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Délais de paiement : la construction reste un secteur vertueux mais en difficulté

Publié le 08 mars 2016

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Le secteur de la construction mérite le titre de « bon élève » pour le paiement de ses fournisseurs, selon l'observatoire des délais de paiement qui a repris ses travaux en décembre. Ainsi, les délais sont passés de 75 jours d’achats en 2008 à 67 jours en 2014. En revanche, on ne constate pas le même effort du côté des délais clients, cause de tension pour la trésorerie des entreprises.
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Après un an d’interruption, l’Observatoire a repris ses travaux et livre son premier rapport pour la période 2014-2015 avec un bilan pour le moins « contrasté ».

« Si la tendance de fond constatée depuis plusieurs années d’une baisse régulière des délais de paiements est confirmée sur la période 2014/2015, l’évolution des retards de paiements depuis mi 2014 a été défavorable avec une multiplication des petits retards. Au second semestre 2015, une relative stabilisation est observée mais la situation demeure dégradée dans certains secteurs dont celui de la construction », peut-on lire.

En effet, dans ce secteur, la proportion des retards poursuit son augmentation avec 80 % des entreprises de l’artisanat du bâtiment victimes de retards de paiement. Ces retards ont ainsi été multipliés par deux entre avril 2013 et octobre 2015, passant de 16 jours à 32 jours.

En 2014, le solde du crédit interentreprises dans la construction (16 % des entreprises) se détériore de près d’une journée à environ 28 jours de chiffre d’affaires.

Les entreprises du secteur font pourtant un effort notable pour régler leurs fournisseurs 3 jours plus tôt qu’en 2013, à 55 jours d’achats en moyenne.

Altares signale régulièrement que le secteur de la construction mérite le titre de « bon élève  » en matière de délais de paiement fournisseurs. Sur les trois premiers trimestres de 2015, 46 % des entreprises du secteur règlent leurs fournisseurs sans retard contre 37 % pour l’ensemble de l’économie.

Ce constat est identique dans l’ensemble de l’Union européenne. Selon Altares, une explication tient pour partie au fait que le secteur du bâtiment se compose très majoritairement de petites entreprises, dont la capacité de faire pression sur leurs fournisseurs est moindre que celle des structures plus importantes. Mais cette remarque reste insuffisante pour expliquer le comportement nettement plus vertueux dans le bâtiment que dans l’hôtellerie restauration ou dans les services aux particuliers, secteurs regroupant également une majorité de TPE.

Tension sur la trésorerie

Mais dans le même temps, leurs clients ne payent leurs factures qu’un jour plus tôt, à 63 jours de chiffre d’affaires. En assimilant cette durée en jours de chiffre d’affaires à une durée calendaire, le niveau moyen est toujours au dessus de la durée légale. Cette baisse plus rapide des délais fournisseurs que des délais clients s’observe depuis 15 ans.

Ainsi, les entreprises du secteur règlent leurs fournisseurs 24 jours plus tôt qu’en 2000, alors qu’elles n’ont gagné que 7 jours de chiffre d’affaires dans les règlements de leurs clients. En 15 ans, le solde commercial du secteur s’est alourdi de 6 jours de chiffre d’affaires, dont 5 jours depuis l’entrée en vigueur de la LME.

« Cette aggravation des besoins de trésorerie témoigne des difficultés, récurrentes et aggravées par la crise, auxquelles sont confrontées les entreprises du secteur dans le recouvrement de leurs créances. C’est notamment le cas des plus petites qui subissent un rapport de force défavorable face aux grands donneurs d’ordre, tant privés que publics », relève le rapport.

Ces évolutions contrastées des délais fournisseurs et des délais clients expliquent très largement la dégradation de la situation de trésorerie dans le bâtiment. Selon la Capeb, 59 % des très petites entreprises du bâtiment font état d’un besoin de trésorerie supérieur à 10 000 euros, alors même qu'une trésorerie solide sera la clé pour participer à la reprise qui se dessine en 2016.

Les TP en difficulté

Le secteur des travaux publics souffre également, avec une activité en recul de 8 % et qui a perdu 15 000 emplois, souligne la FNTP. En difficulté depuis plusieurs années, le secteur doit lui aussi faire face à la problématique des délais de paiement clients. Sur ce secteur, ils sont même « supérieurs au délai légal », indique l'Observatoire et « représentent 62 jours de chiffre d’affaires en 2015». Si l’on tient compte des délais « cachés » c’est à dire en  amont de la mise en  paiement des situations de travaux, les délais augmentent significativement à 88 jours de chiffre d’affaires.

Les entreprises de travaux publics estiment que 45 % de leurs clients ne respectent pas les délais plafond. A l'occasion de la remise du rapport par Jeanne-Marie PROST, présidente de l’Observatoire, Emmanuel Macron, ministre de l’Economie a rappelé les principales mesures pour réduire ces délais.

Cela passe notamment par une politique ambitieuse de contrôle, mené en 2015 par la DGCCRF. « Plus de 2 000 entreprises contrôlées et 110 sanctions déjà prononcées, pour 3,5 millions d'euros d'amendes », précise le ministère sous forme de bilan.

Par ailleurs, comme annoncé par le ministre le 23 novembre dernier, le plafond par amende en cas de non-respect de la réglementation en la matière sera porté à 2 millions d'euros, la DGCCRF aura la possibilité de prononcer et d’exécuter cumulativement plusieurs amendes contre les entreprises auteurs de multiples manquements. Par ailleurs, la publication de toutes les sanctions sera introduite. Ces mesures seront intégrées au projet de loi sur la transparence de la vie économique.

C.T
© Fotolia

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