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La pénurie de logements est bel et bien là, selon les professionnels de l'immobilier

Publié le 01 septembre 2023

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La FNAIM a sollicité ses adhérents afin de quantifier précisément la tension sur le marché de la location. Le résultat est sans appel : une demande en nette progression, et une offre qui ne cesse de diminuer. L’inquiétude est de mise pour les professionnels de l'immobilier, qui alertent le gouvernement sur la gravité de la situation et l’appellent à une réaction rapide et forte.
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650 adhérents ont répondu à un sondage de la Fédération nationale de l’immobilier (FNAIM). Ces professionnels, qui proviennent des quatre coins du territoire français, ont témoigné de la tension croissante qui touche le marché de l’immobilier. Et les chiffres parlent d’eux-mêmes.

 

Des tensions qui se sont accélérées en l’espace d’un an

 

73 % des adhérents témoignent d’une baisse du nombre de biens disponibles à la location par rapport à l’année dernière. Une baisse qui est estimée en moyenne à -34 % de biens mis en location cet été par rapport à leur stock de 2022 sur la même période. Plus parlant encore, la moitié des agences interrogées déclarent avoir moins de 10 biens en location sur le marché. Pire encore, une agence sur 10 n’en a plus aucun.

Parallèlement, 66 % des interrogés constatent une hausse de la demande pour un bien en location par rapport à l’année dernière. L’évolution moyenne constatée de demandes pour un bien est estimée à +23 %.

Le peu d’offre disponible et la forte demande, tirée à la hausse par les difficultés d’accès au crédit immobilier de nombreux candidats à l’accession à la propriété, ont des répercussions terribles sur le marché locatif, beaucoup plus tendu qu’il y a un an.

La situation est particulièrement critique en région Sud Provence-Alpes-Côte d’Azur, où la demande augmente de +42 %, avec une offre en baisse de -43 %. La situation n'est guère meilleure en Nouvelle-Aquitaine. Dans cette région, la demande croît de +28 % tandis qu’il y a -38 % d’offres de logements en location. En Île-de-France, c’est essentiellement à Paris intramuros que le décalage entre l'offre et la demande est le plus significatif. Si c'est moins étonnant, la tension y est encore plus forte que les années précédentes.

Les principales métropoles françaises sont aussi concernées par ces tensions. Dans les 10 plus grandes villes du pays (Marseille, Lyon, Toulouse, Nice, Nantes, Montpellier, Strasbourg, Bordeaux, Lille, Rennes), l’offre s’est réduite d’un tiers par rapport à l’année passée avec un accroissement de la demande de près d’un quart. Un phénomène de tension qui n’épargne pas non plus les villes moyennes. Là encore, un tiers d’annonce en moins, et +29 % de demande.

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, ces difficultés d’accès aux bien locatifs ne concernent pas uniquement les étudiants. La tension joue dans tous les bassins d’emplois.

 

Des tensions prévisibles

 

Pour Loïc Cantin, président de la FNAIM, les raisons de telles tensions sont claires : « L’accession à la propriété s’est considérablement compliquée. L’augmentation des taux de crédit et le durcissement des conditions qui s’imposent aux emprunteurs empêchent une partie des locataires d’accéder à la propriété, ils restent en place plus longtemps, freinant la mobilité du parc. Côté offre, les propriétaires occupants, et à fortiori les bailleurs, font face depuis quelques années à une surenchère de contraintes qui ne s’arrête jamais : encadrement des loyers, permis de louer, Loi Climat et obligation de rénovation énergétique, explosion des taxes foncières. Depuis 18 mois, l’équilibre économique de l’investissement locatif se retrouve d’autant plus bouleversé que l’inflation et la hausse du coût de l’énergie n’épargnent personne, et les propriétaires ont été affectés par le gel de la hausse de l’IRL ».

En conséquence de quoi, « les bailleurs commencent à vendre leurs biens sans attendre les dates fatidiques de 2025 et 2028 », explique M. Cantin.

 

Plus le temps de tergiverser, il faut agir

 

La Fédération nationale de l’immobilier lance un ultime appel aux pouvoirs publics, les intimant à se saisir de toute urgence de ce sujet pour y apporter des réponses concrètes.

« Le plein emploi doit s’accompagner du plein-logement. Le plein-logement est aussi la condition pour que les jeunes fassent leurs études supérieures sans difficulté ! Sans sursaut, la pénurie de logements auxquels sont aujourd’hui singulièrement confrontés les étudiants et les jeunes actifs s’étendra dans le temps et à toute la population. Qu’attendons nous pour agir ? », s’alarme le président de la FNAIM.

La fédération souhaite qu’un aménagement du calendrier des interdictions de louer issues de la loi Climat soit mis en place. Ceci afin d’éviter que cette attrition de l’offre locative se poursuive et s’accélère d’ici à 2025. La FNAIM espère également voir les banques se saisir rapidement des nouvelles conditions d’éligibilité des prêts de la copropriété au taux d’usure des crédits consommation.

Par ailleurs, il est surtout urgent pour la fédération que l’exécutif propose un nouvel outil d’incitation à la location nue, la seule qui contribue de manière structurelle et durable à satisfaire les besoins en logements des Français. À quelques mois des Jeux Olympiques de Paris, il est essentiel selon la FNAIM de redonner aux propriétaires bailleurs une véritable raison de mettre leur bien en location, en actionnant un levier puissant et pertinent.

 

Jérémy Leduc

Photo de une : Adobe Stock

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