Le combat de Vincent, 36 ans, pour avoir un logement adapté à son handicap
Aujourd'hui, quand il utilise ses béquilles chez lui pour passer d'une pièce à l'autre, il sait qu'il prend un risque: "mes os sont fragilisés, on m'a prévenu que si je me cassais l'autre jambe, je pourrais être à nouveau amputé".
Dès les premiers symptomes de sa maladie, Vincent a entamé des démarches pour trouver un nouveau logement: dans son actuel appartement, situé en haut d'une pente raide, seule la porte d'entrée est assez large pour laisser passer son fauteuil. Faute de disposer de parc immobilier adapté aux handicapés, les organismes logeurs contactés n'ont pu répondre à sa demande.
L'Opac de la Marne écrit ainsi qu'il ne dispose pas actuellement de "logement individuel susceptible de répondre aux exigences de (votre) état de santé évolutif", dans un courrier dont l'AFP a obtenu copie. Vincent a alors écrit à son député, à la mairie d'Epernay, au président de la République, à tous les ministres du gouvernement... jusqu'à présent, très peu ont répondu et aucun n'a proposé de vraie solution.
"C'est incroyable qu'en 2005 on soit encore obligé de taper du poing sur la table pour ce genre de problème", s'insurge Michel De Lillo, président de l'association Hercule, qui se bat depuis près de quatre ans pour faciliter l'accessibilité des handicapés au logement, à l'emploi et aux lieux publics.
A Epernay, Hercule a déjà obtenu quelques avancées, rendant accessibles à tous le cinéma, la piscine ou encore la Poste, autrefois réservés aux valides.
"Le cas de la famille Dardenne, pour moi c'est un cas dramatique et douloureux: il faut que les institutionnels fassent pression sur les organismes logeurs", estime M. De Lillo. "C'est un cri d'alarme que nous lançons aujourd'hui et nous ne lâcherons pas". Les 300 membres de l'association vont manifester à Epernay mardi, jour du vote à l'Assemblée nationale de la loi sur les personnes handicapées, en compagnie d'autres associations réunies en collectif.
Vincent Dardenne, qui dit se sentir "prisonnier dans (son) propre appartement", ne compte pas, lui non plus, baisser les bras: ce combat, "je ne le fais pas pour moi, mais pour tous les autres handicapés", affirme-t-il. "On n'a pas demandé à être handicapé, ce n'est pas un choix".
Par Katell ABIVEN pour l'AFP