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Les TPE toujours affectées par une conjoncture incertaine

Publié le 29 février 2016

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La 61e édition du baromètre des Très Petites Entreprises (TPE) réalisée par l’IFOP pour le compte de Fiducial, dresse le bilan d’une année 2015 plutôt difficile. Les chiffres révèlent une détérioration de l’indicateur de situation financière (- 21) ainsi qu’une baisse des créations nettes d’emplois (- 3,5%). Mais s’il y a un secteur qui a su tirer son épingle du jeu, c’est bien le BTP, avec une hausse d’activité de + 4,3%. Analyse.
Les TPE toujours affectées par une conjoncture incertaine - Batiweb
Selon l’enquête de conjoncture trimestrielle réalisée par l’IFOP pour le compte de Fiducial, l’indicateur de situation financière des TPE au 4e trimestre 2015 s’est replié de - 4 points pour le second trimestre consécutif, se situant désormais à - 21.

En conséquence, 32% des chefs d’entreprises de TPE jugent la situation financière de leur entreprise préoccupante, 22% des trésoreries sont dans le rouge (+ 5 points par rapport au trimestre précédent) et 48% à l’équilibre. Les secteurs d’activité les plus touchés sont l’hôtellerie (48%) et le commerce (41%).

En 2015, 42% des entreprises ont déclaré une récession par rapport à 2014, dont 18% ont connu une baisse de plus de 2% de leur activité. D’un point de vue général, les sondés ont vu leur activité baisser de - 0,7% sur l’année.
A la grande surprise, le BTP ne semble pas avoir été trop touché par cette baisse globale puisque les entreprises du secteur auraient vu leurs activités s’accroître de + 4,3%.

Pour 2016, les perspectives de croissance ne sont pas des plus optimistes : 50% des interrogés n’ont aucune visibilité, 21% anticipent une récession et seuls 28% se déclarent confiants. « En moyenne, pour les dirigeants capables de chiffrer l’évolution de leur activité, celle-ci devrait décroitre de 0,5% » indique l’enquête.

80% des patrons sont pessimistes quant au climat général des affaires en France (+ 9 points en 6 mois), tandis que 56% se montrent négatifs pour leur propre activité.

L'emploi fortement impacté

La création nette d’emplois est en retrait par rapport à 2014. Ainsi, le solde de création nette a baissé de - 3,5% et s’explique principalement par un taux élevé de suppressions de postes (9%). Les services aux particuliers (- 6%), l’industrie et l’hôtellerie (- 7%) sont les plus concernés par les difficultés liées à l’emploi, tandis que le commerce (+ 2%) et les structures de plus de 6 salariés ont un solde de créations de postes positif.

12% des employeurs actuels ont augmenté leurs effectifs et 15% les ont diminué avec une création nette de postes nulle (- 0,1 poste en 2014). Parmi les non employeurs, 9% ont supprimé des postes salariés, avec un solde net de - 0,3 poste (contre - 0,1 pour l’année 2014), détaille le baromètre.

La part des contrats d’apprentissage a diminué au 4e trimestre (- 7 points) tandis que les CDI (+ 3 points) et les CDD (+ 6 points) ont gagné du terrain.

Jean-Marc Jaumouillé, Directeur des techniques professionnelles de Fiducial, déclare : « En synthèse, sur l’année 2015, les TPE ont détruit des emplois. Les effectifs des entreprises employant du personnel au 31 décembre sont à l’équilibre, les créations compensant les suppressions. Mais cette situation est notoirement insuffisante pour couvrir les suppressions d’emplois des entreprises devenues en 2015 sans salarié (9 %), et on l’oublie trop souvent, des entreprises qui ont disparu (dépôt de bilan, cessation volontaire ou involontaire de l’activité) ».

Pour 2016, 12% des employeurs prévoient d’augmenter leurs effectifs et 11% envisagent au contraire de les réduire. 54% des chefs d’entreprise de moins de 20 salariés souhaiteraient créer 1,4 poste s’ils en avaient la possibilité. Dans le BTP, le solde de création nette prévu dans les trois prochains mois est « très élevé » et atteint + 6%.

Le statut d’auto-entrepreneur inquiète les secteurs du BTP et de l'artisanat

Si 58% des chefs d’entreprise voient le travail indépendant d’un bon œil, de nombreux secteurs s’en inquiètent. En effet, les dirigeants de l’industrie (57%) et du BTP (73%) considèrent l’auto-entreprenariat comme une « mauvaise chose », indique l’enquête.

Parmi les raisons avancées par les détracteurs de ce régime, on retrouve la concurrence déloyale (87%) et la création d’un salariat déguisé (87%). Par ailleurs, 38% des sondés estiment que le statut d’auto-entrepreneur n’est pas avantageux pour ceux qui le choisissent.

Si 75% des dirigeants de TPE approuvent la fusion du RSI avec le régime général URSSAF proposée par Emmanuel Macron, ils sont 64% à être réticents à l’allègement du système des qualifications obligatoires des artisans, à plus forte raison parmi les artisans (70%), les chefs d’entreprise du commerce (75%) et du BTP (75%).

Enfin, l’enquête Ifop se réfère au travail illégal : 45% des interrogés déclarent avoir observé une augmentation du travail au noir au cours des deux dernières années, une tendance qui s’est fait particulièrement noter dans les secteurs des services aux particuliers (53%) et du BTP (59%).

La transition numérique ne convainc pas l’ensemble des entreprises

La transition numérique n’attire que 55% des dirigeants de TPE interviewés. Cette proportion est même minoritaire dans le BTP (34%) et le commerce (49%) ; à l’inverse, elle est très supérieure dans le secteur des services aux entreprises (74%).

63% des patrons signalent en comprendre l’essentiel mais ils ne sont que 19% à maîtriser les enjeux de la transition numérique. 72% estiment que c’est une bonne chose pour l’économie mondiale. Pour ce qui est de la France, 60% des interrogés pronostiquent qu’elle contribuera à la pérennité de l’emploi et ils sont 40% à la voir comme une source de nuisance pour l’emploi.
Si 65% des interviewés estiment que la transition numérique va amener autant d’opportunités que de menaces, ils sont 21% à penser qu’elle représente plus d’opportunités que de dangers, et 13% plus de menaces que de chances à saisir.

49% des patrons de TPE révèlent d’ailleurs une augmentation de la concurrence par les prix au sein de leur secteur, à plus forte raison dans les secteurs des services aux entreprises (59%) et du commerce (69%). 42% ont vu venir de nouveaux concurrents sur le devant de la scène.

Ils sont tout de même plus de six patrons de TPE sur dix à envisager des investissements au cours des trois prochaines années afin d’adapter leur propre activité aux enjeux de la transition énergétique. Ces investissements concerneront les équipements et outils de travail (23%), les produits ou services (18%) ou encore la formation et le recrutement de leurs salariés (20%).

R.C
© Fotolia

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