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Les villes et logements inadaptés au changement climatique, selon la Cour des Comptes

Publié le 12 mars 2024

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Dans son rapport annuel, la Cour des Comptes dresse un constat flagrant : les villes et les logements français sont inadaptés au changement climatique, notamment face aux canicules, au retrait-gonflement des argiles (RGA) et aux inondations. Dans ce contexte, l’institution propose plusieurs pistes, notamment en matière de stratégie politique et de financement.
Les villes et logements inadaptés au changement climatique, selon la Cour des Comptes - Batiweb

Avec la multiplication des phénomènes météorologiques extrêmes tels que les canicules en été, et les inondations le reste de l’année, la Cour des Comptes s’inquiète de l’impact du changement climatique sur les villes et les logements français dans le futur.

D’après l’institution, les villes n’ont adopté que « tardivement » des stratégies d’adaptation au changement climatique, dont l’efficacité resterait « partielle » et « limitée ». 

Ces stratégies seraient inscrites dans des documents de planification locaux, notamment les « plans climat-air-énergie territoriaux » (PCAET) élaborés par les intercommunalités de plus de 20 000 habitants. Or, selon la Cour des Comptes, ces différences stratégies nécessiteraient une « rationalisation ». Les auteurs du rapport conseillent de définir des trajectoires définissant « les étapes à franchir et les objectifs à atteindre ».

 

Lutter contre les îlots de chaleur urbains : le principal défi des villes

 

Pour s’adapter au changement climatique, les villes ont jusqu’ici eu recours à des mesures fondées sur la végétalisation, pour mieux lutter contre les îlots de chaleur urbains.

En 2023, la Commission européenne a proposé que la surface du couvert arboré urbain atteigne « au moins 10 % dans les villes d’ici à 2050 ». En France, cet objectif représenterait « un investissement total de 3,6 milliards d'euros pour planter 2,4 millions d'arbres, soit un coût annuel de 360 millions d'euros», selon la Cour, qui estime que cet effort est réalisable. Le principal défi pour végétaliser les villes reste « la mobilisation du foncier privé ».

Pour lutter contre les îlots de chaleur urbains, la Cour conseille également de déployer des réseaux de froid urbain pour éviter le développement des climatiseurs individuels, qui augmentent le phénomène en rejetant de l’air chaud à l’extérieur des bâtiments.

 

Des logements vulnérables face aux phénomènes climatiques extrêmes

 

Outre les villes, les logements sont également à leur échelle soumis aux aléas climatiques. Les pics de chaleur, le retrait-gonflement des argiles (RGA), et les inondations, sont identifiés comme les trois risques majeurs par la Cour des Comptes, qui souligne que l’intégralité du territoire est concernée. 

Pour agir sur les logements existants, les auteurs recommandent de faire émerger des « solutions techniques soutenables », notamment financièrement, et de sensibiliser régulièrement la population aux risques.

Ils demandent aussi d'accélérer les projets de recherche et les expérimentations relatifs à la prévention des risques d'inondation et de retrait-gonflement des sols argileux.

« Aucune étude prospective n’a été menée sur le coût global de l'adaptation des logements » ni « sur la répartition des charges afférentes » entre l’État, les collectivités, les entreprises et les ménages, déplore la Cour des Comptes.

Dans ce contexte, elle appelle à mettre en place une stratégie nationale d'adaptation devant « chiffrer des scénarios d'adaptation du parc résidentiel et définir leurs modalités de mise en œuvre ». « L'enjeu de l'adaptation des logements doit donc être inscrit au rang des priorités publiques et faire émerger une politique d'ensemble », insistent les auteurs du rapport.

Si la Cour note que l’accent a été mis sur la rénovation énergétique, au travers du dispositif MaPrimeRénov’, elle constate que ces rénovations se concentrent principalement sur le changement du mode de chauffage et l’amélioration du confort d’hiver. Par ailleurs, les rénovations globales sont restées anecdotiques, avec seulement 3 % de rénovations de ce type en 2022.

Tout comme le groupement Actibaie, l’institution appelle à rendre les travaux protection solaire éligibles aux aides.

 

Le groupement Actibaie réagit au rapport de la Cour des Comptes

 

Réagissant à ce rapport, le groupement Actibaie a salué la position de la Cour des Comptes concernant l’intégration des protections solaires dans les aides. « Ce rapport met en évidence la nécessité d’aller plus loin et de le faire rapidement. Il souligne l’utilité des protections solaires face au réchauffement climatique. Il est urgent de favoriser le recours à ces solutions pour protéger efficacement les Français de la chaleur et ainsi limiter le recours croissant à la climatisation », a souligné Hervé Lamy, délégué général du groupement Actibaie.

 

Pour avoir une amélioration du confort d’été, il faut se tourner vers les constructions neuves, avec la RE2020 qui prend davantage en compte ce paramètre. Toutefois, comme le rappelle la Cour des Comptes, ces constructions neuves ne représentent qu’« un apport limité à 1 % du parc par an ».

Enfin, autre phénomène qui inquiète la Cour des Comptes : l’érosion côtière, qui menace 20 % des côtes françaises. Si les dépenses annuelles de l’État sont passées de 14 millions d’euros en 2021 à 48,2 millions en 2023, les auteurs regrettent que la connaissance des constructions et activités menacées reste « parcellaire ». Ils estiment que les conséquences du phénomène sont encore « insuffisamment prises en compte dans les politiques d'aménagement du territoire ».

Pour anticiper les problèmes liés au recul du trait de côte, la Cour des Comptes propose notamment la création d’un nouveau dispositif de financement, et notamment d’un « fonds de solidarité côtière ».

 

> Consulter le dossier spécial bâti et risques naturels

 

Claire Lemonnier
Photo de une : Adobe Stock

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