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Quand l’immobilier de l’ex-URSS rencontre les aléas du Capitalisme

Publié le 26 mai 2004

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Reportez-vous en 1985, nous sommes en pleine réforme dont la transparence (glasnost) et la restructuration (perestroïka) sont les mots d’ordre de Mikhaïl Gorbatchev. A cette époque Washington et Moscou instaurent des nouvelles relations diplomatiques et re-signent un contrat pour une somptueuse demeure construite au début des années 1910 par un riche marchand et devenue la résidence de l'ambassadeur américain depuis 1933.
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Comment voulez-vous que dans les années 1985, six ans avant la chute de l'Union soviétique et la fulgurante dévaluation du rouble des années 1990, les dirigeants de l'époque aient pu imaginer que ce contrat puissent se révéler objet d'un litige russo-américain, et surtout une mine d'or pour l'Amérique; Car aujourd'hui ce contrat permet à Washington de payer à Moscou un loyer annuel de moins de trois dollars. Un jackpot dû à l'effondrement du rouble depuis la fin de l'URSS et qui suscite la colère des Russes.

"Ce sont les autorités soviétiques qui avaient insisté à l'époque pour que le contrat soit libellé en roubles et non en dollars", rappelle-t-on au service de presse de l'ambassade des Etats-Unis.

"Selon ce contrat, le loyer annuel est fixé à 25 roubles le m2, soit 42 dollars de l'époque", rappelle Viktor Liaskine, haut-responsable de l'OuPDK, organisme au sein du ministère des Affaires étrangères proposant des locations aux étrangers. Soit un loyer annuel de 72.500 roubles (121.800 dollars de l'époque) pour cette propriété de 2.900 m2 qui s'est réduite comme peau de chagrin au fur et à mesure de l'effondrement de la monnaie russe. Jusqu'à 72,5 roubles aujourd'hui (une réforme monétaire à introduit en 1998 un nouveau rouble, équivalent à 1.000 anciens), à peine plus de 2,5 dollars.

"Malgré l'envoi à l'ambassade des Etats-Unis d'un nouveau contrat de location en 1994, la partie américaine continue de considérer comme valide l'accord de 1985 qui stipule un loyer aujourd'hui ridicule", s'agace le responsable russe.

L'OuPDK réclame plus de neuf millions de dollars de "dédommagement" pour "toutes ces années où les Etats-Unis ont refusé la moindre hausse de loyer, contrairement à tous les autres pays", souligne M. Liaskine.

Outre cet "arriéré", l'OuPDK réclame aujourd'hui 300 dollars le m2, soit un loyer annuel --en billets verts cette fois-- de 870.000 dollars. Près de 350.000 fois le loyer actuel. Loyer que la Russie aura toute latitude de réclamer à partir de juillet 2005, date à laquelle le contrat de 1985 arrivera à son terme. Devant une échéance qui se rapproche, l'ambassade des Etats-Unis se dit aujourd'hui "désireuse de négocier un nouveau bail sur la base d'une évaluation juste".

D'ici là, sur la terrasse du palais confisqué au marchand Nikolaï Vtorov lors de la révolution bolchevique de 1917, flotte un grand drapeau aux couleurs de l'Amérique. A côté de la grille d'entrée du palais, dit "Spasso House" du nom de la petite place tranquille de Spassopeskovskaïa où de vieilles dames bavardent sous les arbres, par une belle journée de mai, une plaque indique en russe: "Demeure de Nikolaï Vtorov. Protégée par l'Etat".

Gageons que ce nouveau contrat ne sera pas cette fois-ci indexé sur le prix du baril de pétrole !

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