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Le ZAN, une opportunité pour les solutions sols perméables ?

Publié le 03 novembre 2023

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L’obligation zéro-artificialisation nette des sols (ZAN) a-t-elle déclenché un engouement pour les solutions perméables ? Pour l’industriel Résineo, spécialisé en la matière, la voie a déjà été pavée depuis une dizaine d’années. Interview avec sa directrice de développement, Charline Merré.
Le ZAN, une opportunité pour les solutions sols perméables ? - Batiweb

Pouvez-vous nous présenter la marque Résineo ?

 

Charline Merré : Nous sommes fabricant de revêtements perméables. On a le Résineo Drain qui est notre revêtement phare, qui permet de désimperméabiliser les cours d’école, les parvis, les pistes cyclables. C’est un revêtement « dur ». Ensuite, on a aussi des revêtements de type « tour d’arbre », qui permettent de laisser passer l’eau. 

Et là récemment, on a des revêtements qui sont plus destinés aux aires de jeux. L’idée étant en fait de proposer une alternative à l’EPDM : le Résineo Ecoflex. Il s’agit d’un revêtement écoresponsable et en liège recyclé, qui va être amortissant et posé autour des jeux, dans les collectivités et les campings, et qui vont supporter des hauteurs de chute relativement importantes.

Ce qui va changer par rapport à d’autres revêtements perméables, c’est qu’on apporte à la fois l’aspect perméable et esthétique. On vient à la base du monde du particulier, nos solutions étaient dédiées aux plages de piscine, aux terrasses, aux allées de garage, etc. Donc des revêtements avec un esthétisme fort : en granulat de quartz, en granulat de marbre. On a 18 coloris disponibles. On est quand même sur un aspect décoratif du revêtement. Ce qui n’est pas toujours proposé sur les revêtements perméables aujourd’hui. 

Mais juxtaposer des telles qualités n’entraine-t-il pas une hausse des coûts du produit ? 

 

Charline Merré : Ça dépend à quoi on se compare. Les prix des revêtements perméables sont toujours un petit peu plus élevés, de façon générale, que ceux des revêtements imperméables. 

Mais in fine, je pense qu’il faut voir les projets dans une dimension globale. Il ne faut plus voir le revêtement en tant que tel. Car finalement, la gestion des eaux pluviales, le fait d’avoir des revêtements imperméabilisés, de devoir envoyer l’eau vers des réseaux d’assainissement, ça a aussi un coût. 

Sur un projet global, c’est presque même plus rentable d’intégrer des revêtements perméables. 

La marque Résineo répond aux enjeux de zéro-artificialisation nette des sols défendue par le gouvernement. Quelle est votre réaction suite à l’adoption de la loi d’application du ZAN

Charline Merré : Nous on l’accueille plutôt bien. 

On est fabricant de revêtements perméables, depuis une dizaine d’années déjà. Ça fait longtemps qu’on s’intéresse à ces sujets, notamment au sujet de la désimperméabilisation et avec la limitation des îlots de chaleur urbains, parce que c’est lié. 

La loi ZAN va possiblement apporter des choses. Mais les collectivités s’y intéressent déjà, puisqu’on travaille déjà de façon régulière à la désimperméabilisation de parvis, de cours d’école, de pistes cyclables. Ce sont des sujets déjà au coeur des préoccupations des collectivités, et des nouveaux projets avec les bureaux d’études techniques. 

Des exemples de projets qui reflètent cet engagement ? 

 

Charline Merré : On a fait des cours d’école pour la mairie de La Ciotat, qui a décidé de désimperméabiliser. On a vraiment de plus en plus de cours d’écoles qui vont coupler des zones végétales avec des zones de jeux, parce qu’il faut quand même des zones dures, pour les jeux de ballon. On voit quand même que ce sont les revêtements perméables qui sont privilégiés de plus en plus. 

Cour d'école réaménagée avec des solutions sols Resinéo - Crédit : LRVision/Resinéo
Cour d'école réaménagée avec des solutions sols Resinéo - Crédit : LRVision/Resinéo

On a travaillé sur le parc d’exposition de Montpellier, où la région a souhaité désimperméabiliser les 900m2 de l’allée qui mène vers le parc d’exposition.

Parvis du parc d'exposition de Montpellier réaménagé avec les solutions Resinéo - Crédit photo : LRVision/Resinéo
Parvis du parc d'exposition de Montpellier réaménagé avec les solutions Resinéo - Crédit photo : LRVision/Resinéo

On a travaillé avec la communauté de communes de Sarrebourg, qui a désimperméabilisé tout le parvis qui faisait face à la gare. L’idée étant de travailler avec des revêtements perméables, et d’ajouter des tours d’arbres. On avait notamment un revêtement en liège recyclé, perméable et doté d’un esthétisme assez naturel. 

Terrasses sur le parvis de la gare de Sarrebourg, aménagées avec des solutions Resinéo - Crédit photo : LRVision/Resinéo
Terrasses sur le parvis de la gare de Sarrebourg, aménagées avec des solutions Resinéo - Crédit photo : LRVision/Resinéo

Au final, qu’est-ce qui peut détourner les collectivités de solutions de revêtements sols perméables ? 

 

Charline Merré : Mine de rien, sur le marché, on a toujours eu l’habitude d’avoir des revêtements assez classiques : des enrobés, du béton… Je pense que plus qu’un souci d’envie, c’est plus un souci des fois d’information.  

Il s’agit de nouveaux produits, donc ils sont peu connus. Donc il faut favoriser l’information des collectivités tout simplement, des élus. Du coup ça, c’est notre travail d’industriel. C’est aussi pour ça qu’on participe à des salons comme Cycl’eau, qui sont des rassemblements spécialisés sur la gestion de l’eau. On va être partenaire du pôle de compétitivité Aquavallée, qui a pour rôle de conseiller les collectivités, les élus, les directeurs techniques. 

Et les poseurs des revêtements sont-ils inclus dans cette boucle d’information ? 

 

Charline Merré : Évidemment, il faut qu’eux aussi soient habilités à poser. C’est pour ça aussi qu’on a fait le choix de travailler avec des applicateurs qui sont agréés chez nous. C’est-à-dire qu’ils sont formés à la pose des nos produits, parce que ce sont des nouveaux produits un petit peu techniques. 

Ça nous permet d’échanger avec eux et de pouvoir expliquer les enjeux de ces nouveaux produits. Parce que, derrière, il y a toute la partie gestion de l’eau qui est à prendre en compte, parce que ça change un petit peu la donne, par rapport à des revêtements imperméables. Là on a des infiltrations à la parcelle. Donc généralement, il faut s’interroger sur l’acheminement de l’eau, une fois le revêtement posé. 

Donc cela peut concerner une diversité de spécialisations, de la voirie aux métiers de la canalisation…

 

Charline Merré : Exactement ! Même les bureaux d’études en amont, car il faut qu’ils anticipent le dimensionnement des systèmes d’eaux pluviales.

Diriez-vous que la loi ZAN va influencer vos prochaines innovations ? 

 

Charline Merré : L’innovation se fait plus au fil de l’eau. On a un laboratoire interne, avec nos responsables de recherche. Nos produits qui sont sortis cette année ou l’année d’avant, ça fait déjà cinq-six ans qu’on travaille dessus. La loi ZAN va finalement nous pousser à continuer dans cette voie-là par contre, parce qu’on voit que cela devient un enjeu national. 

Cette obligation a dû aussi davantage conforté vos 4,8 millions d’euros d’investissements sur votre appareil industriel à Castanet-Tolosan (31)…

 

Charline Merré : Voyant la demande augmenter et qu’on arrive à répondre aux besoins des collectivités, on avait besoin d’un outil industriel à notre dimension et qui nous permettent d’intégrer la partie stockage pour être réactifs. Et puis aussi d’avoir toute une partie innovation, avec un laboratoire important, ce qui nous permet d’anticiper les revêtements de demain. 

 

Propos recueillis par Virginie Kroun
Photo de Une : LRVision

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