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L'Etat et Spie face à la justice pour du travail forcé dans les années 20

Publié le 25 février 2014

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Le conseil représentatif des associations noires de France (Cran) a assigné l'Etat et le groupe Spie pour « crime contre l'humanité ». Ils sont accusés d'avoir eu recours, dans les années 20, au travail forcé pour la construction d'un chemin de fer au Congo. Le Cran réclame la création d'un fonds d'indemnisation des victimes.
L'Etat et Spie face à la justice pour du travail forcé dans les années 20 - Batiweb

Le chemin de fer Congo-Océan (CFCO), qui relie Brazzaville au port de Pointe-Noire est au coeur d'une procédure judiciaire qui oppose le Cran, conseil représentatif des associations noires de France à l'Etat et la société des Batignolles (Spie, Spie-Batgnolle et Clayax Acquisition). En cause, le recours au travail forcé au sein de la société de construction de Batignolles, chargée de construire 500 km de rails dans les années 20 pour le compte de l'Etat au Congo.

« Des civils ont été embarqués de force pour alimenter les chantiers », a expliqué l'historien Olivier Le Cour Grandmaison lors d'un point-presse. « Au moins 17 000 indigènes sont morts en raison des conditions de transport et de travail ». « Le travail forcé était de l'esclavage déguisé », a ajouté Louis-Georges Tin, président du Cran.

Agissant sur la base de la loi Taubira de 2001, qui qualifie l'esclavage de crime pour l'humanité, l'association a engagé une action au civil devant le tribunal de Grande instance de Pontoise contre l'Etat et les trois entités issues de la société des Batignolles.

« Nous demandons au président du TGI de nommer un collège d'experts judiciaires aux frais de Spie pour évaluer l'ampleur du préjudice subi », a expliqué Me Norbert Tricaud, avocat de l'association. Le Cran demande aussi la création « d'un fonds d'indemnisation des victimes », qui finance un travail de mémoire.

Pour rappel, le travail forcé n'a été interdit qu'en 1946 par une loi portée par Felix Houphouët-Boigny, le futur président ivoirien. Selon l'historien M. Le Cour Grandmaison, « l'essentiel des infrastructures réalisées dans les colonies l'ont été en recourant au travail forcé, qui a vraisemblablement concerné des millions de personnes ».

Le Cran n'en est pas à sa première procédure judiciaire. En mai, il avait assigné la Caisse des dépôts et consignation (CDC) et l'Etat, accusés de s'être enrichis grâce à l'esclavage. Le dossier vient d'être retiré du greffe par Me Tricaud qui compte le compléter.

C.T (avec AFP)
© vlaru - Fotolia.com

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