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2023, une année « pas évidente » pour les industries de la peinture

Publié le 21 mars 2024

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L’année 2023 n’a pas été tendre pour les industries de la peinture. Si l’inflation s’est stabilisée, le prix de l’électricité et des intrants ont impacté les affaires. En particulier dans le bâtiment, où les ventes en valeur ont reculé de 2,5 %. Le point dans la dernière conjoncture de la FIPEC.
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Après une année 2022 résiliente, la Fédération des Industries des Peintures, Encres, Couleurs, Colles et Adhésifs, Préservation du Bois (FIPEC) fait état d’une année 2023 « pas évidente », pour reprendre les mots de son président, Jacques Menicucci.

Un contexte inflationniste qui se stabilise, mais n’aide pas

 

Il faut dire que la crise énergétique n’a pas été tendre avec les industries de la formulation chimique l’année dernière. Après un bond de 239 % en 2021, de 153 % en 2022, les prix de l’électricité sur le marché du gros descendent de 65 % en 2023. Les tarifs demeurent entre deux et trois fois supérieurs aux niveaux d’avant-crise. 

« Nous ne sommes pas un secteur électro-intensif, on n'est pas à la machine de synthèse, comme ceux qui fabriquent des tuiles, du ciment, ou de la papeterie. Mais on la paye dans nos achats », précise Gilles Richard, délégué général de la FIPEC.

Grosse flambée inflationniste également du côté matières premières (intrants, etc.) C’est tout particulièrement le prix de l’époxy qui explose (+85 % par rapport à 2019). Sans compter l’évolution du prix des emballages, notamment sur les métalliques/fer blanc et les palettes bois - qui se stabilisent mais restent hauts. 

Mentionnons également le pouvoir d’achat des ménages, dont la consommation a progressé de seulement 0,7 % en 2023, alors que l’inflation est à +4,9 %.

-2,5 % des ventes de peinture pour le bâtiment en valeur

 

Si la crise de la construction neuve frappe le secteur du bâtiment - qui représente plus de la moitié des industries de la peinture -, la FIPEC ne se sent pas forcément menacée. « Nous sommes plutôt porté par le marché de la rénovation. On estime que c'est à peu près 80 % », contre 20 % en neuf, souligne Gilles Richard.

Toutefois, sur le secteur du bâtiment, les chiffres sont en déclin, d’après le Syndicat national des industries des peintures, enduits et vernis (SIPEV), adhérente à la FIPEC. Entre 2022 et 2023, les ventes en valeur de peintures pour le bâtiment en réseaux professionnels tombent de 2,5 %. En volume, le recul est de 6,7 %. Rapportés à 2019, période d’avant-crise, les évolutions sont respectivement de +5 % et de -2,9 %.

En comparaison, du côté des peintures et vernis vendus au grand public, les ventes annuelles en volume décrochent de 2 % entre 2022 et 2023, et de 1,8 % en valeur. Comparé aux niveaux d’avant-crise, les chiffres sont respectivement de -11,2 % et de +8,9 %.

Côté colles et mastics de fixation pour la construction, l’écart entre volume et valeur se creuse également. Selon l’Association Française des Industries des Colles, Adhésifs, Mastics et Mousses expansives (AFICAM), les volumes de ventes sont tombés de 12,4 %, tandis qu’en millions elles grimpent d’1,7 %. Pareil entre 2019 et 2023, les ventes en volume chutent (-16,4 %) et celles en valeur montent (+14,9 %). Les effets de l’inflation peuvent expliquer ce déséquilibre.

En parlant de déséquilibre, la FIPEC enregistre une balance commerciale déficitaire à hauteur de 7 000 tonnes pour 87 millions d’euros. Le résultant du solde fortement négatif de transactions au sein de l’UE  (-101 kilotonnes, -230 millions) comparé à celui affiché hors-UE (+94 kilotonnes, +143 millions).

« Sur la partie commerce extérieur, c'est dû à l'importation de colles d'Allemagne au niveau européen. Il y a beaucoup de commerces intra-communautaires », note le délégué général. 

Baisse prévue en 2024 et embellie à horizon 2025

 

Autant dire qu’avec les premiers mois déjà connus de 2024, la FIPEC s’attend déjà à une tendance baissière pour ses industries sur l'année en cours.

Au-delà de la contraction du secteur de la construction, les fléchissement des transactions immobilières, la faible croissance de la production industrielle et automobile sont d’autres symptômes d’une économie fébrile. Les estimations de Xerfi pour la FIPEC statuent à une régression d’entre -1,1 % et -5 % en volume pour 2024. Selon Gilles Richard, le récent rabotage de MaPrimeRénov’ ne devrait pas non plus aider. 

« C’est la mauvaise surprise pour tout le monde », commente le délégué général de la FIPEC avant de poursuivre : « Effectivement on a un impact pour beaucoup d'entreprises : quelques entreprises en France, beaucoup au niveau allemand sont spécialisés sur ces marchés. Après, sur le long terme, le nombre de bâtiments à rénover est gigantesque, donc quelque part, le besoin est là ».

2025 devrait repartir sur une embellie (entre 0,8 % et 1,7 % de croissance en volume). Reste à savoir si les industries de la peinture peuvent répondre à de nombreux enjeux. Parmi les plus important : l’amélioration du contexte réglementaire. 

La décarbonation des industries à simplifier et à recadrer

 

Comme évoqué lors de la conjoncture 2022, la règlementation, notamment européenne avec la réforme Enregistrement, évaluation, autorisation et restriction des substances chimiques (REACH), empêche le développement de la filière. Le texte restreint le recours à 14 000 substances dans le marché de la peinture. 

« Il y a un problème à la fois de d'alternative mais aussi de timing qui est trop court », insiste Jacques Menicucci. 

Guillaume Frémaux, président du SIPEV relève en outre un problème de « priorisation des enjeux finaux ». « Nos industries sont dans une période de transition très rapide de leur gamme vers des chimies biosourcées. Le problème c'est qu’on se retrouve parfois freinés, voire stoppés sur des sujets qui touchent plutôt à l'empreinte carbone, parce que la formulation est trop rapide, trop simultanée, pas assez hiérarchisée », développe-t-il.

La FIPEC se montre toutefois investie dans des projets de lois du gouvernement. Son délégué général fait notamment référence au projet de la loi Industrie verte 2. Prévu en 2024, il vise à simplifier les démarches et ainsi accélérer la réindustrialisation de la France. Une ambition déjà affichée dans la première loi industrie verte.

Virginie Kroun
Photo de Une : V.K

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