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Un projet de carrière permet la découverte rare d'un mammouth

Publié le 07 novembre 2012

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Ensevelis sous trois mètres de terre et de sable, le squelette presque complet d’un mammouth vient d’être mis au jour dans un projet de carrière Cemex à Changis-sur-Marne près de Paris. Une découverte exceptionnelle en France, puisque seuls trois spécimens ont été exhumés en 150 ans.
Un projet de carrière permet la découverte rare d'un mammouth - Batiweb

Tout a commencé par un diagnostic archéologique, réalisé dans le cadre d'un projet de carrière de Cemex, qui a révélé la présence d'un très beau site artisanal gallo-romain. Une fouille préventive de la carrière a donc logiquement été prescrite pour comprendre cette occupation située sur des sédiments déposés par la Marne. C'est à l'occasion du travail de coupe stratigraphique en juillet dernier que les premiers ossements d'un animal de grande taille sont apparus à plus de deux mètres de profondeur, sous les premiers niveaux de sable alluvionnaire. Immédiatement, il est apparu qu'il s'agissait d'un mammouth dont le squelette s'est trouvé miraculeusement piégé sur une ancienne rive de la Marne.

« Nous avons découvert le squelette de mammouth dans son contexte, son environnement, ce qui est exceptionnel. La seconde découverte est que l'on a retrouvé avec les ossements du crâne de l'animal, des éclats de silex. Donc toute l’hypothèse de son histoire peut être rattachée avec la possible intervention humaine » détaille Bruno Foucray, Conservateur régional de l'archéologie à la Drac. Face à l’intérêt de la découverte, la direction régionale des Affaires culturelles (Drac) d’Île-de-France a mis en place une opération de sauvetage, menée conjointement par la Drac et l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap), avec la collaboration du Muséum national d’Histoire naturelle à Paris, du laboratoire de Géographie physique du CNRS de Meudon et du groupe CEMEX qui exploite cette carrière.

Ce mammouth est probablement un Mammuthus primigenius, le mammouth laineux, dont l’une des caractéristiques est d’être doté de longues défenses utilisées pour dégager le fourrage de sa gangue de neige. Pouvant atteindre 2,80 à 3,40 mètres au garrot, il est recouvert de poils et d’une épaisse couche de graisse. Il évolue généralement dans un paysage de steppe herbeuse. L’espèce a vécu en Eurasie et en Amérique du Nord. Le mammouth de Changis-sur-Marne aurait vécu entre 130 000 et 200 000 avant notre ère ; c’est donc un contemporain de l’Homme de Néandertal. Bien acclimaté aux régions froides, le mammouth disparaît d’Europe occidentale il y a 10 000 ans, à la suite du réchauffement climatique, le dernier spécimen s’éteignant au large du détroit de Béring il y a 3 700 ans.

  

La fouille actuelle permettra de préciser l’âge du proboscidien et, peut-être, les circonstances de son décès : noyade ou envasement sur quelque berge de la Marne, chasse, voire charognage par des prédateurs ? La découverte d’un éclat de silex, en relation directe avec le pachyderme, montre l’intervention de l’homme sur la carcasse. Une étude tracéologique du silex déterminera son usage ; une étude archéozoologique détectera les éventuelles traces de découpe sur les os de l’animal. Selon les spécialistes, des traces d'un deuxième spécimens ont été récemment découvertes.

Dans un proche avenir, archéologues et paléontologues devront comprendre si le mammouth de Changis a été abattu par des Néandertaliens, ou si ces derniers ont charogné l’animal après un décès naturel. Cette découverte contribuera au débat qui anime la communauté scientifique autour de la capacité prédatrice des Néandertaliens. L’ultime enjeu porte sur la datation précise de l’événement, par des méthodes radiométriques et chronostratigraphiques. Il s’agit de la première fouille scientifique de ce genre en France.

Bruno Poulard


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