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Bâtiments de demain : l'Ademe et le CSTB présentent 4 scénarios prospectifs

Publié le 26 janvier 2022

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Dans un contexte de transition démographique, environnementale, et numérique, à quoi ressembleront les bâtiments à l'horizon 2050 ? C'est à cette question que l'Ademe et le Centre Scientifique et Technique du Bâtiment (CSTB) ont tenté de répondre à travers une démarche prospective menée depuis deux ans, en concertation avec les acteurs de la construction et de l'immobilier. Présentation des principaux résultats.
Bâtiments de demain : l'Ademe et le CSTB présentent 4 scénarios prospectifs - Batiweb

L'Ademe et le CSTB présentaient ce mardi 25 janvier, au micro de Batiradio, les résultats de leur démarche prospective intitulée « Imaginons ensemble les bâtiments de demain ».

 

La ministre déléguée au Logement a introduit ce colloque 100 % digital, en saluant l'initiative du CSTB et de l'Ademe.

 

« Je trouve cette démarche intéressante à plusieurs titres : d'abord parce qu'elle répond à un enjeu essentiel d'accroître nos connaissances pour éclairer nos politiques de long terme, et puis parce qu'elle traite des bâtiments dans tous leurs aspects. Au-delà des scenarii et des résultats de la démarche, c'est la méthode et le processus utilisés qui sont intéressants », a estimé Emmanuelle Wargon, qui est également revenue sur l'importance de la nouvelle Réglementation Environnementale 2020 (RE2020).

 

« J'en viens au sujet bas carbone : la France a embrassé ce sujet avec détermination, d'abord en portant l'ambition pour le neuf, avec la RE2020, qui fait de la France l'une des nations pionnières de la construction bas carbone en Europe. La particularité de cette réglementation, c'est qu'elle est progressive. Elle fixe un cadre général, des jalons, le premier étant entré en vigueur au 1er janvier 2022, les suivants arriveront en 2025, 2028, et 2030. Mais à l'intérieur de ces jalons, elle permet à chacun de trouver les matériaux bas carbone, et les procédés constructifs qui permettent d'atteindre la décarbonation », a-t-elle ajouté.

 

4 scénarios prospectifs

 

À l'issue de cette prise de parole, Jean-Christophe Visier, directeur prospectif pour le CSTB et l'Ademe, Albane Gaspard, du service bâtiment de l'Ademe, et Jérémy El Beze,chef de projet au CSTB, ont présenté la méthologie de la démarche, et les 4 scénarios possibles à l'horizon 2050.

 

Pour parvenir à ces scénarios, les auteurs de la démarche précisent s'être appuyés sur 22 facteurs clés, parmi lesquels la démographie, la répartition géographique, les politiques publiques, les ressources économiques des ménages, l'occupation des logements, le financement de l'immobilier, le rapport à la propriété, la qualité d'usage des bâtiments, la filière construction-rénovation, la main-d'oeuvre dans le bâtiment, les matériaux, ou encore les produits et équipements.

 

Ces 22 facteurs clés ont ainsi permis d'identifier 4 scénarios prospectifs :

 

Le scénario « Difficile de tout faire » : dans ce scénario, les acteurs du bâtiment et de l'immobilier ont du mal à faire face aux trois grandes transitions démographique, environnementale, et numérique, et les investissements nécessaires manquent. La hausse des prix et la durée des prêts immobiliers ne permet pas aux propriétaires d'investir dans la rénovation du bâti existant. Ainsi, une part importante du budget des ménages est absorbé par le logement, sans que ce dernier soit forcément qualitatif. Ainsi, le parc immobilier évolue à deux vitesses, entre des bâtiments neufs qui répondent aux nouvelles exigences (faible consommation d'énergie et de carbone sur l'ensemble du cycle de vie, modularité...), tandis qu'une part importante de logements devient obsolète.

 

Le scénario « Le bâtiment comme service » : dans cas-ci, l'État met en place des politiques axées sur la lutte contre l'étalement urbain et l'artificialisation des sols. Ainsi, cette politique met un frein à l'expansion périurbaine, et tout est misé sur la rénovation du parc existant. Toutefois, il devient de plus en plus coûteux d'habiter en ville. Les Français réalisent alors que la location permet de mieux s'adapter aux besoins qui évoluent dans le temps. Le bâtiment devient un service, dont la fonction peut évoluer. Côté construction et rénovation, les acteurs transfèrent les activités du chantier vers l'usine pour maîtriser les coûts financiers et environnementaux. Pour éviter les pénuries de matériaux, le recours à l'économie circulaire est généralisé.

 

Le scénario « Rééquilibrages » : une série de crises a poussé les Français a déserté les logements exigus des centres-villes au profit d'habitations plus grandes et plus proches de la nature. Ce scénario est associé a un vieillissement de la population et une baisse de l'immigration, qui conduit à une décroissance démographique. De fait, il n'est plus nécessaire de miser sur la quantité de logements, mais plutôt sur la qualité. L'accent est mis sur la rénovation, et l'artisan devient un acteur très qualifié, qui offre un modèle de reconversion professionnelle intéressante pour les travailleurs en quête de sens.

 

Enfin, le scénario « Pénuries » se révèle être le plus inquiétant. Les autorités politiques ne sont pas parvenues à faire face aux différentes crises. Le secteur du bâtiment et de l'immobilier fait face à une baisse d'activité, des pénuries de matériaux, et une crise de la main d'oeuvre. Les investisseurs se détournent de la pierre car l'immobilier est devenu moins attractif. Parallèlement, la proportion de ménages souhaitant mais ne pouvant accéder à la propriété augmente. Le manque de rénovation n'a pas permis aux bâtiments de s'adapter au changement climatique, et la précarité énergétique d'été vient s'ajouter à celle de l'hiver. Les inégalités se développent, de même que le mal logement et l'insalubrité, avec la réapparition de bidonvilles, et l'occupation sauvage de lieux.

 

Ainsi, ces 4 scénarios, non exhaustifs, permettent aux politiques et acteurs de la ville et du bâtiment d'anticiper certaines évolutions et potentielles dérives pour mieux réagir et s'adapter.

 

À noter que cette première démarche est vouée à être enrichie par des recherches complémentaires, s'intéressant davantage à l'enjeu de l'économie circulaire.

 

Le rapport complet de la démarche est à retrouver ici.

 

Claire Lemonnier

 

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