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L'économie américaine continue à perdre des emplois

Publié le 08 juillet 2008

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L'économie américaine a continué en juin à perdre des emplois pour le sixième mois consécutif, révélant la faiblesse persistante de la conjoncture en dépit des mesures de relance gouvernementales.

Avec 62.000 emplois perdus en juin, les chiffres publiés jeudi par le département du Travail ont déçu les attentes des économistes qui tablaient sur 60.000 suppressions d'emploi, mais le rythme de la dégradation ne s'est pas accéléré: 62.000 emplois avaient également été détruits en mai (chiffre révisé après une première estimation à 49.000), et le taux de chômage est resté stable à 5,5% (les analystes attendaient un léger reflux à 5,4%).
L'économie américaine continue à perdre des emplois - Batiweb
Dans un premier temps la Bourse de New York a bien accueilli ces chiffres, mais elle a plongé un peu plus tard dans le rouge à l'annonce d'une contraction inattendue de l'activité dans l'important secteur des services. Sur l'ensemble du semestre, l'économie américaine a supprimé 438.000 emplois, soit une moyenne de 73.000 pertes d'emplois par mois. Le secteur le plus affecté reste celui du bâtiment, touché de plein fouet par la crise du crédit et du logement, avec 43.000 pertes d'emplois en juin et 528.000 au total depuis un sommet atteint en septembre 2006.

Le secteur manufacturier est également frappé (-33.000), avec 39.000 pertes d'emploi mensuelles depuis le début de l'année, contre 22.000 en 2007. Dans le même temps le département du Travail a annoncé que le nombre de demandes d'allocations chômage avait fortement augmenté durant la semaine close le 28 juin, à 404.000 contre 388.000 la semaine précédente. Si le pire a été évité, les analystes ne se montraient guère encouragés par ces chiffres, alors que l'économie est sous le triple choc d'une crise du crédit, de la flambée des prix du pétrole, et de la crise immobilière.

Plusieurs estimaient que les statistiques masquaient la gravité réelle de la situation, comme l'économiste indépendant Robert Brusca. "Les heures travaillées sont en baisse, ce qui implique une activité économique plus faible que ne laissent entendre les seuls chiffres du chômage".

Peter Morici, de l'Université du Maryland, estime également que la stabilisation du chômage à 5,5% masque "le nombre d'adultes découragés qui ont quitté le marché de l'emploi", évoquant un taux réel plus proche de 7,2%. "Six mois consécutifs de pertes d'emploi sont le signe le plus clair que l'économie a glissé dans une récession d'une profondeur et d'une durée incertaines", estime encore M. Morici.

Ni franchement mauvais, ni très positifs, ces chiffres ne devraient guère éclairer la lanterne de la banque centrale américaine, qui réunit son comité de politique monétaire le 5 août. Pour Stephen Gallagher, de la Société Générale, la possibilité d'un taux de chômage à 6% devrait pousser la Fed à maintenir ses taux, au lieu de les relever pour lutter contre une inflation renaissante.

"Marché de l'emploi faible, indice ISM dans les services décevant: la Réserve fédérale pourrait se montrer moins optimiste sur les perspectives de croissance dans les semaines qui viennent", conclut également Marie-Pierre Ripert, économiste à la banque Natixis.

Alors que l'économie prend une dimension croissante dans la campagne présidentielle, le démocrate Barack Obama a regretté que, à la veille du long week-end de la fête nationale américaine, "beaucoup trop d'Américains passent ce congé sans emploi et en peinant à nourrir leur famille, en raison de l'échec des politiques des huit dernières années", et réclamé des mesures de relance rapides.

Le républicain John McCain a mis en garde contre la tentation des augmentations d'impôt et du protectionnisme, "des chants de sirène qui ont nui aux Américains à plusieurs reprises".

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