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Marché photovoltaïque allemand et français, quelles différences ?

Publié le 29 mars 2011

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Les dernières mesures prises sur le marché du photovoltaïque font largement débat en France. Elles s’inscrivent néanmoins dans la mouvance européenne, comme en Allemagne, moteur de la croissance photovoltaïque, qui a programmé des baisses de tarifs prochainement. Dominique Le Baron, porte-parole SCHOTT Solar France, nous apporte des précisions sur l’impact de ces nouvelles mesures sur la société et sur le secteur.
Marché photovoltaïque allemand et français, quelles différences ? - Batiweb

Batiweb : Comment fonctionne le marché du photovoltaïque en Allemagne, leader mondial dans la filière ?

Dominique Le Baron : Précurseur en matière de développement de l‘énergie solaire photovoltaïque, l‘Allemagne représente aujourd’hui la moitié de la puissance mondiale installée avec un niveau record de 8 GW en 2010 (soit plus de 10 fois le marché français) malgré des baisses successives des tarifs d’achat de l’électricité photovoltaïque. L’Allemagne constitue aujourd’hui un véritable modèle dans le domaine des énergies vertes et elle a impulsé un soutien mondial à la filière photovoltaïque.

Le développement du photovoltaïque en Allemagne s’explique en effet très largement par la politique volontariste des pouvoirs publics dés le début des années 90.

En 1991, un premier programme dit des « 1000 toits solaires » a été mis en place, doublé d’un accès au réseau facilité pour la production d’électricité photovoltaïque car classé prioritaire, qui perdure aujourd’hui. En 1999, le programme ambitieux des « 100.000 toits solaires » a ensuite pris le relai avec un système incitatif de prêt bonifié. Enfin, en 2000, la loi allemande sur les énergies renouvelables (EEG) a établi un premier tarif d’achat de l’électricité photovoltaïque (à 50 c€/kWh), qui depuis a été adopté par de nombreux pays dans le monde, et notamment en Europe.

D’autre part, l’Allemagne a pour particularité d‘avoir un important groupement d'industriels dans le domaine du solaire : le BSW, comme interlocuteur des pouvoirs publics. Ainsi en novembre 2010, le BSW a établi une feuille de route du photovoltaïque pour 2020. En contrepartie d’un objectif de puissance installée entre 52 et 70 GWc en 2020, la filière s’est engagée sur un véritable développement industriel en Allemagne, avec 5% du CA investi dans la R&D, une production nationale de 8,5 GWc de modules avec 130 000 emplois à la clé dans le secteur.

En Allemagne, les politiques incitatives ont été récemment revues pour un développement maitrisé et pérenne de l’industrie solaire. Ainsi en 2010, deux baisses de tarif d’achat de 13% au total ont été appliquées. La dernière date du 1er janvier 2011, avec une nouvelle baisse de 13% et la prochaine devrait intervenir en juillet. Mais des « corridors » de capacité beaucoup plus larges qu’en France ont été instaurés, avec des quantités annuelles bien supérieures et une dégressivité moindre. Ainsi en 2011, pour 4,5 GWc s’appliquerait une baisse des tarifs d’achat de 3% seulement et pour 5,5 GWc -6%.

Cependant, suite aux récents événements au Japon, après avoir annoncé un moratoire de trois mois sur la prolongation de la durée de vie des centrales nucléaires, Angela Merkel vient d’annoncer la fermeture temporaire de sept centrales et l’accélération de l’introduction des énergies renouvelables. Les énergies renouvelables couvrent actuellement 16,8 % de la consommation d’électricité en Allemagne et le gouvernement souhaite porter ce chiffre à 40 % à l’horizon 2020.

Quels enseignements peut-on en tirer pour le marché français ? Quel est l'impact des nouvelles mesures en France sur le secteur ? Comment le fabricant voit-il l’avenir du marché français ?

L’évolution du cadre tarifaire de l’électricité photovoltaïque n’est pas un phénomène uniquement français. Elle témoigne de l’arrivée à maturité du marché solaire photovoltaïque. En 2006, la capacité mondiale était de 7 GWc, quatre ans plus tard cette capacité a plus que doublé. En France, nous cumulons 1 Gwc de puissance, avec 705 MWc installés sur la seule année 2010. C’est sans précédent, même si ces volumes restent encore limités par rapport au marché allemand, locomotive du marché mondial.

Si la baisse des tarifs d’achat français de l’électricité solaire photovoltaïque, de l’ordre de 20%, a été brutale début mars, il nous semble important de la relativiser. En effet, nos tarifs restent toujours plus élevés que ceux en vigueur non seulement en Allemagne, mais aussi dans les autres pays européens.

En outre, la fiscalité continue d’être avantageuse dans le résidentiel. Nous bénéficions donc d’un cadre réglementaire assez propice, au-delà des opportunités offertes par les différentes normes environnementales telles que HQE et RT 2012. C’est en réalité plutôt les caps quantitatifs qui posent problème.

Le gouvernement français s’est en effet basé sur les chiffres du Grenelle de 5,4 GWc d’installations d’ici 2020, soit un volume annuel de 500 MWc environ. Chez SCHOTT Solar, ce volume nous parait sousestimé. Comparativement, en Allemagne, le gouvernement prévoit des caps quantitatifs entre 4,5 GWc et 7,5 GWc pour 2011.

En 2011, vont se rajouter les volumes de projets français non suspendus par le décret du 9 décembre 2010. Selon différentes sources, cette file d’attente de raccordement au réseau de l’électricité serait de 3,4 GWc. Avec un taux de réalisation de 50%, cela représenterait 1,7 GWc en 2011. SCHOTT Solar estime donc le marché français du solaire photovoltaïque à 2 GWc en 2011 et dans une fourchette entre 10 GWc et 15 GWc en 2020, soit 3 à 4 % de la consommation d’électricité française.

Comment SCHOTT Solar a-t-il réussi à s’adapter aux changements du marché allemand ?

Face à la croissance du marché et à l’évolution des tarifs d’achat, SCHOTT Solar a mis en place des mesures, afin de réduire ses coûts et optimiser les rendements. Ainsi, en 2011, la capacité de production de modules photovoltaïques du constructeur passera de 530 MWc à 830 MWc, avec à la clé la réalisation d‘économies d’échelle et une amélioration de sa compétitivité. SCHOTT Solar est un des rares fabricants dans l'industrie photovoltaïque à intégrer l'ensemble de la chaîne de valeur solaire : du lingot au wafer, à la cellule cristalline et enfin au module.

De plus, SCHOTT Solar investit de gros budgets en R&D afin d’augmenter le rendement de ses cellules et de ses modules. Ainsi, dés l’année prochaine les modules multicristallins SCHOTT Poly avec un excellent rendement de 17,6%, seront mis sur le marché. SCHOTT Solar travaille également sur la dégradation minimale des performances de ses produits dans le temps, qui constitue déjà un de ses points forts. Enfin, s’appuyant sur un réseau de distribution professionnel, SCHOTT Solar a mis en place des prix de vente conseillés en Allemagne, afin d’assurer une homogénéisation du marché. Bref, toutes ses actions visent à optimiser le retour sur investissement et le rapport qualité/prix de ses produits.

Propos recueillis par Bruno Poulard

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