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A l'assaut d'Endesa sous la bannière du patriotisme énergétique

Publié le 27 mars 2007

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Acciona et Enel ont présenté lundi leur projet commun pour contrer EON sur Endesa, un plan fortement marqué par le patriotisme économique et l'indépendance énergétique de l'Espagne qui se conforme mieux aux préoccupations de Madrid face au projet allemand.
Dans la présentation de son projet de gestion commune d'Endesa, Acciona évoque très vite les "principes communs", souvent plus politiques qu'économiques, qui l'animent avec Enel, une groupe contrôlé à 31% par l'Etat italien.
Ainsi, Acciona et Enel affirment qu'ils veulent "conserver la direction d'Endesa en Espagne", "assurer l'approvisionnement énergétique" du pays ou encore, générer "un impact très positif pour l'emploi". Ces prises de position vont dans le sens des souhaits du gouvernement socialiste de José Luis Rodriguez Zapatero, soupçonné d'avoir inspiré la contre-offensive italo-espagnole au projet allemand sur le premier électricien du pays.

Car, depuis le début de cet interminable feuilleton en septembre 2005, la politique a fortement conditionné le dossier Endesa. Quand le projet d'EON a été connu en février 2006, M. Zapatero s'est dit "inquiet", insistant sur sa volonté de voir maintenue en Espagne les centres de décision du premier électricien espagnol. Le chef du gouvernement n'a eu de cesse de répéter que si le marché devait "décider", il fallait "évidement défendre les intérêts énergétiques de (son) pays et de (ses) concitoyens".

EON a pour sa part affirmé qu'Endesa conserverait son "hispanité" et que Madrid serait le siège d'une division spécifique pour l'Europe du Sud et l'Amérique latine. Il a même déclaré que de très nombreux employés d'EON étaient en train d'apprendre la langue de Cervantes. En réponse, Acciona s'est érigé en recours espagnol, soulignant fin janvier, qu'une union EON-Endesa serait génératrice de "conflits" et qu'il serait néfaste que "les centres de décision soient transférés en Allemagne".

De plus, le groupe de BTP de la famille Entrecanales a insisté sur les "pertes potentielles d'investissement en Recherche et Développement en Espagne", sujet cher au chef du gouvernement José Luis Rodriguez Zapatero, qui a fait de la R&D l'une de ses priorités. Enfin, Acciona a averti sur "l'impact à moyen terme sur l'industrie minière espagnole". Le groupe a récidivé vendredi en disant que son projet avec Enel aurait "un impact très positif pour l'industrie auxiliaire et les emplois induits, et plus particulièrement pour le secteur national minier".

Autre gage politique, les deux groupes ont décidé que ce serait un pavillon espagnol qui flotterait sur Endesa, puisque la conduite de l'opération se fera "sous le commandement d'Acciona" qui sera détenteur de la majorité (50,01%) de la future holding contrôlant Endesa. Ce sera, en outre, Acciona qui nommera le président d'Endesa et de la holding.

Cet affichage pourrait avoir son importance, surtout pour un des principaux actionnaires d'Endesa, la caisse d'épargne Caja Madrid qui devait décider lundi soir de ce qu'elle fera de sa part de 9,9%. Selon des informations de presse, les élections locales du 27 mai à Madrid pourraient venir perturber le jeu. En effet, les caisses d'épargne locales sont liées aux régions et Caja Madrid est proche du Parti Populaire (droite) qui dirige la région de Madrid.

Selon le journal elEconomista, le PP ne souhaite pas qu'Endesa devienne un enjeu électoral, sachant que le candidat socialiste s'oppose à la vente de la part de Caja Madrid au groupe allemand au nom d'une certain patriotisme industriel.

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