est pas réglée. Les collectivités locales par exemple n'ont pas encore tous les crédits nécessaires à ce développement. Nous sommes encore dans une phase transitoire mais ça se fera. Il existe des réticences historiques en France par rapport à la vidéosurveillance mais elles ont tendance à tomber. Au Royaume-Uni, où il y a beaucoup de caméras, on constate que les systèmes ne sont pas tous infaillibles. Il n'y a pas de solution miracle. Les systèmes vidéos demandent à être coordonnés entre les différents intervenants pour être efficaces, y compris les acteurs privés de la sécurité. Ils doivent être organisés en amont pour être utiles. Aujourd'hui, les produits proposés sont impressionnants et de plus en plus performants. Ils ont un potentiel et des résultats spectaculaires. Encore faut-il savoir bien les coordonner.

Propos recueillis par Laurent Perrin

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