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Le Hammam, entre coutume et religion… des trésors d’architecture

Publié le 03 mai 2005

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Le bain remonte à l'Antiquité, les Grecs et les Romains le pratiquaient sous différentes formes. Redevenu à la mode dans nos grandes villes, le Hammam se veut un lieu intimiste, fait de rencontres et de moiteurs. Il répond à des règles, des us et des coutumes qui en ont façonné son architecture… Histoire, pratique et religion islamique en sont le fondement.
Le Hammam, entre coutume et religion… des trésors d’architecture  - Batiweb
Les thermes romains sont bien connus, certains étaient luxueux. Ils se composaient de plusieurs salles, chacune d'elles ayant une fonction particulière (bains froids, bains chauds, bains de vapeur). Le bain eut selon les époques un rôle religieux, purificateur ou simplement d'hygiène. Par exemple, le baptême de Jésus dans le Jourdain ou le bain dans le Gange pour les Hindous.

Quant au hammam, il est issu des thermes romains. On l'appelle également bain maure ou bain turc. En arabe, hammam signifie « source de chaleur ». Cette tradition est donc très ancienne et son autre dénomination, bain turc, indique son origine. Lorsque les Turcs sont arrivés en Anatolie, ils ont rencontrés des pratiques romaines et byzantines telles que le bain qu'ils ont adapté ; de là est né le bain turc. Il devient petit à petit plus qu'un lieu pour se laver mais un endroit incontournable de la vie sociale. Avec l'avènement de l'islam, le hammam prend une plus grande place dans la société. En effet, l'islam accorde beaucoup d'importante à la propreté, que ce soit celle des vêtements ou celle du corps. Le musulman est tenu d'être en état de pureté rituelle pour ses cinq prières quotidiennes. Cet état est obtenu par les petites ablutions [1] ou les grandes ablutions [2] selon les cas.

LES BAINS GRECS ET ROMAINS

L’histoire des bains dans l’Antiquité commence avec le gymnase grec. Avec l’introduction des zones d’eau et bains pour l’hygiène dans le programme, le gymnase prend un contexte social et architectural primordial dans les premières formes de bains communales dans l’Antiquité.

Les zones d’eau deviendront la partie fondamentale dans le gymnases non seulement pour se nettoyer mais pour prendre du plaisir et se détendre avant et après l’exercice physique.

C’est les bains grecs qui ont inspiré les premiers bains romains qui incorporent l’exercice physique comme élément fondamental de leur pratique

Le gymnase et les bains ont subi un développement parallèle et complémentaire. Le gymnase a été conçu à l’origine comme une institution pour les militaires, pour l’entraînement de jeunes athlètes et pour développement artistique et intellectuel du peuple. Les bains dans le gymnase prennent un rôle de liaison entre la partie physique pratiquée dans la palaestra et la discussion philosophique qui avait lieu a l’exedra. Le système d’eau chaude dans les bains grecs était extrêmement simple jusqu’au l er siècle av.J-C. Il n’existait pas de processus mécanique, il était suffisant de chauffer la salle avec la simple vapeur de l’eau chaude des baignoires ou avec du bois. Plus tard un nouveau et plus sophistiqué système est mis au point par le réchauffement de fours et en laissant circuler la chaleur a travers les murs des salles qui étaient chauffées à la température désirée.

A cette période, les thermes vont évoluer et s’adapter au style de la vie romaine. Les romains, comme les Grecs, soutenaient que " il faut jouer beaucoup pour pouvoir travailler beaucoup ". Rome est la première ville a grande échelle possédant la majeure partie de sa population dépendant de l’Etat. La société était censée sauvegarder la santé et le bien-être du peuple. Ce principe est fondamental car à partir d’ici les thermes sont considérés comme services publics et ainsi non payables et ouverts à tout le monde. À part des constructions faites pour la gloire de l’empire, les plus grands complexes étaient bâtis pour accueillir les thermes, aussi désignées par les empereurs comme les " palaces du peuple ".

Les thermes romains incluent les mêmes éléments que ceux des Gymnases grecs, mais vont subir une transformation au niveau des dimensions et les bains vont prendre une partie plus importante. Les romains vont donner une preuve de leur avance technique en faisant circuler l’air chaud en dessous du sol ce qui permettait de chauffer les salles à des températures désirées. Le sol était composé des plaques tenues par des hypocaustes (d’où le non du système). L’air pouvait aussi circuler au long des murs dans les tubulare.

LES BAINS ISLAMIQUES

Dans la culture islamique, l’homme peut être revitalisé de diverses façons : par la purification de quelques organes du corps, par la prière ou par les bains. Le hammam est considéré comme complémentaire a la mosquée. C’est dans le hammam que l’ablution est faite, la purification du corps à travers l’eau, spécialement après l’acte sexuel et avant les rituels religieux qui avaient lieu dans la mosquée.

L'expansion du hammam fut la plus forte sous les Omeyyades (XIIe et XIIIe siècles), du Proche Orient à l'Andalousie. Bagdad en comptait jusqu'à 30 000 à son âge d'or. Lorsqu'il arriva en Occident vers le XIIIe siècle, il fut interdit par l'église chrétienne de peur que ce « cadre de volupté » diminue les principaux moraux ou propage des maladies.

Le hammam vient donc essentiellement des pays chauds et secs où le climat dessèche la peau. Il permet de débarrasser le corps des impuretés et des toxines, il a également un effet relaxant ; Son architecture varie selon les pays, les quartiers et la clientèle. En général, il est constitué de plusieurs salles de plus en plus chaudes, la première salle de transition permet de s'habituer à la chaleur. Le bain islamique commence par un bain à air chaud qui se transforme par la suite en bain à vapeur. Des chambres à vapeur à des températures très élevées se succèdent. Le bâtiment devient plus petit que celui des romains et se compose de deux parties principales : froide et chaude. Leur système de réchauffement devient une simplification des bains romains. Les bains turcs sont ainsi une continuation des bains romains adaptés à une nouvelle civilisation.

L’utilisation des hammams était faite de la façon suivante : D’abord le baigneur se dirigeait vers le Maslak (halle froide) pour se relaxer, pour ensuite aller vers le Beit-el-Harara (Halle chaude). Dans cette partie, le personnel accueille le baigneur pour le masser, l’étirer et lui frotter la peau pour le nettoyage corporel. C’est cette activité qui prend la place des exercices physiques pratiqués dans la palaestra. Après ce rituel de nettoyage et étirements musculaires, le baigneur se dirige vers les petites salles annexes, le maghtas, pour transpirer en hiver et se refroidir en été Ce parcours dans le hammam se termine avec un retour au maslak pour se reposer et retourner au monde extérieur.

Les hommes et femmes y sont séparés mais son rôle social est incontestable car il est généralement collectif. C'est un lieu d'échanges et de détente où chacun prend soin de son corps.

La 'awrah et la pudeur:

Au hammam, même entre-elles, les femmes ne sont normalement pas complètement dévêtues, elles doivent couvrir une partie de leur corps. Cependant, ce n'est pas toujours le cas et elles sont parfois totalement nues sans aucune pudeur. Si l'islam recommande la propreté, il recommande aussi la pudeur.
Il est obligatoire pour la musulmane et le musulman de cacher sa 'awrah. Le mot 'awrah désigne ce que l'être humain doit cacher par pudeur. Elle est définie selon le sexe et le lien entre les personnes. Pour l'homme, par rapport aux hommes, la 'awrah va du nombril jusqu'au dessous du genou. Pour la femme, par rapport aux femmes, elle englobe tout le corps excepté le visage, la tête, le cou, les épaules, les bras, les pieds et les mollets (d'après certains savants) [3]. Une femme musulmane ne doit donc pas complètement se dévêtir devant d'autres femmes. Ce caractère obligatoire de cacher une ou plusieurs parties de son corps, d'être pudique vient du Coran et de la sunna du Prophète : « Ne vous exhibez pas sans pudeur, telles des païennes du temps passé ! »
Sourate 33, Al Ahzâb (Les coalisés), verset 33

Ainsi, le hammam est une tradition qui, à un moment donné de l'histoire, a répondu à une nécessité imposée par l'islam.


[1] Petites ablutions (wudu') : Lavage des mains, du nez, de la bouche, du visage, des avant-bras et des pieds par trois fois.

[2] Grandes ablutions (al ightissal) : Elles consistent à l'accomplissement des petites ablutions suivies du lavage complet du corps. Elles sont obligatoires pour l'homme et la femme après un rapport entre époux ou la fin des menstruations et des lochies pour la femme.

[3] Source : Al-fiqh al-islâmî wa adillatuh

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