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Les politiques contre le mal-logement ont échoué (Fondation Abbé-Pierre)

Publié le 03 février 2015

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La Fondation Abbé Pierre vient de publier ce mardi, son 20e rapport sur la situation du mal-logement en France. Il révèle que les intentions politiques pour résoudre une crise du logement « criante » n'ont pas porté véritablement leurs fruits. En cause, un « manque de volonté » des acteurs et des financements publics, mais pas seulement. Explications.
Les politiques contre le mal-logement ont échoué (Fondation Abbé-Pierre) - Batiweb

Vingt ans après son premier rapport, la Fondation Abbé Pierre « ne s’imaginait pas devoir dresser un aussi dur constat de la situation actuelle » dans son rapport annuel sur le mal-logement en France.

Les chiffres sont en effet éloquents : 3,5 millions de personnes non, ou mal logées, et plus de 5 millions en situation de fragilité à court et moyen terme dans leur logement. Au total, ce serait ainsi près de 10 millions de personnes qui serait touché par la crise du logement toutes catégories d'hébergement confondues.

Bien que les capacités d'accueil en hébergement ou en logement se soient « étoffées ces dernières décennies », reconnaît la Fondation, « elles restent saturées à tous les niveaux face à l'accroissement des demandes » : 138 800 nuitées d'hébergement d’urgence attribuées par le 115 lors de l’hiver 2013-2014 sur 355 000 demandes, 467 000 logements sociaux attribués face à 1,8 million de demandes en attente, 75 000 personnes relogées après un recours Dalo sur 147 000 reconnues prioritaires…

Des dispositifs qui s'empilent sans résultats

Mais au delà des chiffres et des statistiques, la Fondation Abbé Pierre livre surtout le constat d'un échec des politiques contre le mal-logement.

« Malgré d’importantes dispositions adoptées depuis 2007 (Dalo, « Logement d’abord », SIAO…), le problème de l’accès au logement est loin d’être réglé », note la Fondation. « Les dispositifs publics destinés à favoriser l’accès au logement des ménages en difficulté se sont empilés depuis un quart de siècle ».

De nature et d’ampleur différentes, ils constituent aujourd’hui un ensemble « complexe », souligne le rapport, qui s’organise autour de trois registres d’intervention : élargir l’offre de logements sociaux à destination des plus fragiles (PLAI, contingent préfectoral, accords collectifs avec les bailleurs sociaux...) ; favoriser l’accès au logement des personnes en difficulté en sécurisant les bailleurs par l’accompagnement des ménages et le recours à des formules d’habitat transitoire (FSL, logement accompagné...) ; permettre l’accès à un hébergement d’urgence et d’insertion pour les plus démunis », détaille le texte.

De plus, pour gérer la pénurie de logements plusieurs stratégies se mettent en place : restriction des aides, resserrement des critères d'éligibilité, mises en attente, tri des demandeurs...ce qui « causent l'incompréhension, la frustration, voire le désarroi des personnes et des professionnels », rapportent les auteurs.

Les intercommunalités doivent devenir pilote

La Fondation demande dès lors à la classe politique de fonder leur politique contre le mal logement sur « une meilleure appréciation des réalités, des parcours et des attentes des personnes modestes » ainsi que sur les expérimentations déjà menées par les associations, bailleurs sociaux ou collectivités.

Et de revoir sa copie sur les différents dispositifs d'aides contre le mal-logement. Car, au delà de la production «indispensable » d'une offre de logements économiquement accessibles, une « mise à plat des dispositifs » est nécessaire, notamment ceux « destinés à garantir l'accès à l'offre HLM ».

Un autre enjeu important concerne la mise en cohérence des dispositifs du « logement accompagné », au sein des PDALHPD, pour en « réduire la complexité ». Un dernier enjeu renvoie au secteur de l’hébergement d’urgence ou d’insertion, très éclaté, détaille le rapport.

« Face à l’éclatement des compétences par ailleurs, il est nécessaire d’intégrer cette action en faveur du logement des défavorisés dans les politiques locales de l’habitat : les intercommunalités doivent devenir les pilotes de la politique du logement au niveau local en organisant l’ensemble de la chaîne des réponses », conclut la Fondation Abbé-Pierre.
 

La réponse du gouvernement au mal-logement : un plan triennal

Le Président de la République a demandé ce lundi à la ministre du Logement de présenter un plan triennal pour l’hébergement et l’accès au logement des plus démunis, après avoir rencontré les représentants de la Fondation Abbé-Pierre pour la remise de ce 20e rapport.

Ce plan reposera sur trois ambitions principales. La première sera de réorienter progressivement les moyens destinés à l’urgence vers des solutions d’hébergement plus pérennes, avec une priorité donnée à l’accès au logement. Dans un second temps, l'action se concentrera sur la mise à disposition d'hébergements alternatifs pour 6 000 demandeurs d'asiles actuellement accueillis à l'hôtel. Enfin, il s'agira de proposer un accompagnement social renforcé à l’ensemble des familles provisoirement hébergées à l’hôtel.

Le gouvernement s'est déjà engagé à créer chaque année 5 000 logements à très bas niveau de loyer, 10 000 logements adaptés, réhabiliter 100 000 logements et construire 120 logements HLM.

Claire Thibault
© Fotolia

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