ConnexionS'abonner
Fermer

Retour sur la polémique relative aux isolants minces 

Publié le 14 octobre 2014

Partager : 

La semaine qui vient de s’écouler a été le théâtre de rebondissements successifs s'agissant du différend qui oppose le Syndicat des Fabricants d’Isolants Réflecteurs Minces Multicouches (SFIRMM) et la Fédération des Fabricants de Laines Minérales Manufacturées (FILMM). Prise de parole de l'un entraînant la réaction deux jours plus tard de l'autre, elle-même suivie d'une réplique du premier... Batiweb propose une session de rattrapage à ceux qui auraient décroché.
Retour sur la polémique relative aux isolants minces  - Batiweb
Entre le Syndicat des Fabricants d’Isolants Réflecteurs Minces Multicouches (SFIRMM) et la Fédération des Fabricants de Laines Minérales Manufacturées (FILMM), rien ne va plus. Dans une interview parue dans Les Echos le 6 octobre, le président du SFIRMM avait dénoncé le mode de calcul des performances thermiques des isolants qui pénaliserait les isolants minces, suscitant la réaction deux jours plus tard du FILMM, elle-même suivie, vendredi dernier, d'une réplique du premier.

A ceux qui auraient décroché de la semaine qui vient de s'écouler, Batiweb propose de revenir en trois dates sur la polémique entre isolants minces et isolants épais.

6 octobre 2014 : « Il est urgent de mettre fin à cette situation qui ne profite qu’aux isolants épais » (SFIRMM)


Dans une interview accordée au journal Les Echos, le 6 octobre, le président du SFIRMM, Robert Menras, n'a pas manqué de rappeler que son organisation professionnelle fustige depuis sept ans, le mode de calcul de la performance isolante au moyen de la seule valeur de résistance thermique « R ».

Il s'agit d'une « valeur conventionnelle mesurée en laboratoire dans des conditions spécifiques qui sont très éloignées des conditions réelles d’utilisation. Par exemple, la méthode d’évaluation de la résistance thermique ne tient absolument pas compte du phénomène de transfert thermique lié à la perméabilité à l’air des isolants. Or plusieurs laboratoires européens ont démontré depuis longtemps l’impact de ce phénomène sur la performance des isolants et notamment sur celle des laines minérales qui peuvent perdre jusqu’à 80 % de leur efficacité thermique en fonction de la vitesse du vent » avait-il déclaré au quotidien économique.

Mettant en doute le « caractère impartial des études du CSTB », celui qui est par ailleurs directeur juridique et financier de la société Actis avait ensuite appelé Ségolène Royal à une évolution rapide de la situation, dans le cadre de la loi de transition énergétique. « Il est extrêmement urgent de mettre fin à cette situation qui ne profite qu'aux isolants épais au détriment des isolants minces, des consommateurs et des finances publiques », avait-il poursuivi, affirmant que l'isolation d'habitations par le biais d'isolants épais génère des dépenses inutiles pour l’Etat qui subventionne le consommateur final avec le crédit d’impôt.

8 octobre 2014 : « Les laines minérales ont apporté la preuve de leur efficacité dans le temps » (FILMM)


Après la parution de l'interview de Robert Menras dans les Echos, le FILMM, « en tant qu’acteur très engagé sur l’efficacité énergétique et dans la réussite de la Transition Energétique en France » avait souhaité revenir dans un communiqué sur trois points au regard des éléments avancés par le SFIRMM.

« Tous les produits isolants, y compris les produits réfléchissants, sont éligibles au crédit d’impôt et à l’ensemble des aides fiscales lorsque leur performance correspond aux exigences fixées » a réagi en premier lieu la Fédération des Fabricants de Laines Minérales Manufacturées, précisant d'une part que « l’ensemble des produits concernés par le crédit d’impôt ou autres aides fiscales doivent justifier de performances minimales pour être éligibles » et d'autre part que « la famille des isolants quelle que soit leur nature (plastiques alvéolaires, fibres de bois, fibres végétales laines minérales,...) y compris les produits réfléchissants, minces ou non, disposent de normes ou référentiels qui permettent de déclarer leur performance en prenant en compte l’ensemble des phénomènes thermiques (conduction, convection et rayonnement). »

Le second point, sur lequel a souhaité revenir le FILMM portait sur le rôle de l’épaisseur des isolants dans les économies d’énergie. « Il n’est un secret pour personne que les économies d’énergie dans le bâtiment ne sont pas proportionnelles à l’épaisseur de l’isolation mise en place. Toutefois, les augmentations de résistance thermique des isolants restent, à ce jour, une des manières les moins chères et les plus pérennes de faire des économies d’énergie, notamment pour répondre aux enjeux de la rénovation thermique », avait-il ainsi estimé.

Enfin, le FILMM avait déclaré que « les laines minérales sont le choix privilégié des professionnels du bâtiment et des particuliers pour relever le défi de la rénovation énergétique en France et en Europe » soulignant qu'elles ont « apporté la preuve de leur efficacité dans le temps, ont accompagné et devancé l’exigence des besoins d’efficacité énergétique des bâtiments et remplissent ces besoins également quand de fortes résistances thermiques sont exigées. »

10 octobre 2014 : « Le FILMM poursuit sur la voie du mensonge et de la dissimulation » (SFIRMM)


Vendredi, également par voie de communiqué, le Syndicat des Fabricants d’Isolants Réflecteurs Minces Multicouches (SFIRMM) s'était indigné du « cynisme de la Fédération des Fabricants de Laines Minérales Manufacturées (FILMM) », en écho à la prise de parole de ce dernier deux jours plus tôt.

« Bien qu’il soit actuellement visé par une notification de griefs de l’Autorité de la concurrence pour entente avec la société ISOVER et le CSTB1, le FILMM se permet de faire référence à une norme d’essai créée uniquement à l’initiative des fabricants de laine minérale pour les isolants minces. Cette norme est basée sur des tests conventionnels en laboratoire alors que les fabricants d’isolants minces avaient demandé la création d’une norme d’essai spécifique basée sur des tests réalisés en conditions réelles d’utilisation. A ce titre, il est légitime de s’interroger sur les raisons pour lesquelles le FILMM omet de mentionner l’existence de ce projet de norme d’essai in situ, valable pour tous les isolants, mais qui est depuis plusieurs mois bloqué au CEN2, notamment par le fait des fabricants de laine minérale. » Et de conclure : « la réponse est très simple. Les isolants en laine minérale, une fois mis en œuvre, n’atteignent jamais les performances déclarées dans le cadre des tests en laboratoire. »

A. LG
© Pictures news

Sur le même sujet

bloqueur de pub détecté sur votre navigateur

Les articles et les contenus de Batiweb sont rédigés par des journalistes et rédacteurs spécialisés. La publicité est une source de revenus essentielle pour nous permettre de vous proposer du contenu de qualité et accessible gratuitement. Merci pour votre compréhension.